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Nouvelles technologies : quelles applications pour les RH?

Technologies immersives, intelligence artificielle… Les innovations technologiques ouvrent tout un monde de nouvelles possibilités.

1 décembre 2017
Valérie Cordier-Chemarin

Technologies immersives, intelligence artificielle… Les innovations technologiques ouvrent tout un monde de nouvelles possibilités. « On a fait plus d’avancées dans les 20 dernières années qu’au cours des 200 dernières », explique Donald Clark, entrepreneur, chercheur et blogueur, présent au dernier Bootcamp organisé par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.

L’intelligence artificielle pour pallier les faiblesses humaines

« Google, Facebook, Amazon, Apple : tout le monde s’entend pour dire que l’intelligence artificielle (IA) sera la technologie qui fera dorénavant avancer les choses à l’avenir, fait remarquer Donald Clark. En tant qu’apprenant, vous utilisez déjà l’IA tout le temps, lorsque vous cherchez sur Google, par exemple. Les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter ainsi que des services en ligne comme Netflix ont beaucoup investi dans cette technologie. »

Grâce à l’IA, la création de contenus de formation est plus rapide et moins coûteuse. En quelques clics, elle permet de créer du contenu qui prendrait autrement plus d’un mois de travail à un concepteur. Grâce à des algorithmes, des API (Application Programming Interface), des boîtes à outils utilisés par les formateurs et aux données, l’IA peut concevoir et déployer des modèles de formation. Parmi les fournisseurs de ces technologies, on compte de grands noms comme Amazon, Google, H2O.ai, Microsoft et SAS.

« Cette technologie permet d’obtenir un parcours d’apprentissage beaucoup plus sophistiqué à travers le contenu, par opposition aux choses assez plates et linéaires que la plupart des apprentissages en ligne proposent », dit-il.

Or, si l’on parle beaucoup de visites virtuelles de maison, de soins de santé en téléprésence, de jeux vidéo, de clavardage avec des agents conversationnels ou de robots aspirateurs, on ignore souvent un domaine important qui sera transformé par les technologies de demain : la formation.

Comment ces innovations technologiques enrichiront-elles l’apprentissage?

Le robot peut-il remplacer le professeur?

Les scientifiques ne cessent de faire évoluer les technologies, et l’IA peut remplacer l’humain dans de plus en plus de tâches. Ainsi, plusieurs robots peuvent aujourd’hui avoir des interactions avec des gens et même répondre à leurs questions sur certains sujets.

À Atlanta, le professeur Ashok Goel et ses étudiants de l’Université Georgia Tech ont créé Jill Watson, un assistant d’enseignement virtuel, et l’ont testé lors d’une classe en ligne. Résultat : les étudiants du cours ignoraient que Jill n’était pas une vraie personne.

Pour Donald Clark, l’être humain a des limites que peut combler la machine : « Contrairement à un ordinateur, nous ne pouvons pas transférer nos connaissances directement d’un cerveau à l’autre. En plus de cette limitation, nous oublions la plupart des choses que nous apprenons, nous dormons huit heures par jour, nous sommes inattentifs, nous tombons malades et... nous mourons. L’intelligence artificielle n’a aucune de ces contraintes. Dans quelques années, je pense qu’elle saura remplacer les professeurs – pas dans les classes avec des enfants, mais les autres », précise-t-il.

Les technologies immersives

Les expériences immersives ont le vent en poupe, que ce soit dans le monde du jeu vidéo ou du divertissement : il est ainsi possible de visiter le Musée du Louvre comme si on y était ou encore de piloter une voiture de course depuis son salon!

Or, ces technologies immersives contribuent à l’amélioration de l’expérience utilisateur.

En Australie, la Monash University est pionnière en matière de réalité virtuelle appliquée à l’apprentissage. Elle a rendu disponible aux élèves l’Oculus Rift, un casque de réalité virtuelle complètement immersif. La technologie offre des possibilités d’apprentissage illimitées : les étudiants en agriculture vivent presque littéralement auprès de bovins et s’exercent à la culture ; ceux en conception de bâtiment peuvent inspecter des édifices réunissant plusieurs anomalies précises, une expérience difficile à récréer dans la réalité ; les étudiants en physiothérapie jouent avec des images virtuelles de corps pour connaître les postures... Les facultés de médecine s’intéressent aussi de près à la réalité virtuelle, dans l’espoir de parvenir à concevoir des simulations de chirurgie pour les stagiaires.

Grâce à la réalité virtuelle et aux technologies immersives, les entreprises peuvent mettre en place des formations sécuritaires lorsque les zones de travail sont hostiles, former à l’utilisation d’une machine, préparer le personnel à un exercice d’évacuation, lui apprendre à réagir face à un client mécontent, évaluer des compétences en gestion… En France, la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) s’est munie d’un simulateur de réalité virtuelle pour former ses salariés aux procédures de vérification sur les wagons avant qu’ils n’aillent sur les voies. Cela a permis à la société de transport d’entraîner ses employés sur plusieurs types de wagon et de les confronter à tout type d’incident.

Au Canada, le détaillant Lowe’s expérimente les apports de la réalité virtuelle sur l’apprentissage. En avril 2017, l’entreprise a implanté des cliniques de réalité virtuelle (nommées Holoroom) dans un magasin de Burlington, en Ontario, et au RONA de Beloeil, au Québec.

Le principe est simple : munis d’un casque de réalité virtuelle, les clients sont transportés dans une pièce à rénover où ils reçoivent des instructions pour réaliser des travaux, étape par étape. Selon les premiers résultats, publiés sur le site Internet de l’entreprise, la réalité virtuelle de la clinique Holoroom a permis d’augmenter non seulement l’assimilation des connaissances, mais aussi de renforcer la confiance de ses clients et d’accroître leur motivation à entreprendre des travaux de rénovation.

Pour Lowe’s, ce premier projet n’est que le début. L’entreprise souhaite continuer de tester ces technologies afin d’aboutir à des capsules d’apprentissage instantané (how-to), par exemple, et des formations évolutives capables d’outiller les clients et les employés.

Avantages des technologies immersives

  • Contenus de formation plus attrayants
  • Taux d’engagement meilleur
  • Connaissances appliquées sur un terrain virtuel
  • Assimilation plus efficace

De nombreux avantages

Les recherches démontrent que dans le domaine de l’apprentissage, les avantages des technologies immersives sont nombreux : les contenus de formation sont plus attrayants, le taux d’engagement est meilleur, les connaissances peuvent être appliquées sur un terrain virtuel, l’assimilation est plus efficace, notamment pour les notions complexes.

« La réalité virtuelle n’est pas un gadget ou un jouet, mais un nouveau médium, comme la télévision, soutient Donald Clark. Mais que l’on se rassure, ces technologies sont loin d’être des robots à la Terminator qui viendront vous assassiner dans votre lit la nuit! »

Ces innovations ont pour but de faciliter et d’améliorer nos vies, et elles rendront beaucoup plus fascinant l’apprentissage de nouvelles compétences.

Les entreprises sont encore hésitantes

Cela dit, les entreprises sont pour l’instant encore frileuses à l’idée d’utiliser ces technologies de pointe, notamment en raison des coûts de développement. Pourtant, selon Donald Clark, elles bénéficient particulièrement aux entreprises ayant un grand volume d’apprenants, à celles où on manie des produits dangereux... ainsi que l’armée!

Ces innovations dans les entreprises, c’est quand même pour bientôt. Il y a 20 ans, Internet en était à ses balbutiements. Dans 20 ans… le monde sera complètement différent! Donald Clark se fait toutefois rassurant : « Oui, les nouvelles technologies détruiront le système tel que nous le connaissons, mais elles le reconstruiront en mieux! dit-il avec enthousiasme. Il faut les adopter, les utiliser avec intelligence en apprenant, en enseignant... »


Valérie Cordier-Chemarin 37e Avenue

Source : Revue RH, volume 20, numéro Hors-série