Le terme « mentorabilité » aurait été utilisé pour la première fois en 2018 par le professeur Richard Reddick de l’Université d’Austin au Texas. Selon lui, la mentorabilité, c’est l’habileté d’entrer dans une relation de développement qui est mutuellement bénéfique et satisfaisante.
Par la suite et dans le cadre de ses recherches avec des collègues, il a précisé que la mentorabilité est composée des prédispositions du mentoré par rapport à son état d’esprit, son attitude et ses attentes, avant d’entreprendre une relation mentorale.
Alors que beaucoup de programmes de mentorat sont principalement destinés à initier les mentors à leur rôle, la préparation des mentorés est largement négligée. D’ailleurs, des études indiquent que seulement 19 % des programmes de mentorat s’intéressent aux caractéristiques de mentorabilité des mentorés. Pas étonnant que beaucoup de mentorés ne sachent pas trop comment aborder leur relation mentorale et vivent des déceptions. Le mentoré doit comprendre ce qu’est le mentorat et s’il possède ce qu’il faut pour en bénéficier. Même si les mentorés ont entendu parler de mentorat, ils ne savent généralement pas ce que cela exige comme engagement.
Comprendre la mentorabilité
Les principales caractéristiques de la mentorabilité sont l’ouverture d’esprit, l’habileté à changer ou s’adapter, et la volonté d’écouter sa mentore, de lui faire confiance et de passer à l’action.
L’ouverture d’esprit permet au mentoré de se remettre en question afin d’aborder les choses différemment et de changer et d’envisager une nouvelle manière de penser ou de se comporter. Le mentoré doit être psychologiquement et émotionnellement stable. Cela lui permet de comprendre qu’en mentorat, il est une personne en devenir et qu’il devra y consacrer l’énergie suffisante pour obtenir des résultats satisfaisants.
Le mentoré doit aussi être capable de convertir les questions et les perspectives nouvelles venant du mentor, en action. En l’écoutant bien, il saisira les raisons pour lesquelles le mentor propose d’explorer des territoires que le mentoré n’a pas encore osé fréquenter.
Le mentorat n’est pas une rencontre de personnalités comme on le croit souvent, mais un jumelage d’identités différentes dans une expérience humaine réciproque. Cette réciprocité se manifeste par la découverte mutuelle d’intérêts, de profil, de génération ou de culture qui sont propres à chaque partenaire.
Le mentoré comprend la valeur du temps du mentor
Le mentor donne au mentoré cette denrée rare et précieuse qu’est le temps. Il est nécessaire que le mentoré démontre qu’il l’apprécie notamment en arrivant à l’heure prévue de la rencontre ou en n’annulant pas sa rencontre à la dernière minute.
Le mentoré doit s’attendre devoir assumer les plus grandes responsabilités dans la relation avec son mentor. Il doit donc :
- Être proactif dans la relation en organisant les rencontres.
- Être préparé pour les rencontres avec des questions, des suivis, des commentaires, ou des articles à partager, par exemple.
- Collaborer dès le début pour fixer les objectifs afin que ni l’un ni l’autre ne perdent leur temps.
- Faire durer la relation seulement si elle est mutuellement bénéfique.
Le mentoré sait clairement ce qu’il recherche chez un mentor
Les gens recherchent un mentor pour différentes raisons, mais plus le mentoré est précis sur le plan de ses attentes et ses besoins, plus le mentor pourra l’aider. Le mentoré ne doit pas être à la recherche d’approbation, mais de nouveaux apprentissages en dévoilant ses vulnérabilités et en parlant candidement de ses préoccupations.
Le mentoré doit avoir une réelle volonté d’écouter et d’accepter de recevoir des rétroactions constructives qui peuvent parfois ébranler ses convictions. Il doit aussi régulièrement se demander s’il est un bon mentoré. Cela veut dire que durant toute la relation, le mentoré doit demeurer avide d’apprendre et cultiver un esprit curieux. Il recherche de nouveaux défis à relever auxquels il n’avait pas pensé grâce à l’appui de son mentor. Il est aussi flexible, fiable et persévérant, même quand c’est difficile.
Conclusion
La mentorabilité est un processus continu qui fait partie du continuum développemental du mentoré. Il y a d’ailleurs des moments dans la vie où nous ne sommes pas tout à fait mentorables. Pour vérifier sa mentorabilité, un futur mentoré aurait avantage à répondre au questionnaire qui suit.
Est-ce que je suis mentorable?
Pour chacune des affirmations suivantes, tentez de vous situer de la manière la plus réaliste possible en utilisant les qualificatifs indiqués par rapport à votre mentorabilité.
Références
Victoria G. Black & Zachary W. Taylor. Nobody’s talking to the mentees. Mentoring & Tutoring: Partnership in Learning. Volume 26, Issue 5, 2018.
Virginia G. Black., Z. W. Taylor, R. J. Reddick & J. L. Smith. Being Mentorable: First-generation Students of Color Define “Mentorability”. The Chronicle of Mentoring & Coaching, Vol. 2, octobre2019, Special Issue
Richard J. Reddick. Building and Maintaining Mentoring Relationships. Intersectional Qualitative Research Methods Institute for Advanced Doctoral Students, June 2018, https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3408852
Yvon Chouinard, CRHA, Distinction Fellow, est conseiller en mentorat. Il appuie les organisations dans l’implantation de programmes de mentorat et forme les mentors et les mentorés. ychouinard@isotopeconseil.com 514-951-6714.