Entrevue avec Alexandra Ricard, CRHA, directrice des ressources humaines chez Guard-X
« Avant, au service des ressources humaines, nous étions vus par les gestionnaires et les employés comme une référence ponctuelle pour des besoins ponctuels. Avec la pandémie, on est devenu le pilier pour gérer tous ces changements. Personnellement, j’ai senti qu’on tenait tout à bout de bras », affirme Alexandra Ricard.
Que cela soit pour aider les employés à optimiser leur télétravail ou pour assurer la sécurité du personnel en mettant en place des mesures sanitaires, les ressources humaines ont promptement été interpellées pour chaque décision majeure de l’entreprise.
« Nous avons aussi joué un rôle de soutien social, continue la directrice. Certains employés n’avaient jamais fait de demande d’assurance-emploi de leur vie! D’autres se sont mis à faire de l’anxiété face à l’incertitude générée par la pandémie. Finalement, ce ne sont pas tous les cadres qui gèrent une crise de la même façon, et ce ne sont pas non plus tous les employés qui la vivront de la même façon. Essayer de composer avec tout ça, ç’a été un beau sport! »
Des contributions qui valent le coût
La pandémie aura également permis à Alexandra Ricard de travailler à l’évolution des pratiques des ressources humaines dans son entreprise. D’abord, elle a réussi à mettre sur pied une politique de télétravail à partir de rien, car cette pratique était inexistante chez Guard-X avant mars 2020. Elle a ensuite participé à l’instauration d’une nouvelle structure salariale, malgré l’incertitude entourant la pandémie. Enfin, son service a implanté un programme de reconnaissance, une initiative qui n’avait jamais vraiment été mise en place auparavant au sein de l’entreprise.
« De la tape dans le dos aux vacances bonifiées, Guard-X s’est engagée à mettre un demi-million de dollars par année pour ses employés », explique la professionnelle.
Selon la directrice, les employés ont aussi défini leurs besoins pendant la pandémie. « Les gens maintenant veulent du temps pour faire ce qu’ils aiment, mentionne-t-elle. Avec l’aide des ressources humaines, cette crise a permis aux employeurs de faire une introspection organisationnelle et de déterminer ce qu’ils peuvent offrir de plus. La flexibilité est un atout et elle peut prendre différentes formes : la semaine de quatre jours, un horaire flexible, et aussi l’offre de divers services, comme un gym sur le lieu de travail. »
Alexandra Ricard a également remarqué que la nouvelle génération a aussi des valeurs bien différentes des baby-boomers. « C’est une génération qui aime être autonome. Les jeunes veulent des responsabilités, et en même temps, ils sont capables de lâcher-prise quand la cloche sonne à 16 h. Ils ne cherchent pas nécessairement le meilleur salaire, ils aiment être fiers des mandats qu’ils accomplissent. »
Avec l’aide de l’équipe RH, en donnant ce dont il a besoin, l’entreprise a aussi remarqué qu’elle obtient davantage de rendement. Comme quoi il est avantageux de rendre son monde heureux!
Finalement, selon la directrice, le développement des compétences chez les employés et employées deviendra encore davantage essentiel dans un avenir proche. Un autre chantier important pour l’équipe des ressources humaines. « Les employeurs réalisent qu’ils ont beaucoup de départs à la retraite, mais qu’ils n’ont pas encore transféré les compétences. Selon moi, le développement des compétences à court et moyen terme doit devenir une réelle priorité. Pas seulement le transfert des compétences des anciens vers les nouveaux employés; le transfert des compétences des nouveaux vers les plus anciens est également très important. »
Pour Alexandra Ricard, la profession RH est appelée à jouer un rôle encore plus stratégique à l’avenir. « Pour ma part, je serai encore davantage consultée en matière de planification stratégique, de planification financière et d’organisation des effectifs, car l’impact humain a un lien avec tout. »