Les raisons justifiant cette résignation vont de l’épuisement professionnel aux changements de priorités, à la prise de conscience de l’importance de passer plus de temps en famille, voire au manque de perspectives d’évolution dans les carrières, de manière générale.
Si les analyses sont nombreuses, le diagnostic semble quasi unanime. La pandémie aurait amené plusieurs travailleurs à réévaluer leurs choix de vie, en particulier lorsqu'il s'agit de travailler, de comment, où et quand le faire et dans quelles conditions.
Alors que l’économie canadienne se prépare pour la reprise et à la veille d’un retour au bureau, des experts préviennent qu’une vague de démissions d’employés est à craindre. Cette dernière pourrait exacerber la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs à l’automne 2021 « en particulier chez les travailleurs qualifiés ». C’est ce qu’indiquent les Services économiques RBC dans un nouveau rapport.
Des constats que corroborent les observations de Deloitte Canada qui dévoilent dans leur dernière étude menée en juin 2021, que ce sont près du quart (23 %) des 1200 cadres supérieurs interrogés qui envisagent de démissionner, 16 %, de convoiter un poste moins exigeant et 15 %, de prendre leur retraite. Le même son de cloche, nous l’entendons du côté de Statistique Canada, qui dans son dernier rapport paru au deuxième trimestre de 2021 affirme que 22 % des entreprises canadiennes interrogées s’attendent à ce que « le maintien en poste d’employés qualifiés » soit un obstacle au cours des trois prochains mois.
Si cette tendance est en train de s’établir au Canada, ce que nous confirmeront certainement les prochains mois, elle semble d’ores et déjà prendre forme chez nos voisins du Sud. D’après le Wall Street Journal, le nombre d’Américains quittant leur emploi en ce moment est à son plus haut niveau depuis plus de 20 ans. Des constats qui glanent leurs sources dans le dernier rapport Job Openings and Labor Turnover Summary (JOLTS) du ministère américain du Travail qui affirme que plus de quatre millions de personnes ont quitté leur emploi au mois d'avril 2021. Un chiffre hallucinant qui en dit long sur ce phénomène d’exode de talents et qui donne le ton à d’autres chiffres parus notamment dans le dernier rapport de Microsoft intitulé The Next Great Disruption Is Hybrid Work – Are We Ready? Ces statistiques expliquent qu'en plus de 54 % des travailleurs de la génération Z, 41 % de l'ensemble de la main-d'œuvre mondiale pourraient envisager de remettre leur démission.
La crise qui marque de son empreinte aujourd’hui le secteur de l’emploi est la pire depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle est complexe et imprévisible, singulière et pernicieuse et ses séquelles ne sont hélas pas encore toutes visibles. La rétention des talents est vraisemblablement l’une des séquelles avec lesquelles les entreprises et leurs services des RH au premier plan doivent urgemment composer. Une approche stratégique de rétention des talents s’érige, de ce fait, comme une évidence, reste à savoir comment bien l’opérationnaliser afin qu’elle embrasse cette dynamique de croissance du monde d’après.