Les entreprises québécoises, à l’image de ce qui se passe partout en Occident, instaurent de plus en plus de mesures de santé et de mieux-être au travail. Selon Patrick Dufault, CRHA, partenaire stratégie RH et bien-être individuel, équipes et organisations, chez KI-AI! Conseils RH, la tendance ira en grandissant en 2024 avec une insistance sur la santé psychologique, la prévention du stress financier, la « santé par le design » et l’utilisation de nouvelles applications, notamment biométriques.
« Les mesures favorisant le bien-être sont indéniablement un facteur d’attraction et de rétention », analyse Patrick Dufault. La prévention et la gestion des risques psychosociaux sont d’ailleurs aujourd’hui des obligations pour les organisations québécoises, en vertu d’une nouvelle loi qui entre progressivement en application (la fameuse « loi » 27).
Le processus d’analyse des risques psychosociaux est conçu pour améliorer la prévention de l’anxiété, du stress, des conflits et du harcèlement. « En cette année charnière, nous devons prendre très au sérieux cette analyse des risques psychosociaux et élaborer un plan d’action. Nous devrons particulièrement examiner les causes d’anxiété et les facteurs de stress liés aux préoccupations financières. On remarque en effet dans le contexte actuel d’inflation une augmentation des demandes de soutien auprès des services financiers des entreprises. »
Santé mentale dans la mire
Les tendances actuelles en matière de santé au travail sont multiples et prennent en considération tant la condition physique que la santé mentale des employées et employés. Pas surprenant dans un monde du travail de plus en plus complexe et ramifié, et en prenant acte des exigences élevées des travailleuses et travailleurs qui valorisent plus que jamais le bien-être et l’épanouissement au travail. La santé mentale est une priorité, parce qu’elle a longtemps été négligée.
Elle s’impose au cœur des préoccupations, à tous les échelons des organisations. « Il est documenté que les gestionnaires sollicitent de plus en plus de soutien pour eux-mêmes et pour accompagner psychologiquement leurs équipes », remarque Patrick Dufault. Des demandes qui doivent être prises au sérieux!
La santé par le design
Si la santé psychologique est favorisée par l’accès à des soins en santé mentale par l’entremise de l’employeur, elle est aussi, et peut-être surtout, le fait d’un environnement de travail agréable et dénué d’éléments anxiogènes. « Nous mesurons mieux aujourd’hui l’effet sur la santé du design d’intérieur et de l’architecture », explique Patrick Dufault. Les entreprises les plus soucieuses s’appuient entre autres sur les principes de la certification WELL, attribuée aux bâtiments qui se conforment à des exigences élevées en matière de qualité de l’air, de l’eau et de l’éclairage.
« La santé par le design, poursuit le conseiller RH, c’est aussi l’implantation d’espaces d’entraînement physique, parfois de manière intégrée, pour bouger au quotidien au sein même de l’aménagement des bureaux, par exemple. La tendance est aussi aux espaces détente. Tout cela s’ajoute bien sûr à la nécessité de proposer des environnements de travail propices à la concentration. »
Ergonomie, quand tu nous tiens!
La santé physique, les entreprises y sont depuis longtemps sensibilisées, mais des actions demeurent à faire en matière d’ergonomie des espaces de travail et de soutien à la mise en place de ces espaces à domicile pour les gens en télétravail. Et ce, même si une personne choisit de s’exiler bien loin du siège social de l’entreprise pour se rapprocher de la nature : c’est une tendance forte, c’est tout à fait santé, et des organisations se mettent même à en faire la promotion et à la faciliter.
Sur les lieux mêmes de l’entreprise, l’objectif est de créer un environnement de travail bienveillant et plus confortable que celui du domicile. « Nous souhaitons rivaliser avec le confort du travail à domicile en offrant des espaces de travail collaboratif, tout en garantissant des espaces individuels propices à la concentration et au deep work », indique Patrick Dufault.
« Parmi d’autres nouvelles mesures populaires, la tendance émergente des congés menstruels risque de s’imposer davantage, ajoute Patrick Dufault. De même que celle d’offrir des produits menstruels en milieu de travail. Les organisations développent aussi une offre foisonnante de services de loisirs et de culture, y compris des fins de semaine au chalet avec carte donnant accès aux sentiers de randonnée! »
Des technologies santé qui s’imposent
Pour régler des problèmes de santé au travail, encore faut-il avoir une idée juste de l’état de santé général des troupes. Les conseillères et conseillers RH suggèrent de plus en plus aux gestionnaires d’utiliser une application de biométrie pour mesurer la santé globale des équipes et mettre ensuite en place des mesures précises pour s’attaquer aux problèmes de santé recensés.
« Avec le consentement de tous et en utilisant surtout des questionnaires et des mesures biométriques avec parcimonie, on s’assure de travailler à l’aide d’un bon diagnostic et de répondre à de vrais besoins. C’est aussi un outil pour sensibiliser le personnel et les gestionnaires à l’importance de la santé globale, sans stigmatiser les personnes ni diaboliser leurs choix personnels. En respectant ces limites, l’organisation a quand même la responsabilité de sensibiliser aux bonnes pratiques alimentaires, psychologiques et physiques. »
L’investissement stratégique dans la santé et le bien-être au travail en 2024 vise donc à attirer et à retenir les talents, tout en améliorant la performance et le bonheur des employées et employés. Cela passe par une approche holistique incluant la santé psychologique, le soutien aux membres des équipes et aux gestionnaires, l’aménagement d’espaces de travail sains, l’utilisation de technologies adaptées et une gestion efficace des programmes de bien-être.