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Le comité RH au CA: un rôle essentiel dans la gouvernance

Depuis une trentaine d’années, les CA se sont progressivement professionnalisés avec la recrudescence de lignes directrices et de réglementations, sans parler de l'émergence d'organisations professionnelles vouées à la gouvernance, des programmes de formation et des certifications professionnelles.
30 octobre 2024
Jean-François Henri, Ph. D, ASC, C.Dir, FCPA

Les conseils d’administration (CA) opèrent dans un environnement en pleine transformation et doivent composer avec de multiples parties prenantes. Par leur rôle de gardien de la conformité et de la stratégie, les CA doivent composer avec une panoplie de risques organisationnels, notamment le recrutement et la rétention des employées et employés, la culture organisationnelle, l’intelligence artificielle, etc.

Depuis une trentaine d’années, les CA se sont progressivement professionnalisés avec la recrudescence de lignes directrices et de réglementations, sans parler de l'émergence d'organisations professionnelles vouées à la gouvernance, des programmes de formation et des certifications professionnelles. Dans ce contexte en pleine mouvance, trois questions se posent :

  • Pourquoi siéger à un CA?
  • Quelles sont les compétences utiles pour siéger à un CA et qui, par ricochet, se développent en cours de route?
  • Quelle est l’utilité d’avoir des comités au CA, notamment un comité ressources humaines?

Motivations pour siéger au CA

Il existe bon nombre de motivations pour joindre un CA. Celles-ci peuvent varier en cours de carrière, selon l’évolution des besoins et des attentes.

  • Obligations professionnelles, par exemple la ou le DG de l’organisation, observateur provenant d’une tierce partie, membre d’office, etc.
  • Faire avancer les projets, par exemple contribuer à bâtir un monde plus responsable, changer les mentalités, partager la cause d’une organisation, etc.
  • Partager et redonner, par exemple faire profiter autrui de ses expertises et expériences, etc. 
  • Se maintenir en action, garder le contact et continuer à apprendre
  • Rémunération et réseautage, par exemple revenu additionnel, revenu principal, se faire connaître, réseauter, etc. À noter que cette motivation peut s’avérer risquée sur le plan de l’indépendance d’esprit et du courage d’agir.

Qualifications d’une personne membre d’un CA

Les compétences recherchées par les CA peuvent se distinguer en deux grandes catégories : les aptitudes professionnelles et les qualités individuelles.

Aptitudes professionnelles

Les aptitudes professionnelles réfèrent notamment à l’expérience et l’expertise dans des domaines tels que la comptabilité/finance, les ressources humaines, le droit, la technologie de l’information, etc. Elles comprennent également les compétences relatives à un secteur d’affaires (par ex. : manufacturier, service, etc.), un contexte d’affaires (par ex. : organisation en démarrage, en croissance, etc.), ou un type d’organisation (par ex. : société cotée en bourse, entreprise privée, OBNL, etc.). Normalement, un CA détermine les attributs actuels de ses membres et ceux recherchés dans une matrice des profils et compétences, qui est révisée annuellement.[1]

Qualités individuelles

En plus des aptitudes professionnelles, un CA recherche également différentes qualités chez les administratrices et administrateurs. Plusieurs de ces aptitudes sont abordées ci-dessous à titre d’exemples.

  • Indépendance d’esprit et intégrité : garder une distance, fuir la complaisance, assurer les actionnaires (les membres) et les parties prenantes de la protection de leurs intérêts, dans la réalité comme dans les apparences.
  • Engagement envers l’organisation : assumer un leadership dans le groupe, assister aux réunions de corps et d’esprit, s’intéresser à l’organisation au-delà de la documentation fournie et des réunions, agir pour le bien de la personne morale et non pour représenter un groupe d’intérêt.  
  • Fiabilité et rigueur : agir avec justesse et rectitude, suivre une approche logique et structurée, être bien préparé pour les réunions.
  • Ouverture et contribution : partager son expertise, ses expériences, ses visions avec le groupe, expliquer son point de vue et accueillir celui des autres et d’accepter d’aller au fond des choses, se remettre en question, nuancer sa position et même changer d’idée.
  • Courage : nommer des choses délicates, exprimer un point de vue divergent, revenir à la charge si la réponse reçue est incomplète ou insatisfaisante, prendre des décisions difficiles pour le bien de l’organisation, et rester au CA en période trouble.
  • Positivité et bon esprit d’équipe : faire preuve de résilience, rechercher des solutions au lieu de chercher des coupables, transformer des menaces en possibilités, valoriser la collégialité, ne pas chercher à se mettre à valeur, intervenir pour le bien de la discussion et non pour se satisfaire soi-même.

Qualités individuelles

  • Indépendance d’esprit et intégrité 
  • Engagement envers l’organisation 
  • Fiabilité et rigueur 
  • Ouverture et contribution 
  • Courage 
  • Positivité et bon esprit d’équipe 

Importance du comité ressources humaines

Une saine pratique de gouvernance consiste à avoir des comités statutaires à qui le CA peut déléguer la responsabilité d’analyser et de discuter en profondeur des enjeux pour ensuite lui faire des recommandations. On retrouve trois comités habituels du CA, soit audit, gouvernance et ressources humaines (RH).

De façon générale, le comité RH assume différents rôles dans la structure de gouvernance, notamment la surveillance et l’encadrement de :

  • la nomination de la première dirigeante ou du premier dirigeant
  • le plan de relève
  • l’évaluation de rendement des membres de la haute direction
  • les enjeux RH (par ex. : structure, recrutement, formation, santé et sécurité, EDI, harcèlement, etc.)
  • la rémunération globale (notamment celle de la haute direction)
  • la conformité réglementaire

Normalement, le comité est formé de trois à cinq membres du CA, idéalement indépendants, et est présidé par la ou le membre proposé par la présidence du CA. Il est souhaitable que chaque membre possède une bonne compréhension des questions relatives aux ressources humaines et à la rémunération.[2]

En conclusion, siéger au CA constitue un défi gratifiant et essentiel pour la société afin d’assurer une confiance du public dans les institutions. Les CA recherchent différentes compétences chez les membres actuels et futurs. Les enjeux de ressources humaines étant au cœur des préoccupations des organisations, il n’est guère surprenant de voir l’intérêt des CA pour cette expertise et l’importance sans cesse croissante du comité RH dans les structures de gouvernance.

Formation – Ordre des conseillers en ressources humaines agréés

Siéger à un CA : un rôle sur mesure pour les RH

Les professionnelles et professionnels RH comprennent les réalités organisationnelles qui facilitent ou entravent la réalisation de la mission des organisations. Leurs compétences spécifiques sont précieuses pour les instances de gouvernance, notamment les conseils d’administration. Cette formation a pour objectif d’outiller les CRHA | CRIA intéressés au rôle d’administrateur. Disponible en janvier 2025.


Author
Jean-François Henri, Ph. D, ASC, C.Dir, FCPA

Source : Revue RH, volume 27, numéro 4 ─ Octobre - Novembre - Décembre 2024

  1. Le Collège des administrateurs de sociétés a d’ailleurs développé un outil personnalisable pour aider les CA dans leur démarche, à consulter ici.
  2. Des modèles simplifiés de chartes de comités d’un CA pour petites et moyennes organisations ont d’ailleurs été développés par le Collège des administrateurs de sociétés. Pour en savoir plus, cliquez ici.