Le télétravail qui s’ancre, l’intelligence artificielle qui s’impose, la main-d’œuvre toujours aussi rare... Les gestionnaires RH auront à composer avec de nombreux défis en 2024.
Gestion des RH : affronter l’insécurité économique
L’année 2024, qui sera marquée par un contexte économique difficile, présente de nombreux défis pour les entreprises québécoises, en particulier dans le domaine des ressources humaines.
Parmi les cinq priorités RH que cerne Frédérick Blanchette, CRHA, président de Solertia, instaurer une culture d’appartenance forte au sein des entreprises et miser sur le développement des compétences est crucial. « Il faut surtout éviter de répéter l’erreur commise à la suite de la crise économique de 2009, alors que les entreprises avaient arrêté d’investir en formation de la main-d’œuvre », croit-il.
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L’amélioration de la productivité demeure évidemment d’une grande importance. Selon une enquête, les organisations appliquant de bonnes pratiques RH ont une productivité jusqu’à trois fois supérieure. L’automatisation des tâches et le recours à l’intelligence artificielle sont également mentionnés comme des pistes d’amélioration. Mais surtout, adopter des méthodes pour mesurer et évaluer les progrès réalisés est indispensable à toute organisation soucieuse d’améliorer sa productivité et ses performances.
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Sur ce point, Andrée Laforge, CRHA, vice-présidente Expérience employé et cheffe de produit chez Kara, souligne que « depuis 2020, la prise de décision en ressources humaines basée sur des chiffres, sur des faits ou sur une base analytique n’a cessé de progresser ». En suivant des indicateurs de performance, les gestionnaires des ressources humaines peuvent prendre des décisions éclairées et contribuer à la réussite de leur organisation.
Quels sont les indicateurs à surveiller en 2024? Selon Andrée Laforge : le taux de rétention du personnel expérimenté, le taux d’utilisation du programme d’aide aux employés, le taux de confiance envers le leadership tout autant que l’adoption des outils reposant sur l’intelligence artificielle, le retour au travail en présentiel, la confidentialité des données du personnel et l’évaluation ESG.
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Sur un autre plan, les priorités en droit et relations du travail pour l’année 2024 mettent en évidence deux thèmes majeurs : le télétravail et les enjeux de santé mentale. Le télétravail s’est considérablement étendu depuis la pandémie, et les litiges qui y sont liés ont également émergé, notamment en ce qui concerne le droit de rappeler les employées et employés en présentiel.
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Le stress financier dans la mire
Les entreprises québécoises accordent de plus en plus d’importance à la santé et au bien-être au travail, et cette tendance se maintiendra en 2024, avec un accent mis sur la santé psychologique et la prévention du stress financier. « En cette année charnière, nous devrons particulièrement examiner les causes d’anxiété et les facteurs de stress liés aux préoccupations financières. On remarque en effet dans le contexte actuel d’inflation une augmentation des demandes de soutien auprès des services financiers des entreprises », souligne Patrick Dufault, CRHA, partenaire stratégie RH et bien-être individuel, équipes et organisations, chez KI-AI! Conseils RH.
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En matière de santé et de sécurité du travail, les entreprises québécoises ont jusqu’au 6 octobre 2024 pour se conformer aux dispositions de la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail, adoptée en 2021. Parmi les nouvelles obligations : la mise en place d’un plan d’action en santé et sécurité du travail, la désignation d’agentes et agents de liaison et de représentantes et représentants à la prévention ainsi que la création d’un programme de prévention pour les sociétés de plus de 20 employées et employés.
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Le recrutement, toujours un défi
Dans une conjoncture économique incertaine, alors que la pénurie de main-d’œuvre continue d’affecter de nombreux secteurs d’activité, les défis de recrutement sont encore au tableau en 2024. « Jusqu’en 2030, les personnes qui partent à la retraite continueront à être plus nombreuses que les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, ce qui fera perdurer la crise », rappelle Annie Lebeau, CRHA, syndique adjointe à l’Ordre des CRHA et consultante. La technologie et l’intelligence artificielle appliquées aux stratégies de recrutement, la valorisation du perfectionnement professionnel et la recherche de profils atypiques comptent parmi les grandes tendances à surveiller en 2024.
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Sur la question des profils atypiques, différents bassins de main-d’œuvre sous-exploités pourraient aider les entreprises québécoises à pourvoir leurs postes vacants en 2024. Parmi eux, les travailleuses et travailleurs expérimentés âgés de 60 ans et plus, les personnes neurodivergentes, les personnes judiciarisées de même que les doctorantes et doctorants. Des « talents insoupçonnés » que les entreprises auraient tout intérêt à considérer.
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Au chapitre de la rémunération et des avantages sociaux, Lucie Besnoist, CRHA, et Sophie Limoges, toutes deux conseillères principales chez Normandin Beaudry, recensent quatre axes stratégiques pour les organisations en 2024. Tout d’abord, elles soulignent l’importance d’investir dans une culture d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) pour améliorer la performance financière de l’entreprise et attirer et fidéliser les employées et employés. Ensuite, elles suggèrent de revoir les enveloppes de rémunération globale en ajoutant des éléments variables et en offrant des avantages comme le télétravail et la flexibilité. La transparence salariale est également mise en avant, avec l’importance de rendre le processus de détermination des salaires compréhensible et équitable. Enfin, elles recommandent d’établir des programmes de santé 360 pour soutenir la santé globale des employées et employés.
Les technologies RH à dompter
Le rôle central des technologies dans l’écosystème économique n’est plus à démontrer. Jean-François Bordeleau, coprésident de Komplice, mentionne d’ailleurs : « Selon Gartner, 89 % des gestionnaires songent à investir davantage dans les technologies en 2024, et ce, pour une troisième année consécutive. » Parmi les technologies à envisager en 2024 : les plateformes de recrutement intuitives, les plateformes collaboratives pour favoriser le télétravail et les échanges entre collègues, les outils de gestion du bien-être du personnel, l’analyse de données pour améliorer les processus RH et, bien entendu, la réflexion sur l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) en entreprise.
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L’IA aura un effet énorme dans le domaine des ressources humaines. Elle entraînera une transformation des métiers, voire la disparition de certains d’entre eux. L’IA permettra aussi d’éliminer des tâches redondantes et abrutissantes, engendrant des économies phénoménales en énergie et en temps. Est-il temps de vous intéresser au développement de l’IA? Plus que jamais! En 2019, près de neuf services de ressources humaines sur dix dans le monde avaient déjà intégré une certaine forme d’IA dans leurs processus d’embauche. Selon Hugues Foltz, associé et vice-président exécutif de Vooban, les gestionnaires qui utilisent ChatGPT gagnent de 4 à 6 heures par semaine! « Les trentenaires sont toujours là-dessus. Les quarantenaires et cinquantenaires qui ne s’y mettent pas vont se faire rattraper. »
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