Ce n’est un secret pour personne : l’urgence climatique est telle que nous devons passer à la vitesse supérieure. L’étude réalisée par EnviroCompétences, comité sectoriel de main-d’œuvre en environnement, est claire : pour électrifier notre réseau, convertir notre énergie, aménager durablement nos territoires ou optimiser la gestion des matières résiduelles, nous aurons besoin de travailleurs qui ont le savoir-faire nécessaire.
S’adapter à cette nouvelle réalité, c’est ce que le gouvernement du Québec s’est engagé à accomplir en adoptant son Plan pour une économie plus verte d’ici 2030 (PEV). Si cet engagement est louable, réussir le pari de la transition verte au Québec n’est pas chose faite.
Avec la mise en œuvre du Plan pour une économie verte 2030, le Québec connaîtra une croissance significative de l’emploi, avec la création de 8 600 emplois. C’est ce que conclut l’Étude prospective de la main-d’œuvre et des emplois liés à la transition verte et aux changements climatiques, réalisée par EnviroCompétences.
Nous ne pouvons pas passer à côté de la transition verte, considérant les répercussions tangibles des changements climatiques, ni ignorer nos cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES). Compte tenu de la transition verte et de ses effets sur les métiers et professions, la requalification est devenue un incontournable. Le déploiement de formations vertes et adaptées doit être une priorité.
Alors que la rareté de main-d’œuvre constitue aujourd’hui un frein à la croissance potentielle du Québec, les résultats réalisés dans la dernière étude indiquent que la mise en œuvre des actions prévues au PEV offre une possibilité de croissance économique et d’emploi. Cependant, cette croissance est conditionnelle à une bonne adéquation entre l’offre et la demande en compétences et à des déplacements de travailleurs entre les industries et les professions.
Le marché du travail est déjà sous haute tension : récemment au Québec, on comptait moins d’un chômeur par poste vacant; le vieillissement de la main-d’œuvre ne permet guère d’entrevoir un répit, mais il nécessitera un effort sur le plan de la mobilité de la main-d’œuvre et des investissements en formation.
L’étude indique que les ressources libérées par les secteurs touchés négativement par le PEV, comme la fabrication (qui inclut les raffineries), suffisent, du moins en nombre, à répondre aux besoins de main-d’œuvre engendrés par le PEV, notamment dans les services publics (qui incluent Hydro-Québec).
La croissance de l’emploi pourrait aussi être accélérée dans plusieurs professions, notamment les ingénieurs électriciens (CNP 2133). Mais comme elle survient dans un contexte de rareté de main-d’œuvre, des enjeux se profilent quant à la capacité d’attirer et de retenir les travailleurs disponibles au bon endroit et avec les bonnes compétences. Afin d’éclairer au mieux le déploiement des mesures de formation et de requalification, les résultats de l’étude doivent être considérés de pair avec les conditions actuelles du marché du travail, ainsi que la forme et la durée de formation et les autres embûches à la transition des travailleurs.
Des « compétences vertes » seront de plus en plus nécessaires dans un grand nombre de professions ne se limitant pas aux seuls « emplois verts ». Combler les besoins pour de nouvelles compétences ne sera pas facile et pourra commander des actions particulières. Les professionnels des RH seront la clé de ce passage vers le changement; ils contribueront à la réflexion sur le comment. Ils devront également agir sur la détermination des compétences nécessaires, les processus et en mesurer les résultats.
Voici quelques recommandations que met en lumière le rapport, et qui devront être développées dans la prochaine année :
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Briser les silos et développer un réflexe main-d’œuvre
Dans un contexte de rareté de main-d’œuvre, tout nouveau besoin de travailleurs pourrait être difficile à combler. Le manque de travailleurs dans certaines professions ou certains métiers, en particulier ceux avec des compétences spécialisées, pourrait être un frein majeur à la mise en œuvre de projets en lien avec la transition verte.
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Créer un langage commun sur les compétences environnementales
L’un des constats les plus systématiques des études sur les retombées de la transition verte sur l’emploi est qu’elle suscite le développement de nouvelles compétences pour la main-d’œuvre. Ces « compétences vertes » seront de plus en plus nécessaires dans un grand nombre de professions et métiers. Un référentiel des compétences environnementales, qui est en cours de rédaction par EnviroCompétences, deviendra un outil indispensable. Certaines compétences comme l’implantation de modèles et pratiques écoresponsables, l’analyse du cycle de durée utile, l’écologie industrielle, l’écoconception, les énergies renouvelables, l’utilisation de nouveaux matériaux et la traçabilité ne sont que quelques-unes reconnues comme faisant partie à ce jour d’une liste non exhaustive. Les enjeux de la transition verte et la main-d’œuvre seront une occasion pour les professionnels des RH de consolider leur expertise et leur réceptivité face aux changements.
Nous sommes dans une ère de turbulences, mais aussi de grands chantiers verts, aussi la gestion des ressources humaines peut, dans ce grand tourbillon, devenir la gestion verte des ressources humaines (GVRH), nouveau concept fort intéressant, mais à développer encore. L’évidence est que les professionnels des RH auront une grande part d’action et de collaboration vers l’atteinte d’une économie verte. Pour consulter le rapport de l’étude, vous pouvez consulter la version complète en visitant le www.envirocompetences.org.
Recommandations à développer par les RH dans l'année
- Briser les silos et développer un réflexe main-d’oeuvre
- Créer un langage commun sur les compétences environnementales