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Optimiser stratégiquement les avantages sociaux

Découvrez comment bonifier les avantages sociaux grâce à une approche stratégique permettant d’en augmenter la valeur perçue sans nécessairement injecter davantage de fonds.
11 mars 2025
Rédaction, Carrefour RH

Offrir de meilleurs avantages sociaux en augmentant la valeur perçue à un coût équivalent? Malgré le contexte économique incertain, il est possible de mieux répondre aux besoins des personnes à votre emploi grâce à une bonne stratégie.

Tout est une question d’alignement selon Stéphanie Saumur, directrice stratégique chez Solertia. « On veut chercher un alignement parfait entre les besoins des personnes employées, la capacité financière et les valeurs de l’organisation ainsi que la perception de la main-d’œuvre. Quand on réussit à aligner ces trois volets, on arrive à une marque employeur bonifiée. »

De bons avantages sociaux ont une influence positive sur la fidélité des employées et employés. Selon une enquête menée par Solertia, 33 % de la main-d’œuvre sondée était nettement plus fidèle à son organisation si elle était très satisfaite. « Il faut essayer de se démarquer avec les assurances collectives et les régimes de retraite, mais il y a évidemment une panoplie beaucoup plus large d’avantages », ajoute Stéphanie Saumur.

Les préoccupations d’aujourd’hui

Quelles sont les réalités actuelles en ce qui a trait aux avantages sociaux? « On parle notamment beaucoup des travailleuses et travailleurs étrangers. Depuis deux ans, les entreprises doivent leur offrir une couverture de soins d’urgence dès leur arrivée au Canada, explique Pierre-Luc Bérubé, FICA, directeur, régimes de retraite et d’épargne, chez Solertia. Le contexte économique difficile, entre la COVID, l’inflation et les taux d’intérêt, a aussi son influence. La demande d’avantages sociaux inclusifs pour tous est aussi un facteur important. »

La santé et le mieux-être sont encore au cœur des avantages sociaux. « Les comptes mieux-être très flexibles sont une des tendances de l’industrie, précise Stéphanie Saumur. Les soins vétérinaires, des voyages, des billets d’avion, des souliers, des équipements… On parle aussi d’accès aux cliniques privées en présentiel via la télémédecine, ce qui permet de pallier au problème principal que nous rencontrons avec certains fournisseurs de télémédecine soit le référencement en clinique publique sans rendez-vous. »

Pierre-Luc Bérubé renchérit : « Depuis longtemps, on parle beaucoup de santé physique. Depuis le début des années 2000, on parle plus de santé mentale. Plus récemment, c’est l’anxiété financière : on parle d’une personne sur deux qui vit avec cette réalité. Ça a un effet sur les entreprises, sur la productivité… La plupart des gens aimeraient que leur organisation offre plus de soutien par rapport à cette anxiété. » Selon une enquête menée par Solertia, ce sont 3 entreprises sur 10 qui accomplissent des actions concrètes en ce sens pour favoriser la santé financière des personnes qu’elles emploient.

Trouver l’équilibre

Dans ce contexte, de quoi les personnes ont-ils besoin? « Il y a une valorisation de ce qui fait partie de leur quotidien », explique Stéphanie Saumur. « On peut par exemple réduire l’assurance vie pour investir davantage dans les soins médicaux ou dentaires, choisir un assureur spécialisé en DMA afin de réduire les coûts ou d’augmenter la couverture pour des frais similaires. Il est aussi possible d’utiliser les régimes gouvernementaux pour arriver à offrir des garanties plus dispendieuses comme une invalidité de courte durée. »

Pour parvenir à répondre aux demandes de sa main-d’œuvre, une organisation doit s’assurer que son offre d’avantages sociaux est en constante évolution. « N’offrez pas de solution unique », prévient Pierre-Luc Bérubé. Il faut plutôt prendre en compte que plusieurs générations et réalités coexistent au sein de l’organisation.

Plusieurs outils existent pour atteindre une offre satisfaisante selon lui. « Une enquête sur le marché et ses tendances, une évaluation complète de vos régimes par une personne spécialiste, des sondages sur le processus stratégique de rémunération globale, des sondages précis sur les avantages sociaux, des sondages évaluant la santé globale et le mieux-être financier des personnes que vous employez… »

Par rapport à la capacité financière, Pierre-Luc Bérubé suggère de trouver les bons et les moins bons points des régimes. « Soyez créatif sur l’offre globale. Investissez là où l’incidence sera plus grande. » L’idée? Faire plus pour le même coût.

« Il ne faut pas hésiter à réfléchir en mode carte blanche, explique-t-il. Souvent, on n’aura pas besoin de réinjecter des sommes. On peut redistribuer l’argent dans des programmes avec une plus grande valeur perçue par le personnel. Dans toute cette approche, réfléchissez à la culture et à la philosophie de l’entreprise. Si l’on veut que les programmes vivent, il faut avoir l’adhésion de la haute direction et on se doit de les faire vivre à travers notre culture. »

Stéphanie Saumur mentionne également l’importance de la flexibilité. « Dans le cadre d’assurance collective et de stratégie de santé et mieux-être, c’est super tendance de proposer un régime modulaire en s’assurant de garder une option par défaut qui a du sens. C’est souvent le même prix, et on vient englober plus de gens. »

Pierre-Luc Bérubé invite aussi à moderniser la structure des régimes avec des solutions flexibles et inclusives, entre autres via des régimes de type REER/RPDB, CELI, CELIAPP, etc. « C’est important de parler d’autre chose que de la retraite. Ce n’est pas tout le monde qui a ça en tête et les besoins du moment peuvent toucher d’autres volets des finances personnelles, par exemple, la gestion budgétaire et des dettes. Aujourd’hui, on est plus dans le mieux-être financier, l’accompagnement et l’anxiété financière », soutient-il.

« En réponse à cette anxiété, on peut favoriser l’adoption de saines habitudes financières et des comportements financiers adéquats, souligne Pierre-Luc Bérubé. On veut aussi encourager la constitution du patrimoine financier de vos personnes employées. Le régime de retraite en fait partie, tout comme l’achat d’une propriété, un fonds d’urgence, le REEE des enfants… »

Si elle est primordiale, cette flexibilité peut générer plus de communication, d’administration et de soutien comme des ressources et des outils d’aide à la décision.

Mettre en valeur les avantages sociaux

La communication est un volet incontournable de la valeur perçue des avantages sociaux par le personnel. Stéphanie Saumur conseille aux spécialistes RH de varier les méthodes de communication : présentation à distance, présentation en personne, courriels, PDF, vidéos… « Parlez de vos avantages sociaux en vous comparant au marché afin de mettre en lumière vos avantages compétitifs. Ne vous excusez pas de ce que vous n’offrez pas! On a une réalité financière : sachez pourquoi vous avez dit non et rattachez-le à vos valeurs. »

La fréquence idéale de communication sur les avantages sociaux peut être un vrai casse-tête pour les spécialistes RH, qui doivent souvent composer avec un important nombre de messages adressés au personnel. « Pour l’assurance collective, ça peut être bien lors d’un changement de taux ou d’assureur deux fois par année, commente Stéphanie Saumur. Pour le régime de retraite, une fois par année est suffisante. Pour les autres avantages, on peut s’arrimer aux communications pour l’assurance collective. »

Les sondages, importants pour mieux comprendre les préoccupations du personnel, doivent aussi être menés de manière stratégique. « Une fois tous les trois ans en restant à l’affût… À refaire en cas de changement majeur dans le marché, comme une pandémie ou une crise économique, ou dans votre entreprise, comme une restructuration ou une fusion », précise Stéphanie Saumur. Elle incite aussi à varier les types de sondages : baromètre de la santé financière du personnel, rémunération, mobilisation, etc.

Toutes ces bonnes pratiques doivent absolument s’appuyer sur une bonne gouvernance. « La conformité, c’est important dans les avantages sociaux, insiste Pierre-Luc Bérubé. Il faut avoir de bons processus administratifs, puisque ça peut avoir des conséquences financières et même des risques pour la réputation de l’organisation. Ça peut aussi avoir des conséquences sur l’expérience employé. Des programmes qui ne tournent pas rond, qui sont cahoteux et pas au goût du jour peuvent miner leur confiance. »


Rédaction, Carrefour RH