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Téléfilm Canada : Droit devant!

Chez Téléfilm Canada, la pandémie n’a pas seulement perturbé les opérations courantes, elle a aussi catalysé une transformation culturelle déjà en cours.
29 juin 2022

Entrevue avec Marie-Ève Mainville, CRHA, vice-présidente Talents et culture chez Téléfilm Canada

La directrice générale et chef de la direction de Téléfilm depuis 2018,Christa Dickenson, est entrée en fonction en se donnant pour mission de moderniser la culture organisationnelle. La pandémie a propulsé cette modernisation, et le travail se poursuit.

« La pandémie a ouvert des portes, tout en créant des défis, explique Marie-Ève Mainville, CRHA, qui occupe le poste de vice-présidente Talents et culture depuis avril 2020. Lorsque j’ai signé mon contrat, le monde était presque normal », dit-elle en riant.

Réinventer les communications internes

La dynamique des communications internes, par exemple, posait problème. Le personnel échangeait surtout au téléphone. Les événements de reconnaissance se tenaient en présentiel, ce qui empêchait les équipes interprovinciales de se réunir pour fêter. En normalisant les caméras et les réunions sur la plateforme Teams, le télétravail a facilité un décloisonnement salutaire, selon Marie-Ève Mainville.

« Certaines personnes qui travaillaient chez Téléfilm depuis des années n’avaient jamais vu leurs collègues des autres bureaux. Du point de vue humain, c’est un gain important, et les gens exigent que ça reste. »

En plus de resserrer les liens interpersonnels, la nouvelle approche technologique a facilité la circulation de l’information au sein de l’organisation. Une fois par mois, la direction présente le travail qui se fait partout chez Téléfilm lors de rencontres plénières virtuelles. Des séances à micro ouvert permettent aux membres du personnel de poser des questions aux gestionnaires, sans égard à la géographie. Le résultat : une expérience de travail plus égalitaire, plus cohésive et plus centrée sur la personne.

Les défis : assurer la continuité de ces succès

Il faudra maintenant pérenniser ces gains dans un contexte de travail hybride. Ce qui implique une réorganisation prudente du travail, de concert avec les secteurs culturels servis par Téléfilm.

« Il faut donner un sens au retour au bureau, dit Marie-Ève Mainville. Déterminer là où les rencontres en personne constituent une valeur ajoutée. Moderniser les salles de conférence en fonction des besoins qu’amènent les réunions en format hybride et former le personnel à l’utilisation de la technologie requise. Ajuster le rythme effréné des réunions que l’on enchaînait sur Teams, pour protéger le bien-être des gens. »

Cette nouvelle vague de changements exigera bien sûr de la flexibilité et de la résilience de la part des gestionnaires. L’équipe RH devra les accompagner afin que la transition s’effectue en douceur. Marie-Ève Mainville cite une maxime qui guide son approche : « Le changement doit être excitant, non pas épuisant! »

Et le recrutement, en contexte de rareté de main-d’œuvre? « Ça se passe assez bien, mais nous devons diversifier nos canaux de recrutement, intensifier nos contacts sectoriels et continuer à développer les compétences à l’interne. »

Une expansion stratégique à vitesse grand V

Contrairement à la plupart des organisations, Téléfilm Canada a dû composer avec une hausse du volume de ses activités pendant la crise : fonds additionnels à distribuer, programme d’assurance pour les entreprises culturelles, etc. Afin d’atteindre les objectifs, il a fallu accélérer le recrutement et élargir les compétences du personnel déjà en place, et ce, au sein de l’équipe RH elle-même.

L’organisation a aussi dynamisé son comité équité, diversité et inclusion, un incontournable selon Marie-Ève Mainville. « Nous avons une équipe qui se consacre à la question, mais tout le monde s’implique aussi dans le dossier. »

L’instauration d’une culture axée sur la communication et sur le développement des compétences, chez Téléfilm, exige que la fonction RH s’ancre dans tous les secteurs d’activité de l’organisation. Ce qu’il reste à faire pour qu’elle puisse occuper un rôle encore plus stratégique à l’avenir? Mieux exploiter l’informatique décisionnelle. « Une bonne analyse de données permet de prédire certains comportements. Il reste à voir comment corréler cette analyse avec la gestion des talents, en raffinant les études. »

Viser haut

Si la fonction RH doit être intégrée à toutes les facettes de l’organisation, la gestion des ressources humaines, en contrepartie, constitue l’affaire de tout un chacun, considère Marie-Ève Mainville. Non seulement de l’équipe de gestion, mais aussi du personnel, qui doit s’investir pour préserver une culture organisationnelle saine.

« Nous avons travaillé fort pour implanter les meilleures pratiques au milieu d’une tempête, conclut-elle. Nous voulons que Téléfilm soit reconnue comme un employeur de choix. »