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La grande démission

24 septembre 2021
Manon Poirier, CRHA

Ce n'est peut-être qu'une impression, et possiblement pas le grand mouvement que certains décrivent et auquel ils ont donné ce nom, mais plusieurs sont préoccupés par les départs au sein des organisations. Comment expliquer ce phénomène? La réponse n'est pas unique, et je n'ai pas non plus la prétention d’avoir cette réponse.

Toutefois, il y a certainement cette pandémie qui a amené plusieurs à réfléchir à leur travail, à la place qu'il prend dans leur vie, au sens qu'ils lui donnent, aux types de défis qu'ils voudraient relever, et ceux qu'ils ne s'en peuvent plus de devoir surmonter. La relation par rapport au travail a changé pour plusieurs, au profit d'un souhait d'un plus grand équilibre et d'une nouvelle définition de la réussite. 

Et il y a ceux qui ont été déçus de la façon dont leur organisation a géré la pandémie. Le manque de considération, l'absence de communication. Je l'ai écrit dans un éditorial précédent : la pandémie a été un véritable test des valeurs pour les organisations, un laboratoire pour observer à quel point l'humain avait véritablement de l'importance. Et de très nombreuses organisations ont été remarquables dans l'adversité, alors que d'autres ont perdu de vue ce qui ultimement fait leur succès en affaires : leurs équipes. Et ces déceptions ajoutent à la valse des démissions.

On a observé que pour ces mêmes raisons, de hauts gestionnaires quittent leur poste ou devront le quitter. Pas simple la pression dans une situation de crise pour les dirigeants! On en parle peu de cet enjeu. Les principaux intéressés sont d'ailleurs les premiers à garder le tout discret. On dirait que ça ne va pas avec l'image du leadership que d'admettre que l’incertitude, c'est pénible. Et pourtant, ça aiderait peut-être tout le monde dans les organisations si ces dirigeants osaient davantage en parler.

Certaines démissions sont plus pragmatiques; ces gens qui quittent leur organisation, car le nouveau modèle de travail - hybride ou pas - privilégié par leur employeur ne leur convient pas. Nul doute que le télétravail en a conquis plusieurs. Et le plus sublime, ce sont les nouveaux démissionnaires qui ont décidé de devenir nomades du travail. Ils vont travailler, peu importe l’endroit sur la planète, jumelant le télétravail à leur passion du voyage et de la découverte. Ah, les chanceux! 

Qu'est-ce que la pandémie aura changé pour vous? Ce qui est certain, c'est qu'elle doit ramener l'humain au centre des décisions. Même quand tout ça sera terminé et derrière nous.


Author
Manon Poirier, CRHA Directrice générale Ordre des conseillers en ressources humaines agréés

Comptant plus de 25 ans d’expérience dans le domaine des ressources humaines, Manon Poirier, CRHA occupe, depuis 2016, le poste de directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, organisation dont la mission est de protéger le public et d’encadrer la profession des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) et des conseillers en relations industrielles agréés (CRIA).

Femme engagée, elle a la réputation de contribuer à faire émerger le meilleur des organisations et des équipes avec lesquelles elle travaille. Avant de se joindre à l’Ordre, Manon Poirier a occupé le poste de vice-présidente, Ressources humaines aux YMCA du Québec.

Manon Poirier est diplômée en droit de l’Université de Montréal. Titulaire d’une maîtrise en sciences de l’administration de l’Université Laval et d’un diplôme d’études supérieures en gestion de HEC Montréal, elle siège à de nombreux comités où son expertise du monde du travail est largement mise à profit. Très active au sein de la communauté, elle a également été membre du conseil d’administration de TDH pour les enfants et de La Relance Jeunes et Familles.


Source : Revue RH, volume 24, numéro 4 ─ SEPTEMBRE OCTOBRE 2021