Chaque année en février, et ce, depuis maintenant 25 ans, on célèbre officiellement au Québec et partout au Canada, le Mois de l'histoire des Noirs. L’occasion de fêter, reconnaître, promouvoir et réfléchir sur les apports des personnes issues des communautés noires, qui contribuent grandement par leur travail et leur engagement à faire des entreprises québécoises, des organisations prospères et du Québec une société diversifiée et multiculturelle.
En effet, plusieurs organismes et firmes ont souligné de différentes façons l’édition 2021 du Mois de l’histoire des Noirs à travers une panoplie d’activités, qui ont pris la forme de webinaires, de boîtes à outils, de publication d’articles ou de rapports. Autant d’occasions pour exposer l’importance des défis de l'équité, de l’inclusion et de la lutte contre le racisme dans les milieux de travail, mais aussi de rappeler des récits qui procurent une lecture juste et courageuse de certaines réalités hélas moins reluisantes auxquelles les travailleurs de ces communautés sont confrontés dans le marché de l’emploi.
En effet, les personnes qui s’identifient comme noires font face à une multitude de défis et de difficultés sur le marché du travail. Il suffit de se pencher sur les derniers chiffres divulgués par Statistique Canada pour s’en rendre compte. L’organisme a choisi, pour souligner le Mois de l'histoire des Noirs, de publier le portrait de la situation sur le marché du travail au cours de l'une des périodes les plus difficiles de notre histoire économique : la pandémie de la COVID-19. Ce portrait révèle un taux de chômage plus élevé, des inégalités de revenus et un important fossé économique persistant entre les Canadiens noirs et le reste de la population.
Les chiffres démontrent que le taux de chômage est plus élevé parmi les personnes noires âgées de 25 à 54 ans que les Canadiens du même groupe d'âge n'appartenant pas à une minorité visible (9,4 % comparativement à 6,1 %). Le taux de chômage était également très alarmant durant la pandémie parmi les jeunes noirs âgés de 15 à 24 ans; près du tiers de la population active de ce groupe (30,6 %) était au chômage en janvier 2021, ce qui représente près du double du taux observé chez les jeunes n'appartenant pas à une minorité visible (15,6 %). Toujours selon la même source, les Canadiens noirs en emploi (9,1 %) seraient moins susceptibles d'être des travailleurs autonomes que les Canadiens n'appartenant pas à une minorité visible (13,6 %). Si ces chiffres sont inquiétants, à certains égards, ils illustrent toutefois les sérieuses difficultés économiques auxquelles se heurtent ces personnes, ainsi que les iniquités qu’elles subissent et que la pandémie a vraisemblablement mises en évidence, voire exacerbées.
Dans une conjoncture où l’équité, la diversité et l’inclusion sont des sujets très débattus dans l’espace public et médiatique, les problèmes de précarisation et d’inégalités des personnes noires demeurent tristement une réalité. Bien que des changements importants dans les politiques et les législations se soient certes opérés et étalés sur plusieurs années de lutte, il n’en demeure pas moins que l’expérience des travailleurs noirs au Canada et au Québec peut être davantage améliorée. Cette amélioration doit passer par la sensibilisation, les discours, mais surtout par des actions concertées, concrètes et structurées de la part des entités politiques et des acteurs du monde des affaires.
Houda Bachisse, rédactrice en chef adjointe, Revue RH, Ordre des conseillers en ressources humaines agréés