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Perspectives et tendances RH 2024 : le recrutement efficace

L’année 2024 a débuté dans un climat économique incertain, et la pénurie de main-d’œuvre sévit toujours dans de nombreux secteurs d’activité. Pourtant, la mise en place d’une stratégie de recrutement efficace demeure primordiale.
6 mars 2024
Ordre des conseillers en ressources humaines agréés

Actuellement, plusieurs talents sont disponibles sur le marché du travail. Il s’agit donc pour les entreprises d’un moment opportun pour investir dans leur attractivité. Voici les grandes tendances à surveiller en 2024 en matière de recrutement.

L’importance du rôle stratégique en recrutement 

L’une des tendances phares de 2024 pour attirer les meilleurs talents consiste à miser sur le volet stratégique du recrutement. Cette proposition peut sembler évidente à première vue, mais elle n’en reste pas moins déterminante pour les entreprises, selon Didier Dubois, CRHA, associé, Marque employeur, Stratégie et transformation organisationnelle chez Humance. « À une certaine époque, le recrutement était souvent confié à la dernière personne entrée en poste dans l’entreprise et était aussi perçu comme une activité qui n’était pas spécialement intéressante. En 2024, on a vécu la pénurie de main-d’œuvre des années antérieures et l’on comprend que le recrutement, oui, c’est très stratégique. Avant toute chose, il faut s’assurer d’avoir les bonnes personnes responsables du recrutement. »

Le recrutement est également un volet particulièrement stratégique, car les personnes derrière cette démarche seront elles-mêmes de plus en plus stratégiques avec l’utilisation grandissante des technologies, notamment l’intelligence artificielle (IA), explique Didier Dubois. « La technologie de pointe n’est pas accessible pour tout le monde actuellement, mais elle le sera un jour. Donc, en 2024, les entreprises doivent déjà commencer à penser à l’évolution des personnes en poste, parce que prochainement, tout ce qui peut être automatisable le sera grâce à la technologie, et ce sont donc les gens qui vont faire la différence. »

L’effet de la technologie et de l’IA sur la stratégie de recrutement 

Aujourd’hui, la technologie prend une place importante dans les processus de recrutement des organisations. Parmi ses avantages, on note la possibilité de mesurer et de réajuster les pratiques, selon les besoins. En revanche, elle comporte également certains mauvais côtés, rappelle Emilie Pelletier, CRHA, associée, Marque employeur, Stratégie et transformation organisationnelle chez Humance. « En utilisant de plus en plus la technologie, nous avons tendance à numériser fortement nos interactions. Il est donc judicieux de se rappeler d’ajouter dans nos processus de recrutement des moments ou des espaces où le contact humain sera encore présent. »

L’arrivée fulgurante de l’IA sur le marché du travail a également une incidence sur tous les métiers des ressources humaines, et un effet particulièrement considérable en ce qui a trait au recrutement, explique Didier Dubois. « L’effet sera plus grand pour le recrutement que dans d’autres secteurs, et la raison est simple : en recrutement, beaucoup de tâches sont prévisibles et répétitives. Donc, pour l’IA, c’est un terrain de jeu qui est particulièrement intéressant. Toutefois, ça signifie également qu’une partie du travail sera réalisée par des outils numériques. C’est donc l’occasion de maximiser les capacités des recruteuses et recruteurs dans d’autres compétences, comme le conseil stratégique auprès de la clientèle interne, par exemple. »

Quelles seront plus concrètement les répercussions sur les stratégies de recrutement? Tout d’abord, les étapes et les processus seront modifiés puisque les manières de procéder ne sont pas les mêmes pour l’humain et la machine. L’IA repose plutôt sur des algorithmes lors des recherches de potentiels talents, précise le conseiller en ressources humaines. « Donc, la recruteuse ou le recruteur qui utilisera cet outil numérique devra apprendre à travailler davantage dans une optique de sourcing, donc dans une précision plus pointue des mots clés pour aider l’IA à l’assister dans le recrutement. »

Ensuite, l’IA peut également affecter la candidate ou le candidat au poste. Les lettres de motivation et les CV sont moins utilisés qu’avant, et des logiciels comme ChatGPT contribuent à dépersonnaliser ces documents. « Ça permet de générer un texte rapidement en insérant simplement quelques mots clés, alors la lettre de motivation perd ainsi beaucoup de valeur », rappelle Didier Dubois. Il recommande plutôt aux personnes en recherche d’emploi de se rendre visibles pour que les algorithmes de recrutement trouvent facilement leur profil en ligne.

Les profils atypiques recherchés

Puisque les tâches des spécialistes du recrutement évolueront, ce sera également le cas des profils d’emploi. Une nouvelle tendance qui marquera l’année 2024 est celle de la transformation des profils au sein des organisations et des rôles, qui étaient auparavant perçus de manière plus conventionnelle. « C’est-à-dire qu’on était très collés sur la description du poste, des tâches; le profil reposait souvent sur des connaissances précises à posséder. Aujourd’hui, les connaissances sont éphémères et ne sont plus valables aussi longtemps. Donc, les organisations qui recrutent rechercheront plutôt des compétences. Il peut ainsi être intéressant de laisser plus de place aux compétences non techniques (soft skills) et au potentiel des profils, et miser moins sur les connaissances, qui elles peuvent être acquises en cours d’emploi », explique Didier Dubois. Cette année, les profils atypiques intéresseront donc particulièrement les spécialistes du recrutement puisqu’ils viendront enrichir l’organisation par leur unicité.

En 2024, la capacité à inclure l’équité, la diversité et l’inclusion dans sa stratégie de recrutement est également essentielle, rappelle Emilie Pelletier. Tabler sur le dépistage et la sélection rigoureuse d’une diversité de candidatures fait la richesse d’une entreprise. « Les attitudes et les comportements des personnes qui joueront un rôle clé tout au long du processus de recrutement doivent donc être revus pour s’assurer de ne pas laisser passer des profils qui présentent un parcours personnel et professionnel attrayant et qui seront une réelle valeur ajoutée pour l’organisation. »

Le perfectionnement comme proposition de valeur

Puisque la pénurie de main-d’œuvre continuera de sévir sur le marché du travail québécois en 2024, les candidates et candidats prioriseront non seulement les entreprises qui partagent leurs valeurs, mais aussi celles dans lesquelles ils pourront grandir professionnellement, précise Emilie Pelletier. « C’est pourquoi les organisations qui mettront en place des programmes de développement des compétences pour les membres du personnel risquent d’être beaucoup plus attrayantes que celles qui ne le feront pas. »

Selon les deux experts, 2024 sera assurément une année très stimulante pour le recrutement, parce qu’elle sera marquée tout autant par la transformation et l’adaptation des processus que par le développement de stratégies innovantes et de nouveaux projets. 


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