Selon la plus récente enquête annuelle réalisée par Léger pour Concilivi, une initiative du Réseau pour un Québec Famille (RPQF), plus de quatre personnes en emploi sur dix ayant des responsabilités parentales ou de proche aidance éprouvent des difficultés à concilier leurs obligations professionnelles et familiales.
Cette réalité persiste en dépit de l'ouverture manifestée par une majorité d'employeurs, et la situation n'a guère évolué depuis l'instauration du sondage, à l'exception de la période de la pandémie.
Un facteur décisif dans le choix d'emploi
Mené en 2025, le sondage révèle que 80 % des travailleuses et travailleurs ayant changé d'emploi au cours des deux dernières années affirment que le désir d'obtenir de meilleures conditions de conciliation a pesé dans leur décision. Pour près du tiers d'entre eux (32 %), il s'agissait même de la motivation principale.
« Une donnée qui devrait à elle seule inciter les employeurs soucieux de fidéliser leurs employées et employés à agir concrètement pour soutenir leur conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. », souligne Corinne Vachon Croteau, CRHA, directrice générale du RPQF.
Des répercussions préoccupantes sur la santé
Si en apparence tout semble bien aller — la majorité des personnes interrogées affirmant parvenir à concilier famille et travail relativement facilement —, les données révèlent une tout autre réalité. Cette conciliation a un coût élevé : 58 % des travailleuses et travailleurs rapportent une incidence sur leur santé mentale, 46 % sur leur santé physique, 39 % sur leur capacité à assumer leurs responsabilités familiales, 33 % sur leur vie sociale et 32 % sur leur vie de couple.
« C'est comme si les répondants nous disaient « je gère », tout en acceptant comme normales ces répercussions sur leur santé, leur bien-être et leur capacité à bien jouer leur rôle de parent ou de proche aidant », observe Sophie Mathieu, professeure adjointe à l'École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke.
La professeure estime que la collectivité doit s'interroger sur sa responsabilité face à ces enjeux de santé et de bien-être, et que les employeurs peuvent faire partie de la solution.
Le télétravail en recul
Autre élément qui prête à réflexion : le sondage indique une diminution de cinq points de pourcentage dans la pratique du télétravail, pourtant jugée facilitante par 79 % des personnes interrogées. Cette appréciation grimpe à 85 % chez les femmes, 87 % chez les parents d'enfants à besoins particuliers et 84 % chez les parents d'enfants d'âge scolaire.
« Le télétravail n'est pas une panacée, mais reste une formule appréciée pour la flexibilité qu'elle apporte », explique Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à l'École des sciences de l'administration de l'Université TÉLUQ. Elle note un « retour du balancier », les employeurs cherchant à équilibrer la flexibilité et les avantages du présentiel pour la créativité et la performance.
Selon elle, ils auraient intérêt à maintenir un dialogue actif avec les personnes à leur emploi et à éviter les solutions uniformes, puisque les besoins varient d'une personne à l'autre.
Des solutions gagnant-gagnant possibles
Corinne Vachon Croteau se montre optimiste quant aux possibilités d'amélioration. Elle rapporte que les employeurs accompagnés par Concilivi découvrent souvent qu'ils peuvent aller plus loin qu'ils ne l'avaient imaginé, « sans nécessairement recourir à des mesures coûteuses, et avec une impression de gagnant-gagnant ».
« Bien qu'elle semble derrière nous, la pandémie a prouvé que les employeurs savent être agiles en matière de conciliation famille-travail. Le défi maintenant? Poursuivre les efforts », conclut la directrice générale du RPQF.
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Source : communiqué, Concilivi