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L'éthique en entrevue

Qui n’a pas un jour ou l’autre éprouvé une déception après avoir été rencontré en entrevue pour un emploi? Est-ce le manque de préparation, d’éthique, de savoir-faire ou de jugement de la part des candidats ou des intervieweurs? Parfois, ce sont tous ces éléments à la fois.

Marie-Christine Gosselin, CRHA

Le manque d’éthique est un sujet délicat qui se manifeste plutôt par le non-respect de règles de conduite morale par des individus. On peut l’observer dans un processus de sélection. Il crée un malaise et brise le lien de confiance entre des individus.

Voyons quelques cas typiques :

Paul est reçu en entrevue par deux gestionnaires qui le bombardent de questions pendant trois quarts d’heure. À la fin de l’entrevue,  il est tellement déstabilisé qu’il utilise la période de questions pour approfondir essentiellement les conditions salariales! Il s’était pourtant bien préparé. Dans ce cas-ci, il ne s’agit pas d’une dérogation à l’éthique de la part des gestionnaires, mais d’un manque de savoir-faire dans la conduite d’une entrevue et dans l’établissement d’un climat de confiance propice aux échanges. Cette façon de faire n’a pas permis à Paul de bien vivre son entrevue et sa difficulté à supporter la pression l’a amené à manquer de jugement à la fin de la rencontre.

Il y a aussi le cas de Julie qui, malgré sa ponctualité, a attendu vingt minutes à la réception avant d’être reçue en entrevue dans une grande entreprise. Plusieurs raisons peuvent justifier ce retard, mais aux yeux de Julie, l’intervieweur démontre une mauvaise gestion de son temps et un manque de respect. S’il avait pris le temps d’aviser de son retard, Julie aurait eu une meilleure compréhension de la situation.

L’exemple de Nicole est éloquent. Elle s’est presque retrouvée sans emploi lorsque son patron a eu connaissance de son intention de quitter l’entreprise; il avait en effet reçu un appel d’un employeur potentiel qui voulait obtenir des renseignements sur Nicole sans que celle-ci l’y ait autorisé. Dans cette situation, l’employeur a manqué d’éthique en agissant sans l’autorisation de Nicole.

Nous pouvons aussi souligner les candidats qui mentent sur leurs diplômes ou qui sont incapables de fournir des exemples concrets de réalisations dont ils prennent le crédit.

Finalement, citons l’exemple de Sylvia qui a soumis sa candidature à l’interne. Le gestionnaire rencontré lui mentionne qu’elle sera contactée à nouveau d’ici deux semaines. Un mois plus tard et malgré ses tentatives de suivi, elle n’a jamais eu de nouvelles et elle apprend que le poste a été pourvu en lisant un avis de nomination affiché à l'interne.

Les candidats rencontrés en entrevue qu’ils proviennent de l’externe ou de l’interne, sont en droit de recevoir une rétroaction constructive après s’être soumis à un processus de sélection. Ce suivi leur permet de mieux comprendre et de mieux accepter les raisons pour lesquelles leur candidature n’a pas été retenue et de poursuivre leur réflexion en vue de s’améliorer. 

Il est vrai que certains candidats arrivent mieux outillés aux entrevues et que certains  employeurs sont plus structurés. Mais, malheureusement, il existe encore de ces cas qui jettent de l’ombre sur un processus de sélection. 

Bon nombre d’entreprises et de candidats minimisent l’impact que laisse une mauvaise expérience d’entrevue.  Elle peut entacher leur réputation. Reportez-vous à vos expériences passées… Quand on sait que l’acquisition du talent est une question de réseau, voilà un enjeu important.

Les entreprises qui respectent les individus et les bonnes pratiques en matière de sélection attirent et embauchent des candidats aux valeurs similaires. Ne cherchons-nous pas tous à être traités de façon respectueuse?


Marie-Christine Gosselin, CRHA

Source : Cet article a été publié dans le quotidien La Presse le 10 décembre 2005.