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Permis de travail : les règles applicables ainsi que les meilleures pratiques à adopter

Les professionnels en ressources humaines doivent jongler avec plusieurs règles d’immigration et doivent s’assurer que les personnes employées détiennent un statut d’immigration conforme.
Connaissez-vous les règles applicables et les meilleures pratiques pouvant être mises en place dans un tel contexte?
25 octobre 2023
Me Jean-Philippe Brunet, CRHA | Me Marc-Alexis Laroche

Note de la rédaction : Les auteurs vous proposent un éclairage neutre et informatif de la législation actuellement en vigueur encadrant l’embauche de travailleurs étranger temporaires. L’article n’a pas pour objectif de prendre position sur l'actualité et les discussions en cours au moment de la rédaction de cet article.

Introduction

Alors que l’embauche de travailleurs étrangers temporaires est de plus en plus fréquente, il est important de comprendre que plusieurs règles sont imposées auprès des employeurs canadiens lorsqu’ils embauchent ce type de travailleurs.

Parmi ces règles, la plus importante est que l’employeur doit s’assurer de prendre des mesures raisonnables afin de s’assurer qu’un travailleur étranger temporaire est légalement autorisé à travailler au sein de son entreprise.

Cependant, et une fois que cette vérification a été effectuée, l’employeur doit continuer de vérifier que le statut d’immigration du travailleur étranger temporaire demeure valide et conforme tout au long de la relation d’emploi. Dans un tel cas, certaines règles sont incontournables, et plusieurs bonnes pratiques peuvent être mises en place.

Les règles entourant la validité et l’expiration du permis de travail canadien

Lors de l’embauche d’un employé au Canada, il est facile de déterminer s’il est travailleur étranger temporaire. En effet, son numéro d’assurance sociale débutera par le chiffre 9.

Dans un tel cas, et avant même de procéder à l’embauche du travailleur étranger temporaire, l’employeur canadien a le devoir de s’assurer que ce travailleur est légalement autorisé à travailler au sein de son entreprise. Pour ce faire, une copie du permis de travail doit être demandée auprès du travailleur étranger temporaire.

À partir de ce permis de travail, l’employeur est alors en mesure de confirmer si le travailleur étranger est autorisé à travailler au sein de son entreprise. Il est aussi en mesure de confirmer à quelle date expirera le permis de travail canadien.  

En effet, en révisant le permis de travail canadien, l’employeur peut constater s’il s’agit d’un permis de travail ouvert – soit un permis de travail qui ne spécifie pas d’employeur au Canada – ou un permis de travail fermé qui indique alors un employeur particulier au Canada, en plus de déterminer un poste précis ainsi qu’un lieu d’emploi.

Un permis de travail ouvert est habituellement obtenu sans le soutien d’un employeur canadien, alors qu’un permis de travail fermé nécessitera généralement l’appui d’un employeur canadien dans le cadre des démarches.

Si jamais le travailleur étranger temporaire détient un permis de travail fermé, il est alors uniquement autorisé à travailler pour l’employeur mentionné sur son permis de travail et en conformité avec les autres conditions mentionnées sur le permis.

L’employeur canadien doit alors s’assurer que le nom de son entreprise est indiqué sur le permis de travail à titre d’employeur. Si jamais le permis de travail mentionne le nom d’une autre entreprise, une nouvelle demande de permis de travail canadien pourrait être requise afin de procéder à l’embauche.

De plus, lors de la révision du permis de travail fermé, l’employeur devra vérifier que la profession indiquée est bien celle pour laquelle le travailleur étranger temporaire était initialement embauché.

Pour ce qui est des permis de travail ouverts, aucune autre formalité n’est requise : l’employeur peut embaucher le travailleur étranger temporaire. Il demeure néanmoins que les saines pratiques en matière de recrutement sont toujours applicables dans les circonstances.

Finalement, la révision du permis de travail canadien permet également de confirmer la date d’expiration de ce document. Il est donc très important que l’employeur prenne bonne note de cette date et qu’il s’assure que le document est toujours valide au moment de l’embauche du travailleur étranger temporaire.

Les bonnes pratiques à mettre en place

Une fois que l’on a établi les règles applicables et que le travailleur étranger temporaire a été embauché, il est également pertinent de déterminer quelles bonnes pratiques les professionnels en ressources humaines peuvent mettre en place selon les différentes circonstances.

Expiration du permis de travail

Au sujet de la date d’expiration, il est toujours recommandé que les professionnels en ressources humaines conservent un registre détaillé des dates d’expiration liées aux permis de travail des travailleurs étrangers temporaires embauchés par leur client interne ou externe. Ce registre devrait idéalement être dans un format électronique qui permet d’assurer la confidentialité des informations qu’il contient selon les meilleures pratiques et la législation applicable.

De plus, il est aussi judicieux de conserver des suivis au moins de six à huit mois avant l’expiration du permis de travail canadien afin de vérifier si les travailleurs étrangers temporaires ont entrepris la préparation d’une nouvelle demande de permis de travail canadien, si jamais ils ont l’intention de continuer à travailler au Canada.

Une bonne pratique peut être de centraliser tous les numéros d’assurance sociale débutant par le chiffre 9 et d’y indiquer également la date d’expiration des documents d’immigration. De cette manière, il est possible d’avoir un portrait global et complet des travailleurs sous statut d’immigration temporaire au sein de l’entreprise. On peut donc optimiser la gestion des attentes concernant la rétention des talents au sein de l’entreprise.

En effet, en ayant une meilleure prévisibilité des expirations de permis de travail et en conservant des suivis efficaces, les professionnels en ressources humaines peuvent prévoir les procédures requises afin de pouvoir effectuer un renouvellement de permis de travail. Ils peuvent donc rassurer les travailleurs étrangers temporaires par rapport à leur statut temporaire au Canada.

Qui plus est, cette méthode permet à l’employeur d’effectuer des rappels auprès des travailleurs étrangers temporaires concernant les démarches pouvant être effectuées dans le cadre de la résidence permanente – si tel est le souhait des travailleurs et de l’employeur. Ainsi, l’employeur peut accompagner les travailleurs étrangers temporaires dans ce parcours d’immigration et être une partie intégrante du succès d’une telle démarche.

Finalement, il est important que l’employeur vérifie, avant l’expiration du permis de travail, que le travailleur étranger a présenté une nouvelle demande de permis de travail canadien. Si jamais le permis de travail expire et que le travailleur étranger temporaire n’a pas présenté une nouvelle demande de permis de travail, il est possible que le travailleur étranger temporaire doive cesser de travailler. 

Changement de poste ou de lieu de travail

Que ce soit dans le cas d’une promotion ou d’un changement au sein des opérations, le changement de poste d’un travailleur étranger temporaire doit toujours être révisé attentivement. Il faut également prendre cette précaution lors d’un changement de lieu de travail.

En effet, et comme mentionné précédemment, le permis de travail peut contenir une limitation concernant le poste pouvant être occupé. Ainsi, et avant de procéder au changement de poste d’un travailleur étranger temporaire, il est important que le professionnel en ressources humaines soit avisé et que ce dernier puisse effectuer de plus amples recherches à ce sujet. Au besoin, il est toujours avisé de consulter un professionnel en droit de l’immigration.

Permis de travail ouvert

Bien que l’embauche d’un travailleur étranger temporaire détenant un permis de travail ouvert soit plus simple et moins contraignante, il demeure que l’obtention d’un permis de travail ouvert demeure généralement l’exception à la règle, soit le permis de travail fermé.

Ainsi, lors de l’embauche d’un travailleur étranger temporaire qui détient un permis de travail ouvert, il est prudent de vérifier auprès de ce travailleur s’il a déjà envisagé une stratégie pour le renouvellement du permis de travail et si ce permis de travail peut être renouvelé. Dans bien des cas, un permis de travail ouvert ne peut pas être renouvelé. Par conséquent, il est important de comprendre que le soutien de l’employeur pourrait être requis afin de pouvoir procéder au renouvellement du permis de travail canadien.

Pour aller plus loin : suggestions de lectures 


Author
Me Jean-Philippe Brunet, CRHA Avocat -Fondateur Galileo Partners inc.
Jean-Philippe Brunet est l’un des rares avocats québécois à avoir exclusivement consacré sa carrière à conseiller des entreprises et des gens d’affaires en matière d’immigration. Il est également membre CRHA depuis plus de 20 ans.
Il pratique depuis plus de 25 ans à Montréal, d’abord dans un cabinet boutique de premier plan, puis comme associé et chef de l’équipe nationale en immigration d’affaires au sein d’un cabinet international et finalement comme associé fondateur et directeur de Galileo Partners depuis 2016.
Jean-Philippe figure, depuis maintenant près de 15 ans, sur les palmarès les plus reconnus du domaine juridique, y compris Chambers & Partners, Best Lawyers, Who's Who Legal, Canadian Lexpert Directory, Legal 500 Canada, Lexology Client Choice Award et BTI Client Service All-Star – ce qui fait de lui l’un des avocats les plus reconnus dans le domaine du droit de l’immigration au Canada.

Author
Me Marc-Alexis Laroche
Marc-Alexis Laroche est un avocat au sein du cabinet Galileo Partners. À ce titre, il conseille les clients de Galileo Partners en matière d’immigration d’affaires et dirige une équipe juridique qui soutient la préparation des demandes d’immigration et l’offre de services-conseils. Ses clients œuvrent dans une multitude de secteurs, dont les secteurs manufacturier, minier et des technologies. Ses conseils et interventions dans les dossiers qu’il pilote sont essentiels pour ses clients, ces derniers étant soumis à des enjeux de rétention de talents, d’embauche de talents étrangers et d’immigration.
Marc-Alexis est un avocat qui offre des services axés sur les résultats; sa capacité à bien comprendre les besoins des clients et à proposer des solutions pratiques et créatives est intrinsèque à sa manière de pratiquer. De plus, Marc-Alexis maintient une approche client personnalisée et attentive, et ce, tout en gérant un important volume de demandes.

Source : VigieRT, octobre 2023