On parle beaucoup de la génération Z : de son rapport au travail et de ce qui la distingue.
Mais au-delà des constats, la véritable question est la suivante :
Comment ajuster notre posture de recruteur face à cette génération, sans jugement, sans nostalgie du passé, et surtout sans perdre de vue l’évolution du monde du travail?
Un recrutement en évolution
Le processus de recrutement, tel qu’on le connaît évolue. Avec la pénurie de main-d’œuvre et l’inversion du rapport de force, les organisations ne recrutent plus seulement : elles doivent convaincre.
Ayant grandi dans un monde où tout évolue à grande vitesse, portée par la technologie, la génération Z s’est naturellement adaptée à une culture de l’instantanéité. Cette génération s’est habituée naturellement à cette cadence. Résultat : elle s’attend à des échanges clairs, sincères et à un processus qui avance à un rythme cohérent avec celui du monde dans lequel elle évolue.
La pandémie, vécue à un âge déterminant, a profondément influencé les repères des candidats de cette génération. Ils ont vu les entreprises fermer du jour au lendemain et ont grandi dans un contexte d’incertitude économique. Pour eux, la stabilité n’est plus synonyme de sécurité. Pour eux, la sécurité est intrinsèque : elle passe par la cohérence entre leurs valeurs et celles de l’organisation. Résultat : ils peuvent avoir des préférences d’emploi différentes. Ils vont préférer une entreprise ayant des modalités de travail qui témoignent d’un réel respect de l’équilibre personnel (un poste à temps partiel, une semaine de quatre jours, un modèle hybride ou des horaires flexibles). Ils souhaitent évoluer au sein d’une entreprise socialement responsable, qui valorise l’équité et la cohérence entre ses actions et ses engagements.
Pour rejoindre la génération Z, on doit inspirer sans exagérer, clarifier sans complexifier. Les candidats veulent comprendre ce qu’ils vont accomplir, pas décoder une hiérarchie. Il ne suffit plus de décrire un poste : il faut donner du sens. Pourquoi ce rôle existe-t-il? En quoi ma contribution fait-elle une différence? Qu’est-ce que j’y gagne au-delà du salaire? Quel type de gestionnaire vais-je côtoyer? Ce sont les réponses à ces questions que nous devons offrir en tant que recruteurs.
Chaque étape du recrutement représente une occasion de créer une véritable connexion avec cette nouvelle génération. Ce n’est plus seulement ce qu’on dit qui influence les candidats, mais la manière dont on communique.
Comprendre cette évolution ne suffit pas : encore faut-il adapter nos réflexes d’évaluation. C’est là que le regard des recruteurs doit évoluer dans la façon dont nous accueillons, écoutons et évaluons. Concrètement, cela signifie comprendre les motivations, les valeurs et la vision du travail, plutôt que de vérifier uniquement les compétences. C’est aussi présenter avec transparence la culture de l’entreprise et observer comment le candidat s’y projette, plutôt que de mesurer s’il « fit » parfaitement. Enfin, poser des questions sur les apprentissages, la curiosité et l’adaptabilité, plutôt que sur le nombre d’années d’expérience.
Lire les parcours avec un regard renouvelé
L’analyse des profils demeure la même, mais le regard change.
Les CV de la génération Z sont souvent moins linéaires, avec des emplois de plus courte durée ou des expériences variées. Plutôt que d’y voir un manque de stabilité, on peut y lire une recherche d’apprentissage, d’évolution et d’expérimentation. Cette mobilité exprime souvent un désir d’élargir ses compétences et de trouver un environnement qui fait du sens.
Dans cette optique, chaque CV devient une histoire à comprendre plutôt qu’un parcours à juger.
L’entrevue permet d’aller plus loin : comprendre le fil conducteur, ce qu’ils ont appris, ce qui les motive et comment cela pourrait s’arrimer avec le poste.
C’est justement tout l’enjeu avec la génération Z : créer une entrevue authentique, humaine et équilibrée, où l’on évalue et où l’on séduit à la fois.
Comment? :
- Inviter le candidat à partager le sens derrière ses choix et ses expériences plutôt que de répondre de façon mécanique.
- Amener le candidat à revisiter des situations concrètes pour comprendre comment il pense, agit et apprend.
- Montrer sa propre authenticité : parler des défis du poste, des zones grises, de la réalité du quotidien.
L’agilité des candidats doit trouver son écho dans des processus plus souples, sans pour autant perdre la rigueur nécessaire à une bonne évaluation.
Pour vous aider à connecter, comprendre et engager la génération Z inspirez-vous de la checklist suivante.
Quand l’ambition précède l’expérience : un levier de développement
Au fil du processus de recrutement, un autre aspect ressort souvent chez la génération Z : une ambition marquée, parfois plus rapide que leur expérience, mais profondément sincère.
Cette ambition n’est pas un manque de réalisme, mais le reflet de leur désir de progresser rapidement et de laisser leur marque.
Le rôle du recruteur est de valoriser leur attitude et leur potentiel, tout en leur expliquant en toute transparence que l’expérience reste une étape essentielle pour développer leurs compétences.
Plutôt que de les ramener à la réalité, on leur montre que l’entreprise valorise la progression interne et reconnaît les efforts, notamment à travers à un parcours de développement clair et un programme de mentorat clair. On transforme ainsi la discussion en projection positive plutôt qu’en mise au point.
Recruter la génération Z, ce n’est pas seulement moderniser nos pratiques, c’est transformer notre posture.
C’est accepter de montrer qui l’on est vraiment, d’expliquer les raisons derrière nos décisions et d’assumer les valeurs que l’on incarne.
Les organisations qui misent sur la clarté, la relation et le développement mutuel n’auront pas à séduire : elles attireront naturellement ceux et celles qui partagent leur vision.
Quelle que soit la génération à laquelle on appartient, le véritable enjeu du recrutement aujourd’hui n’est plus de convaincre, mais de créer un lien authentique. Et c’est souvent ce lien, plus que le discours, qui fait toute la différence.