Bien en selle dans sa carrière de professionnelle en ressources humaines et prête à donner au suivant, Néma Gaye cherchait l’endroit où ses services feraient la plus grande différence. C’est ainsi qu’elle a pris part à une soirée de réseautage organisée par Concertation Montréal. « Essentiellement, c’était une opération de maillage. Je pouvais identifier les causes qui me tenaient le plus à cœur et pour lesquelles je voulais donner de mon temps. À l’inverse, les organismes à but non lucratif qui participaient avaient accès à nos CV pour connaître les candidats. »
Le choix de Néma Gaye s’est finalement porté sur des OBNL investies auprès des jeunes. Une cause qui tient à cœur à la jeune femme, qui a elle-même bénéficié du soutien de tels organismes au cours de son parcours scolaire effectué en France.
Ce faisant, elle siège depuis avril 2019 au conseil d’administration de Go Jeunesse – Loisirs St-Jacques. Deux mois plus tard, elle a rejoint les rangs du Centre des jeunes l’Escale, dont elle préside le conseil depuis septembre 2021.
Un apprentissage continu
Si elle s’est impliquée d’abord pour faire profiter de son expertise, Néma Gaye retire elle aussi des bénéfices de son rôle d’administratrice. « Quand la direction générale me dit qu’elle se sent appuyée, que je vois que des projets sur lesquels on a travaillé fort aboutissent, je trouve ça vraiment gratifiant de savoir que je suis utile. »
Les premières séances en conseil peuvent être déstabilisantes quand on commence son mandat, concède Néma Gaye. « Au début, je pensais savoir ce que c’était, un CA, mais une fois arrivée, j’ai réalisé que je n’en avais aucune idée ! On parlait du budget, d’enjeux et de tellement d’autres choses qui n’étaient pas en lien direct avec la cause que je me suis demandé dans quoi je m’étais embarquée ! »
Être à l’écoute et faire preuve de curiosité sont des atouts pour se faire une place autour de la table, estime Néma Gaye. « C’est important d’avoir une opinion sur les enjeux, mais il faut aussi avoir l’humilité de poser des questions. Il ne faut pas craindre de ne pas comprendre. Les autres administrateurs plus anciens sont passés par là, eux aussi ! » dit celle qui recommande fortement aux personnes intéressées d’approcher des administrateurs ou administratrices de l’organisme qui les intéresse afin de comprendre en quoi consiste le mandat et quel est l’investissement de temps attendu.
« Certains organismes permettent la présence d’observateurs durant leurs réunions, mentionne la spécialiste en ressources humaines. C’est une bonne façon de s’initier au fonctionnement d’un conseil d’administration. »
La diversité, dans les idées comme à la table
Selon cette double diplômée de HEC Montréal, être habile administrateur ou administratrice, c’est à la fois observer finement et manifester une orientation vers les solutions. « C’est quelqu’un qui est capable d’avoir une vision macro des situations, puisqu’on n’a pas toujours les fins détails de chaque affaire avant de prendre une décision, précise-t-elle. Il faut aussi être à l’aise de faire valoir son opinion même quand elle est divergente de celle de la majorité. Il faut pouvoir “challenger” le statu quo. »
La richesse d’un conseil d’administration tient également à sa diversité. « J’apprends beaucoup des autres personnes assises autour de la table, justement parce qu’elles proviennent d’autres milieux, ce qui nous permet de prendre des décisions bien soupesées et éclairées. »
L’expertise RH gagnerait toutefois à se tailler une place encore plus grande au sein des conseils d’administration de la province, de l’avis de Néma Gaye. « Dans les petits organismes à but non lucratif, comme ceux auxquels je siège, la direction est souvent amenée à porter plusieurs chapeaux », explique-t-elle. Être présente au CA lui permet de prodiguer des conseils sur les normes du travail, les règles et les bonnes pratiques à observer comme employeur et de proposer des moyens d’engager et de retenir le personnel. « Ce seraient des enjeux oubliés s’il n’y avait pas de professionnel en ressources humaines à la table. »
La professionnelle estime que les CRHA apportent une perspective différente, mais de plus en plus demandée et, surtout, très pertinente. « Avec la pandémie, les employeurs gèrent le télétravail; ils ont fait face à la “grande démission” et ils ont développé une plus grande sensibilité aux enjeux qui touchent les ressources humaines. »