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HappyTech : quand la technologie fait du bien au travail

Depuis quelques années, les employeurs se dévouent plus que jamais au bien-être de leurs salariés. Le poste de Chief Happiness Officer (CHO) se répand dans certaines industries, et c’est sur cet élan que le mouvement HappyTech a vu le jour en France en 2017. Son ambition est simple : favoriser l’épanouissement des employés en misant sur la technologie.
18 février 2019
Marie-France Bujold

Lomme l’explique Samuel Metias, fondateur et porte-parole du mouvement, « l’idée derrière HappyTech est de mettre les innovations technologiques au service de l’humain, du bien-être et de l’engagement au travail. C’est une boîte à outils de solutions technologiques pour révolutionner le monde du travail. Et comme on passe beaucoup de temps au travail, je crois que cela permettra aussi de changer le monde! »

Des « solutions » innovantes

Le mouvement HappyTech se divise en deux volets. D’abord, il regroupe des entreprises technologiques qui ont mis au point des « solutions » pour favoriser le bien-être des travailleurs.

L’éventail de ces « solutions » est vaste. Il regroupe à la fois des innovations utilisant l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle ou même les neurosciences. Par exemple, la start-up myBrain Technologies a créé un casque qui mesure l’activité cérébrale des employés. Entre deux périodes d’activité cérébrale intense, le casque stimule les mécanismes naturels de relaxation du cerveau, ce qui permettrait de réduire le stress des travailleurs.

HappyTech rassemble aussi des applications pour téléphones intelligents qui ont des visées très variées. Certaines misent sur des activités que les employés peuvent faire ensemble à l’extérieur du travail. D’autres s’intéressent à la santé individuelle des travailleurs.

Mais toutes ces « solutions » ont le même but : favoriser le bien-être et la mobilisation des employés. À ce jour, une quarantaine d’entreprises technologiques ont obtenu l’étiquette HappyTech en France.

Mission de HappyTech

Fédérer les acteurs qui mettent la technologie au service du bien-être en entreprise.

Le sceau Happy responsable

Le mouvement HappyTech propose en outre un deuxième sceau destiné aux compagnies ou aux administrations publiques qui ont à cœur le bienêtre de leurs employés. Il s’agit de l’étiquette Happy responsable.

Ce sceau, que M. Metias compare au logo Écoresponsable, « montre qu’une organisation lutte de façon concrète pour le bien-être et l’engagement de ses salariés. » Selon le fondateur du mouvementHappyTech, cette étiquette rendrait les entreprises plus attirantes et favoriserait le recrutement de jeunes talents.

Pour obtenir l’étiquette Happy responsable, les organisations doivent verser entre 8000 € et 20 000 € (environ entre 12 000 $ et 30 000 $). Elles doivent aussi adhérer à la charte des valeurs HappyTech et utiliser une « solution » dite HappyTech. Elles doivent enfin pouvoir mesurer le bien-être de leurs employés et rendre les résultats publics. Aucune organisation n’a, jusqu’à maintenant, obtenu le titre Happy responsable.

M. Metias soutient que les conditions d’admissibilité changeront prochainement et que le logo Happy responsable deviendra gratuit pour les organisations qui remplissent les critères. Mais encore faut-il être capable de mesurer le bonheur de ses employés!

En somme, force est de constater que le mouvement HappyTech n’en est qu’à ses débuts et que de nombreux ajustements sont encore nécessaires. Cela dit, que les entreprises portent le titre Happy responsable ou pas, en exploitant les technologies pour cultiver le bonheur au travail, tout le monde y gagne. Comme l’explique M. Metias : « Non seulement on favorise le recrutement de nouveaux talents, mais on s’assure de garder ceux qui sont déjà au service de l’entreprise. »

HappyTech Québec?

Au Québec, le mouvement HappyTech n’a pas encore officiellement décollé, mais il suscite beaucoup d’intérêt. Un groupe HappyTech Québec est même en gestation. Avec une vingtaine d’autres personnes, Florian Zaragoci, directeur du développement des affaires chez Sodexo, a participé aux premières rencontres de ce groupe. « On trouvait que l’idée derrière HappyTech cadrait bien avec les enjeux que nous vivons au Québec en ce qui concerne la guerre pour les talents et le fait qu’il faut maintenant offrir plus d’avantages aux salariés », dit-il.

Les membres de HappyTech Québec se sont réunis plusieurs fois au cours de l’année 2018. Ceux-ci discutent encore de la forme que pourrait prendre le mouvement dans sa version québécoise. Selon M. Zaragoci, « il y a certainement une volonté de lancer le mouvement HappyTech au Québec en 2019. Il reste à voir de quelle façon ce sera fait... »

Des innovations québécoises

Sans se réclamer du mouvement, quelques entreprises d’ici mettent tout de même leur savoir-faire technologique au service du bien-être des salariés.

C’est le cas de GSoft, qui a créé l’application Officevibe en 2014. Quatre ans plus tard, cette application est utilisée dans plus de 150 pays par des employeurs qui oeuvrent dans des secteurs très variés. Cet outil suscite beaucoup d’engouement auprès des professionnels RH, car il permet de prendre le pouls des employés en temps réel.

Comme l’explique Julie Jeannotte, experte en culture et engagement chez GSoft, l’entreprise cherchait une façon de mobiliser davantage les travailleurs et de leur permettre d’être plus épanouis au travail. « Nous avons décidé de réinventer le fameux sondage annuel pour le rendre plus efficace, dit-elle. Nous avons d’abord défini dix facteurs qui contribuent à la mobilisation des employés, comme la satisfaction, le sentiment d’appartenance ou encore la reconnaissance. »

GSoft a d’abord testé Officevibe auprès de ses employés. « En un an, notre équipe est passée de 13 à 60 employés, explique Julie Jeannotte. Avec une expansion aussi rapide, Officevibe nous a permis de savoir dans quel domaine nous avions des lacunes afin de pouvoir mieux cibler nos actions... »


Marie-France Bujold 37e avenue

Source : Revue RH, volume 22, numéro 1, janvier/février/mars 2019.