Lors de vos consultations médicales, vous êtes-vous déjà demandé si votre médecin était à jour dans son expertise? Vous serez d’accord avec moi que l’on se pose rarement la question parce qu’on a d’emblée confiance en cette personne professionnelle. On lui fait confiance notamment, parce qu’elle détient une expertise que nous ne détenons pas et parce que nous avons besoin d’elle pour prendre soin de notre santé.
C’est la même chose avec les CRHA et des CRIA. Lorsqu’on vous consulte, que ce soit à l’interne ou à l’externe, les personnes s’attendent à ce que vous soyez à jour dans vos connaissances, et ce, afin de recevoir les conseils appropriés pour « prendre soin de l’organisation ».
La rapidité avec laquelle la société et les milieux de travail évoluent fait en sorte que de demeurer à jour sur les changements devient tout un défi! La transition verte, les normes ESG, l’inflation et la multiplication des technologiesi influencent notamment notre obligation de maintenir nos compétences à jour et d’en développer de nouvelles.
Protéger le public dans la sphère professionnelle commence par notre capacité à faire évoluer nos connaissances et à les appliquer adéquatement. Cette capacité implique également de pouvoir comprendre les effets des changements et des enjeux sur les organisations comme sur les équipes de travail. Une organisation qui se veut compétitive et en conformité avec ses obligations légales ne peut pas de soustraire à la formation continue.
On ne peut pas ignorer les enjeux éthiques qui surviennent dans les organisations et qui influencent nos décisions. Au-delà de la conformité, il faut se sensibiliser à l’éthique appliquée qui implique la capacité à réfléchir à une norme, à se remettre en question et à remédier aux situations singulières qui ne sont pas nécessairement encadrées par les codes de bonnes pratiques. À titre de CRHA et de CRIA, vous devrez imaginer les nouvelles « bonnes pratiques » et prendre des décisions qui tiennent compte de la pluralité des contextes.
Penser que s’informer, se former, lire, échanger et consulter n’est pas nécessaire du fait que vous êtes une personne expérimentée peut rapidement devenir un raccourci intellectuel et un réel enjeu pour les personnes que vous conseillez.
La formation peut prendre plusieurs formes. On oublie souvent qu’explorer la littérature et les recherches scientifiques en fait partie et représente même un incontournable en gestion des ressources humaines. Il faut faire preuve de pragmatisme en ayant la capacité de s’adapter aux contraintes de la réalité, tout en étant en mesure d’appliquer la théorie.
Enfin, il est impératif de comprendre la notion de compétence. Préférez-vous être compétente ou compétent plutôt qu’avoir des compétences? Le management et la gestion des ressources humaines ont fait une large place à la notion de compétence depuis les années 1990 et il est devenu très commun de l’associer à l’addition du savoir, du savoir-faire et du savoir-être. On devrait, en effet, viser à être compétent, soit de savoir utiliser nos compétences à bon escient dans les contextes particuliers (Le Boterf, 2008, p.16) et mettre en œuvre les ressources que nous possédons en vue de la réussite des actions dans nos organisations. (Lacroix, Marchildon, Bégin, 2017, p. 86-87)
Bien que l’Ordre doive se doter de barèmes de référence en établissant un minimum d’heures de formation continue, vous aurez compris que le développement de nos compétences est plus complexe que de simplement cocher une case sur le nombre d’heures à faire pour remplir une obligation déontologique!
Bonne réflexion et bonne lecture!
