L’entreprise familiale de la région de Lanaudière « connecte » le monde. L’installation des poteaux et des lignes électriques de distribution d’Hydro-Québec autour de votre domicile est probablement le fruit du travail des spécialistes de Lanauco. Lauréat du prix Mercure 2021 pour l’accroissement de la productivité, Lanauco assure sa croissance en misant notamment sur l’autonomie de son personnel. La directrice des ressources et des communications, Joany Geoffroy, et le président-directeur général, Vincent Mailhot, expliquent comment.
Fondée en 1987, Lanauco est une PME familiale, comme plusieurs autres dans les régions du Québec. Mais cette année, vous êtes finaliste pour le Mercure Entrepreneuriat en plus d’avoir reçu de nombreux prix. Qu’est-ce qui fait votre succès?
Vincent Mailhot (V. M.) : Je pense que c’est notre implication et engagement envers la région. Mes parents ont bâti la notoriété de l’entreprise en s’investissant entre autres dans les activités philanthropiques de la municipalité. Pour un entrepreneur régional, c’est une question identitaire : nous choisissons constamment de rayonner dans les activités qui nous tiennent à cœur.
Joany Geoffroy (J. G.) : On poursuit sur la même lancée depuis que Vincent a succédé à ses parents en 2018. On organise d’ailleurs une importante collecte de sang annuelle pour Héma-Québec; une des plus remarquables de la région. Mais aussi, on met l’humain au centre de nos priorités et de nos décisions.
C’est d’ailleurs un programme favorisant l’autonomie de votre personnel qui vous a valu les honneurs au point de vue de l’accroissement de la productivité. Quel est ce programme?
V. M. : Il s’agit d’une feuille de route d’autogestion pour l’employé avec une liste des tâches à accomplir dans sa journée. Les tâches valent chacune un certain pointage. Chaque chef d’équipe a une tablette et recueille des points pour les actions réalisées. Il sait ainsi où il en est dans sa journée, dans sa semaine et même plus loin sans avoir à le demander nécessairement. Il connaît aussi les objectifs de l’entreprise et sait qu’il y contribue. C’est un système perfectible, c’est certain, mais pour l’instant, nous sommes assez satisfaits.
J. G. : Certaines tâches peuvent être difficiles à accomplir dans un contexte particulier, par exemple, des endroits restreints, la présence de roc dans le sol, etc. C’est là que l’on doit discuter avec l’employé pour le féliciter même si son pointage n’est pas très élevé. Et il faut parfois les freiner parce qu’ils veulent trop en faire et ils se mettent de la pression.
V. M. : Rien ne remplacera jamais une bonne tape dans le dos…
Quelle place occupe le service RH au sein de l’entreprise?
J. G. : Une place de plus en plus grande. Le mot d’ordre : le travail d’équipe. Depuis mon arrivée, on mise beaucoup sur le recrutement. Par exemple, nous avons un processus de sélection comprenant plusieurs étapes, ce qui est très rare dans les PME du domaine de la construction. On veut attirer les meilleurs spécialistes, c’est sûr, mais aussi les meilleures personnes. On souhaite avoir des gens qui font vivre nos valeurs.
V. M. : On va aussi rencontrer d’autres entreprises de la région qui rayonnent bien pour échanger sur nos bonnes pratiques respectives. Joany participe aux rencontres de la Chambre de commerce de Montcalm. En fait, on discute avec nos semblables plutôt que de se comparer aux entreprises des grandes villes. C’est de cette façon que l’on grandit, que l’on évolue.
Le lien de confiance est donc bien établi…
V. M. : Il s’est développé avec le temps. Ce n’est pas pour rien que nous avons créé le poste de direction RH.
J. G. : C’est concret, la confiance est palpable. Avec le poste de directrice, je suis engagée dans la prise de décisions de l’entreprise. Mais je dois aussi prendre ma place, en tant que femme, dans un domaine de construction. Notre valeur voulant qu’on se dise les vraies affaires ne peut pas être plus pertinente dans ce domaine! (sourire)
Le rayonnement de l’entreprise semble avoir une place importante et vous réussissez bien. Quelles en sont les retombées?
J. G. : L’une des premières retombées, et non la moindre, c’est que nous n’avons pas de difficulté à attirer des candidats, autant pour l’administratif que pour le travail en chantier. Les gens qui connaissent notre entreprise ont vu les prix et distinctions; ils veulent naturellement y contribuer. On a aussi un programme de références qui récompense un employé qui a recommandé une autre personne si celle-ci est embauchée.
V. M. : Quant aux travailleurs spécialisés, les planteurs de poteaux, les élagueurs, les monteurs de lignes, ce sont eux qui nous approchent.
Vos valeurs d’entreprise misent notamment sur le plaisir, l’authenticité et le dépassement de soi, avec une déclinaison en phrases claires. Pourquoi faites-vous une si grande place au côté humain?
V. M. : Parce que c’est dans notre ADN… celui de l’entreprise comme les nôtres, personnels. Par exemple, la bienveillance est très tendance depuis un certain temps, mais chez Lanauco, ça fait des années qu’on utilise ce mot et qu’on applique ces principes pour aider les gens à évoluer, à passer aux prochaines étapes de leur vie professionnelle et personnelle.
J. G. : L’humanité est au cœur de nos valeurs et de notre raison d’être. On amène même nos gens à apprendre à s’arrêter et réfléchir afin de prendre les meilleures décisions. Du côté professionnel, on a mis sur pied le comité Tatoué Lanauco, responsable de revoir nos pratiques d’accueil et d’intégration afin de favoriser les liens entre les gens et de renforcer le sentiment d’appartenance.
Autonomie, plaisir, perfectionnement professionnel et développement personnel : les effets sur la productivité sont-ils réels?
V. M. : Oui! Les 18 premiers mois, nous avons constaté une augmentation de croissance de 5 à 6 %. Les employés ne travaillent pas nécessairement plus, mais ils travaillent mieux grâce au système de pointage. Si la répartition est bien faite le matin, le parcours de la journée pour l’équipe de travail sera optimal, donc, bénéfique pour l’entreprise. Reste aux employés autogérés de faire toutes les tâches et de récolter le bon nombre de points et le tour est joué!
J. G. : C’est pour cette raison qu’on a remporté le Mercure Accroissement de la productivité en 2021. Et cette année, nous sommes finalistes pour le prix Mercure Entrepreneuriat qui sera remis en mai. On se croise les doigts!