L’importance des stages n’est plus à démontrer. Intégrés dans la majorité des programmes de formation professionnelle, ils permettent de mettre en pratique les connaissances acquises et de développer des compétences. L’alternance travail-études (ATE) est une approche efficace qui allie formation en classe et expérience en entreprise, pour développer concrètement les compétences liées à un métier[1]. Comme toute formule de stage, l’ATE repose sur un partenariat actif entre l’établissement scolaire et l’entreprise, afin d’assurer une cohérence entre les apprentissages réalisés dans les deux milieux. Quels sont les facteurs à clarifier avant d’intégrer un stagiaire pour que l’expérience soit réellement bénéfique?
Les raisons d’accueillir un stagiaire sont multiples : contribuer à la relève, favoriser le transfert de connaissances ou encore anticiper le recrutement de futurs employés et employées[2]. Toutefois, le stagiaire ne peut pas être considéré comme un employé novice. Il requiert un accompagnement soutenu, en cohérence avec les exigences de son programme d’études[3]. Dans le cas de l’ATE, qui représente au moins 20 % de la formation en entreprise[1], cet accompagnement s’assortit d’un engagement réel et d’une planification sérieuse, afin de tirer parti des forces complémentaires du milieu scolaire et du milieu professionnel.
Accueillir un stagiaire en ATE demande donc une réflexion. Pour que l’expérience soit bénéfique, certaines conditions doivent être réunies : disponibilité d’un superviseur, tâches adaptées, communication avec l’établissement scolaire, etc.[4]. Une planification permet d’installer un cadre de stage favorisant l’apprentissage[4]. Voici les principaux éléments à considérer et des questions pour guider cette réflexion[5].
Partager des réalités et des attentes des deux milieux
Il est essentiel de créer des espaces d’échange où l’entreprise et le milieu de l’éducation peuvent exprimer leurs besoins et leurs contraintes. Cette mise en commun permet de mieux comprendre les réalités respectives et de favoriser une expérience à la fois cohérente et enrichissante pour le stagiaire.
- Pourquoi avoir recours à un stagiaire? Est-ce en cohérence avec la réalité de l’entreprise et les besoins du milieu de l’éducation?
- Quels sont les avantages à accueillir un stagiaire (professionnels, organisationnels, personnels)?
- Quelles tâches sont envisageables pour le stagiaire? Celles-ci correspondent-elles aux objectifs de sa formation?
- Les conditions de stage offertes par l’entreprise sont-elles compatibles avec les objectifs pédagogiques de la formation?
Clarifier les responsabilités
L’accueil d’un stagiaire repose sur un cadre légal et administratif que l’entreprise doit connaître pour assurer une expérience conforme et bénéfique. Au Québec, la Loi visant à assurer la protection des stagiaires en milieu de travail[6] confère des droits aux stagiaires, notamment la protection contre le harcèlement. Elle impose également des obligations aux entreprises en matière d’accueil, de santé et sécurité, et de respect des normes du travail.
- Quelles sont les responsabilités de l’entreprise au regard de l’accueil, de la santé et sécurité et des normes du travail?
- Quelles assurances sont requises pour l’accueil d’un stagiaire?
L’établissement scolaire a la responsabilité de fournir à l’entreprise les informations essentielles : objectifs de formation, modalités d’évaluation et exigences du programme d’études. Une convention de stage bien définie, produite par l’école, permet de formaliser les rôles et d’asseoir la collaboration. Cette clarification soutient le développement professionnel du stagiaire.
- Quel est le contenu de la convention de stage?
Mettre en place les ressources humaines, matérielles et financières nécessaires
Accueillir un stagiaire requiert l’engagement de l’entreprise. Il convient de prévoir le temps nécessaire pour effectuer le travail en mode apprentissage et non en mode production, et parfois, un soutien financier ou organisationnel.
- Quelles sont les qualités attendues d’un superviseur de stage? Qui, dans l’entreprise, détient ces qualités?
- Les tâches du superviseur de stage seront-elles adaptées au fait qu’il est responsable d’un stagiaire?
- Quelles mesures sont prévues pour accueillir le stagiaire dans l’équipe?
- La politique d’accueil et d’intégration pour le nouveau personnel pourrait-elle être adaptée à l’arrivée d’un stagiaire?
Offrir du soutien
La réussite d’un stage repose autant sur les mesures d’accueil de l’entreprise que sur la qualité de l’encadrement du superviseur. Un accompagnement bienveillant, basé sur la disponibilité, l’écoute active et le respect du rythme d’apprentissage, favorise le développement des compétences du stagiaire. Des rencontres de supervision régulières, des repères clairs en cas de difficulté et un climat de confiance sont essentiels pour soutenir son évolution. Le savoir-être du superviseur, qui se traduit par sa patience, son ouverture, et sa capacité à valoriser les progrès, joue un rôle clé dans cette dynamique.
- À quel moment le stagiaire pourra-t-il recevoir de la rétroaction?
- Quels sont les mécanismes prévus en cas de difficultés lors du stage?
- Quelles sont les mesures permettant au superviseur d’encadrer le stagiaire?
En dernier lieu, et pour toute entreprise, il faut souligner l’importance de bien réfléchir aux conditions et aux aspects liés à l’accueil d’un stagiaire en ATE. L’objectif central est d’offrir au stagiaire une véritable expérience apprenante dans son futur secteur d’activité, tout en contribuant au renouvellement de la main-d’œuvre qualifiée. En misant sur une préparation sérieuse et un encadrement bienveillant, l’entreprise devient un acteur clé de la formation professionnelle et du développement des talents de demain.
Allez plus loin avec un CRHA
Une conseillère ou un conseiller en ressources humaines agréé (CRHA) peut vous aider à structurer l’accueil d’un stagiaire, à adapter vos pratiques d’encadrement et à clarifier les responsabilités légales. N’hésitez pas à le consulter pour faire de cette démarche un levier de développement organisationnel.
- Gouvernement du Québec (2022). L’alternance travail-études en formation professionnelle. Une approche éducative. Cadre de référence de la formation en alternance.
- Mazalon, É., Gagnon, C. et Roy, S. (2014). L’encadrement des stagiaires en milieu de travail. Étude exploratoire dans un cadre formel d’alternance en formation professionnelle initiale. Éducation et francophonie, 42(1), p. 113-135. DOI https://doi.org/10.7202/1024568ar
- Fournier, V. (2025). Module B – Personne stagiaire. Dans M. Petit et M. Beauchamp (dir.), Sherpa+ : S’informer pour accompagner des stagiaires. Recueil de fiches synthèses pour les personnes superviseures de stage (2e éd.). Ministère de l’Enseignement supérieur. www.formationsherpa.com (Ouvrage original publié en 2023).
- Gagnon, C. (2008). Arrimage des pratiques éducatives d’enseignants et de formateurs en entreprises en contexte d’alternance. Études de cas en formation professionnelle agricole. Recherches qualitatives, 27(1), 141-190.
- Dubeau, A., Beaulieu, M., Chochard, Y. et Plance, I. (2021). Stages en formation professionnelle du secondaire : perceptions des élèves de la qualité de la formation offerte en entreprise. Revue Hybride de l’éducation, 4(5). DOI : https://doi.org/10.1522/rhe.v4i5.863
- Commission des normes de l’équité de la santé et de la sécurité au travail, https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/conditions-travail/statuts-particuliers/stages-stagiaires/stagiaires
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