Alors que plusieurs entreprises intensifient leur transformation numérique pour accroître leur productivité et demeurer compétitives dans un contexte d’instabilité commerciale, l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés estime que la législation du travail et les pratiques organisationnelles doivent évoluer pour soutenir ce tournant et éviter certaines dérives.
« En plus de favoriser le développement d’entreprises innovantes et d’un écosystème en intelligence artificielle, le Québec a l’occasion de devenir un exemple en matière de transformation numérique des milieux de travail. C’est dans cet esprit que nous avons participé à la consultation menée il y a quelques semaines par le gouvernement du Québec et que nous continuerons de nourrir la réflexion sur cet enjeu crucial », commente la directrice générale de l’Ordre, Manon Poirier, CRHA.
Le mémoire déposé par l’Ordre au ministère du Travail met en lumière les défis liés à la transformation numérique des milieux de travail et il contient plusieurs recommandations pour assurer un cadre législatif adapté et équilibré. Il incite par ailleurs les employeurs à miser sur l’autorégulation de leurs pratiques.
Encadrement de l’IA par les lois du travail
Souvent qualifiée de « quatrième révolution industrielle », l’IA déchaîne bien des passions dans le débat public. Au travail, le recours à l’IA présente des enjeux importants de neutralité, de responsabilité, de gestion algorithmique, de santé et de sécurité, de biais cognitifs, mais aussi sur le plan de la formation professionnelle.
L’Ordre propose notamment de :
- clarifier les notions de responsabilité et d’imputabilité des différentes parties prenantes (le concepteur, le client et l’utilisateur) dans les décisions prises à l’aide de l’IA;
- renforcer ou instaurer des mécanismes de dialogue avec les travailleuses et travailleurs afin d’assurer une utilisation responsable de l’IA au sein des organisations;
- soutenir le développement des compétences en matière d’IA pour rehausser de la littéracie numérique et favoriser la requalification du personnel.
Pratiques organisationnelles pour favoriser une utilisation appropriée de l’IA
Selon un sondage mené par l’Ordre, une majorité de professionnelles et professionnels en ressources humaines (63 %) estime que l’IA aura une incidence assez importante sur les tâches réalisées par les équipes. Or, très peu d’organisations (à peine 8 %) ont amorcé une évaluation des répercussions de l’IA sur le travail.
L’Ordre invite donc les gestionnaires à se pencher davantage sur ce qui se passe au sein de leurs organisations : « Les employeurs doivent baliser sans plus tarder l’utilisation de l’IA par les individus, procéder à de sérieuses analyses de risques dans leurs propres implantations de l’IA et s’assurer d’inclure les travailleuses, les travailleurs et les responsables des ressources humaines dans la prise de décision, » conseille Manon Poirier.
Dans son mémoire, l’Ordre invite aussi le gouvernement à considérer plusieurs mesures pour faciliter la mise en place de bonnes pratiques.
« Préserver la capacité des milieux de travail à innover tout en restant attentif au volet humain des changements technologiques actuels représente un grand défi. Le travail entrepris par le gouvernement permettra, nous l’espérons, d’y parvenir », conclut la directrice générale de l’Ordre.
La version intégrale du mémoire soumis au ministère du Travail est disponible sur le site de l’Ordre.
Source : communiqué, Ordre des conseillers en ressources humaines agréés