Chaque semaine dans le monde, une étude évalue les impacts des technologies existantes et en devenir sur les emplois et le travail. Certaines présentent des scénarios catastrophiques, prétendant que le tiers et même la moitié des emplois actuels n’existeront plus, d’autres sont plus conservatrices sur la disparition des emplois et parlent davantage de transformation des rôles et des tâches.
Et quand on évoque la technologie dans notre profession, on pense surtout aux outils conçus pour appuyer nos programmes et initiatives RH. Bien sûr, cet aspect est important, mais dans la transformation des organisations, il nous faut comprendre l’impact des technologies bien plus largement que sur notre seul secteur d’activité. Je crois qu’il faut maîtriser suffisamment tout ce qui touche les technologies, le numérique et l’intelligence artificielle pour être en mesure d’anticiper leurs effets sur toute notre organisation. En quoi ces technologies modifieront-elles les emplois, exigeront-elles le développement d’autres compétences, comment allons-nous faire évoluer l’organisation et les talents à travers l’intégration de l’intelligence artificielle?
L'une des clés, selon moi, sera pour les professionnels en RH de cesser de voir les postes comme un tout. Je crois qu’il nous faudra apprendre à décomposer en tâches et en rôles les diverses activités réalisées dans l’organisation, afin d’identifier celles qui se prêteraient plus facilement à l’automatisation, celles qu’on pourrait confier à un partenaire externe ou à un groupe de hauts potentiels pour accélérer leur développement, et ainsi de suite. Le départ d’un membre d’une équipe ne devrait plus déclencher automatiquement un affichage de poste, mais plutôt un questionnement sur les savoirs, le savoir-faire et le savoir-être que l’organisation doit aller chercher pour compléter la matrice des compétences requises. Si les CRHA et CRIA parlent de compétences et créent des outils pour soutenir leur identification et leur développement depuis des décennies, c’est clairement à l’ère numérique que cette expertise sera la plus prisée, puisqu’elle permettra cette agilité tant convoitée par les organisations.
Les nouvelles technologies suscitent également de grandes questions éthiques. Il faudra travailler en interdisciplinarité afin de baliser le développement de solutions adaptées qui produiront une intelligence juste et éthique, conçue pour seconder l’humain. La Déclaration de Montréal sur l’intelligence artificielle* pose le premier jalon de cette réflexion et les professionnels que nous sommes, porteurs et défenseurs des principes d’équité, d’inclusion et d’éthique, devront animer de leur expertise les discussions des prochaines années.
*http://crha.li/declaration-de-montreal