La crise pandémique que nous traversons aujourd’hui n’est probablement pas qu’une simple transition. Alors que ses effets se font encore ressentir aussi bien sur le plan sanitaire, économique et sociopolitique, elle s’érige également comme le détonateur d’un autre tournant crucial dans le monde du travail, plus précisément dans son organisation.
En effet, il est fort probable que la journée de travail de huit heures au bureau devienne une « norme obsolète » pour ne pas dire dépassée. Il est également certain que le télétravail comme seule option n'est pas viable à long terme, car il entraîne des problèmes complexes, tant aux travailleurs qu'aux employeurs. Un compromis prudent entre ces deux réalités pousse plusieurs organisations à envisager le travail hybride. Il s’agit d’un mode jumelant le présentiel au distanciel, à domicile ou ailleurs, en somme un modèle que de nombreuses entreprises se préparent à adopter après la pandémie.
Microsoft par exemple vient de publier une étude exposant les raisons qui l’ont conduite à développer et faire évoluer sa vision vers le travail hybride. Au cœur de sa priorité, la reconstruction du capital social et la culture de son entreprise avec comme facteur essentiel, la prise en compte de l’expérience de ses employés pour leur offrir une plus grande flexibilité apte à soutenir les styles de travail individuels et fidéliser les meilleurs talents et les plus diversifiés.
Pour sa part, Google est passée à une autre étape consistant à « relooker » l'apparence de ses locaux en prévision du retour de ses employés en septembre 2021. Les bureaux et les salles de réunion habituels seront remplacés par des modules d'équipe adaptables aux besoins d’autonomie et aptes à maximiser la collaboration, la productivité et la capacité d'attirer plus de personnes sur le marché du travail.
Si les atouts du travail hybride semblent séduire employés comme employeurs, il n’en demeure pas moins que de nombreuses organisations réfléchissent encore au bon modèle pour l’articuler et surtout le rendre efficace. Au-delà des traditionnels avantages/inconvénients, les entreprises qui voudront prospérer dans un environnement hybride devront y voir une opportunité de repenser entièrement la façon de travailler, et ce, depuis l’aménagement de leurs bureaux aux infrastructures technologiques qui résistent au travail hybride. Des modalités de coordination, au modèle d’évaluation des performances qu’il convient d’adapter. De la posture managériale à adopter dans cet environnement multimodal, à la culture d’entreprise qu’il faut « nourrir » progressivement pour la rendre solide, engageante et favorable à l’innovation peu importe où les employés travaillent physiquement.
Bref, les entreprises devront inventer l’équation de ce que devra être un écosystème de travail hybride qui arrime à la fois la performance et la qualité de vie au travail, la sécurité et le sens du collectif, le confort et la productivité, le contrôle et la flexibilité. Un écosystème vivant à l'intérieur duquel plusieurs acteurs (en présentiel et en distanciel) interagissent de manière interdépendante pour former une unité fonctionnelle et cohésive au service du projet commun de l’entreprise, de son dynamisme et de sa prospérité.