L’intelligence artificielle (IA) n’est plus un simple concept futuriste. Elle est aujourd’hui une réalité qui transforme en profondeur le monde du travail, et les gestionnaires ne sont pas épargnés par cette révolution. Loin de les remplacer, l’IA modifie leur rôle, influence leurs prises de décision et redéfinit les compétences essentielles à leur succès. Face à cette mutation, quels sont leurs défis à relever? Quelles sont les occasions à saisir? Et surtout, comment leur leadership doit-il être adapté pour tirer parti de cette nouvelle ère technologique?
L’IA : un outil au service des gestionnaires, pas un substitut
L’un des premiers mythes à déconstruire est celui d’une IA qui remplacerait les gestionnaires. En réalité, ce sont les tâches les plus répétitives et administratives qui seront les premières, à court terme, à être prises en charge par l’IA. La gestion des courriels, le suivi des indicateurs de performance, l’analyse de grandes quantités de données ou encore, la gestion documentaire sont autant d’activités où l’IA excelle.
Cette automatisation libère du temps pour les gestionnaires, leur permettant de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée : la stratégie, l’innovation, la gestion des talents et la communication interpersonnelle. Plutôt qu’un substitut, l’IA devient donc un assistant puissant, leur offrant une capacité accrue d’analyse et de prise de décision.
Des décisions plus éclairées grâce à l’IA
La prise de décision est l’un des aspects les plus transformés par l’IA. Grâce aux algorithmes avancés, les gestionnaires peuvent avoir accès à des analyses prédictives, leur permettant d’anticiper les tendances du marché, de mieux comprendre les besoins des employées et employés, et d’optimiser les processus internes.
Dans la gestion des horaires de travail, l’IA permet d’optimiser la répartition des effectifs en fonction des prévisions d’affluence et des besoins opérationnels.
Par exemple, l’Association des employeurs maritimes (AEM)
Cependant, ces avancées posent aussi des défis éthiques. Une surdépendance à l’IA peut mener à des décisions biaisées si les algorithmes ne sont pas correctement calibrés ou si les données utilisées sont elles-mêmes porteuses de biais. Ainsi, bien que l’IA assiste les gestionnaires, elle ne remplace en rien leur esprit critique et leur discernement.
Un leadership réinventé : vers une gestion augmentée
Avec l’intégration de l’IA, le leadership doit évoluer. Il ne s’agit plus seulement de diriger, mais d’accompagner le changement et d’incarner une vision où la technologie est un levier plutôt qu’une contrainte.
Les leaders de demain doivent donc développer de nouvelles compétences. D’un côté, il leur faut acquérir des connaissances techniques pour comprendre le fonctionnement de l’IA, ses limites et ses possibilités. De l’autre, il leur faut renforcer leurs compétences humaines, comme l’empathie, la créativité et la gestion du changement.
Selon un article publié par Revue Gestion
Les compétences clés pour les gestionnaires à l’ère de l’IA
L’IA redéfinit les compétences nécessaires aux gestionnaires. Certaines deviennent moins essentielles, d’autres sont renforcées, et de nouvelles émergent.
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Compétences remplacées par l’IA
Les tâches les plus répétitives sont progressivement prises en charge par l’IA. C’est le cas de la gestion des données, du « reporting » automatisé et même de certaines prises de décision basiques. Les compétences purement administratives perdent ainsi de leur importance.
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Compétences augmentées par l’IA
L’IA ne remplace pas le jugement humain, mais elle le complète. Par exemple, elle permet aux gestionnaires de prendre des décisions plus complexes en leur fournissant des analyses approfondies. De même, elle renforce leur capacité à innover en repérant des tendances et des perspectives insoupçonnées.
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Compétences irremplaçables
L’IA peut traiter et analyser des données, mais elle ne peut pas remplacer l’intuition, la créativité et le leadership. La gestion des émotions, la capacité à inspirer et à motiver une équipe, ainsi que la résolution de conflits sont des compétences profondément humaines, qui restent fondamentales dans le rôle de gestionnaire.
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Compétences à développer
Pour évoluer dans cet environnement transformé, les gestionnaires doivent impérativement développer :
- Des compétences techniques, pour comprendre comment fonctionne l’IA et comment l’utiliser de manière optimale.
- Des compétences en gestion du changement, car l’introduction de l’IA dans une organisation nécessite un accompagnement des équipes.
- Un sens éthique renforcé, afin d’assurer une utilisation responsable et transparente de l’IA.
Les défis à relever pour une adoption réussie
Si l’IA offre d’immenses possibilités, elle soulève aussi des défis majeurs. Tout d’abord, son adoption au sein des entreprises nécessite un changement de culture. La résistance au changement est un frein courant, notamment lorsqu’il s’agit d’intégrer des outils perçus comme une menace pour l’emploi.
Ensuite, il y a la question de la transparence et de l’éthique. Comment garantir que les décisions assistées par l’IA sont justes et non biaisées? Comment s'assurer que les responsabilités de certaines personnes ne sont pas confiées de manière abusive à des algorithmes? Les gestionnaires ont ici un rôle clé à jouer, en instaurant des politiques claires et en veillant à une transition technologique équitable.
Enfin, les entreprises doivent investir dans la formation. Il ne suffit pas d’implémenter l’IA, encore faut-il que les gestionnaires et les membres de leurs équipes sachent l’utiliser intelligemment et efficacement. On sait que la plupart des utilisateurs de Word n’utilisent qu’une partie infime du potentiel de ce logiciel. L’acquisition de nouvelles compétences doit être une priorité pour garantir une collaboration efficace entre l’humain et la machine.
Conclusion : un leadership humain à l’ère de l’IA
L’IA ne remplace pas les gestionnaires, elle transforme leurs rôles. Les gestionnaires qui sauront s’adapter, développer de nouvelles compétences et adopter une posture de leader augmenté tireront pleinement parti des possibilités offertes par cette révolution technologique. Mais une chose est sûre : dans un monde de plus en plus automatisé, les qualités humaines – empathie, créativité, vision stratégique – resteront plus précieuses que jamais.
| 1 | Journal de Montréal. (2022). L’intelligence artificielle pour mieux gérer la main-d'œuvre dans le port de Montréal. Consulté le 17 janvier 2025, sur L’intelligence artificielle pour mieux gérer la main-d’œuvre dans le port de Montréal |
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