Les résultats d’un sondage effectué en mars 2022 par l’Association des psychologues du Québec en collaboration avec l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, ont démontré que le stress et l’anxiété (97,5 %) étaient les principaux problèmes observés au sein des organisations, suivis de la perte de motivation (71,3 %) et de l’épuisement professionnel (57,7 %), des difficultés pour lesquelles les PAE peuvent généralement apporter une aide pertinente.
Les lieux de travail sont des sous-systèmes dynamiques pouvant générer une variété infinie d’expériences riches ou plus problématiques. Dans certains contextes, et en raison de possibles vulnérabilités préexistantes, des problèmes de santé mentale peuvent se manifester. Leur source principale peut se révéler être dans la personnalité et les difficultés personnelles propres à un employé affecté, soit être en lien avec l’entourage de celui-ci, issue principalement de son environnement. Le plus souvent, les problèmes de santé mentale au travail sont la résultante d’un ensemble d’éléments personnels et relationnels interagissant de façon complexe et souvent à notre insu.
On observe régulièrement des malaises rattachés à des problèmes relationnels. Des personnalités difficiles, qui font souffrir l’entourage, soit par des conduites ou des attitudes harcelantes, ou trop dépendantes, qui exaspèrent les collègues. Les problèmes d’anxiété sont très fréquents, et ceux-ci se déclinent en diverses versions, si l’on peut dire. L’anxiété sociale, l’anxiété de performance, l’anxiété face à l’image corporelle, etc. Au fil des ans, plusieurs employés vivront des épuisements professionnels; il faudra alors aller plus loin, et déterminer la cause, ou le contexte ayant mené à cette réaction (du harcèlement moral ou sexuel subi, des exigences trop élevées de l’employeur ou du chef d’équipe, la mauvaise attitude d’un collègue, une déception face à un refus de promotion, un sentiment de ne pas être reconnu à sa juste valeur, une surcharge de travail, etc.). Parfois, c’est la mauvaise organisation du travail qui affectera les employés, non pas seulement en raison des tensions et du stress engendrés, mais beaucoup aussi en raison de l’atténuation du sens du travail. Certaines réactions peuvent alors aller jusqu’à la dépression caractérisée, et aux idées suicidaires. Les problèmes de consommation de substances, d’alcool, de drogues ou de médicaments mal employés peuvent, d’effet en effet, directement ou indirectement, et avec le temps, entraîner un employé ou toute une équipe dans le désastre.
La difficulté vécue peut être également plus simple comme une séparation, un deuil, une perte importante dans la vie de la personne. Pour des motifs existentiels aussi importants et cruciaux que tous les éléments précédemment mentionnés, le besoin humain de ressentir un sens à sa vie et à son travail est fondamental. Il faut y porter une attention particulière, car il fait plus de ravages que l’on croit dans plusieurs milieux de travail, sans que l’on s’en rende compte.
Bref, lorsque des difficultés surviennent au travail sur le plan de la santé mentale, l’aide ne doit pas tarder, afin que la situation personnelle, professionnelle ou organisationnelle ne se détériore pas davantage. Les services de PAE s’avèrent alors des ressources essentielles. Le fait que plus de la moitié des gestionnaires seraient sensibilisés aux enjeux de santé psychologique indique une certaine conscientisation des entreprises à ces réalités. Les résultats du sondage ont d’ailleurs démontré qu’en ce qui concerne les principales raisons motivant une organisation à se doter d’un PAE, le coût du programme arrivait au 3e rang après les critères de délais avant d’obtenir des services (68,8 %) et la variété des services professionnels offerts (57,8 %). Ces résultats nous portent à croire que les organisations pourraient être ouvertes à améliorer la disponibilité des services de leur PAE, et ce, malgré les coûts engendrés par de tels services. Notons que chez les organisations ne possédant pas de PAE, le critère de coût arrivait au 8e rang.
Mais à quels besoins au juste les programmes d’aide aux employés doivent-ils répondre? Pour ce qui relève de l’offre de services psychologiques, 96,7 % des conseillers en ressources humaines considèrent important pour leur organisation que leur PAE offre des services de consultation psychologique aux employés. Or, afin que ces services demeurent intéressants pour les psychologues et les interpellent à s’y investir résolument, quelles sont les conditions attendues? Les conseillers en ressources humaines ont démontré un très grand intérêt à travailler avec les psychologues, et les considèrent comme des ressources essentielles. Cependant, dans les faits, et pour un ensemble de motifs qui resteraient à clarifier, plusieurs services de PAE n’offrent pas suffisamment l’expertise psychologique aux employés en besoin de services de santé mentale. Pour s’investir dans des programmes aux employés, les psychologues ont besoin d’une certaine autonomie professionnelle; celle-ci est intrinsèque à leur formation. Ils doivent pouvoir déterminer, en fonction des besoins des employés, la durée du suivi en psychothérapie ou en soutien; les psychologues doivent aussi pouvoir faire eux-mêmes l’évaluation psychologique et l’évaluation des besoins de la personne aidée. Ils doivent pouvoir exercer leur profession dans l’approche ou l’orientation théorique dans laquelle ils ont été formés. Et finalement, ils doivent pouvoir s’assurer que les règles déontologiques de leur ordre professionnel, comme les normes de tenue de dossier, de protection des renseignements personnels, soient respectées. À ces conditions, essentielles en fait dans tous leurs secteurs de travail, les psychologues pourront exercer leur profession de façon véritablement optimale, particulièrement en ce qui a trait à la psychothérapie, dont les études cliniques ont si souvent démontré l’efficacité et l’importance.
En terminant, nous remercions toutes les conseillères et tous les conseillers en ressources humaines qui ont participé au sondage, ainsi que les membres de la direction de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés pour leur collaboration fort appréciée.