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Mot de l’éditrice : Lorsque la performance passe par la confiance

Laissez faire les programmes de surveillance, investissez vos sous et votre temps dans la création de projets porteurs communs, dans l’appréciation de vos contributeurs et dans la reconnaissance de leur apport.

Par : Manon Poirier, CRHA, Directrice générale

Les nouvelles technologies m’enchantent. Elles offrent plusieurs possibilités, elles nous permettent d’être plus efficaces, de prendre des décisions basées sur des données fiables, et bien sûr, de tous nous connecter dans ce monde devenu virtuel dans le contexte de la pandémie. J’admire l’expertise de plusieurs de ces entreprises spécialisées qui, rapidement, identifient un besoin et développent une solution adaptée et accessible. 

Mais loin de moi l’idée de proposer que l’on adopte toutes les nouvelles technologies systématiquement. Il faut qu’elles servent un objectif bien défini, stratégique, et non pas les utiliser juste parce qu’elles sont la dernière nouveauté. D’ailleurs, je m’inquiète toujours des résultats visés par ces nouveaux outils de « surveillance des employés en télétravail » — c’est comme ça qu’ils nous sont présentés. Ceux-ci existaient déjà ou sont nés dans les derniers mois ou d’autres verront le jour incessamment. Ce ne sont pas leur qualité et la proactivité de ces entreprises à mettre sur le marché leurs solutions que je remets en question, mais bien le besoin identifié par les organisations utilisatrices.

Les firmes qui ont eu du succès avant la pandémie, qui en ont maintenant et qui en auront après, sont celles qui misent sur la confiance en leurs équipes. Elles donnent de l’autonomie, de la flexibilité, elles comptent sur les objectifs et les livrables et non sur les moyens de contrôle. Et même en temps de pandémie, en situation de crise, les équipes les plus performantes ne sont pas menées par des gens directifs et contrôlants, mais sont inspirées par des leaders qui font confiance, saluent l’initiative, ne contrôlent pas l’exécution, mais qui, bien sûr, incarnent la vision, dessinent le cadre, et laissent les celles-ci faire ce pour quoi elles ont du talent.

Je suis fondamentalement convaincue que toutes les personnes actives au travail ont l’intention, chaque jour, de bien performer, de contribuer au succès de leur organisation, de collaborer avec leurs collègues pour faire avancer les choses. Elles n’ont pas besoin de mesures strictes de contrôle, de mécanismes de surveillance de l’activité sur leur ordinateur ou encore qu’on s’assure qu’elles sont présentes de 9 h à 17 h. En traitant les gens ainsi, on les déresponsabilise au lieu du contraire. On envoie des messages de manque de confiance, on crée une culture où tout le monde compte les minutes, on impacte de façon négative le sentiment d’accomplissement et de reconnaissance.

Alors employeurs, faites confiance à vos équipes. Comptez sur leur volonté de bien faire et de s’investir, ce sera alors à vous de gérer les quelques exceptions qui ne sont pas de cet ordre. Surtout, ne risquez pas de perdre l’engagement de vos gens qui sont fidèles et compétents parce qu’une infime minorité va vouloir tirer avantage du télétravail. Laissez faire les programmes de surveillance, investissez vos sous et votre temps dans la création de projets porteurs communs, dans l’appréciation de vos contributeurs et dans la reconnaissance de leur apport. Je vous promets que ce sera beaucoup plus rentable. 


Source : Revue RH, volume 23, numéro 4 ─ NOVEMBRE DÉCEMBRE 2020