Les rites de passage
La vie est faite d’étapes à franchir, de la petite enfance à la fin de la vie. La majorité de ces étapes sont souvent marquées par des rites de passage où nous sommes accompagnés par notre entourage. Les rites associés aux bals des finissants du secondaire marquent la fin d’une étape importante. Dans les organisations, les célébrations des promotions professionnelles et des départs sont aussi des formes de rites de passage.
Nous devons à l’anthropologue suisse Arnold Van Gennep (1873-1957) l’usage commun du terme « rite de passage ».[1] De façon générale, il s’agit d’un processus, mais selon les cultures, ces rites s’appuient sur un apprentissage spirituel et social ou même des épreuves physiques pour marquer ces passages. L’enterrement de vie de garçon, le bien-cuit de la retraite sont des passages clés, des transitions vers un autre chapitre de la vie qui modifient l’identité de la personne. Même, les jeunes enfants des garderies ont droit à leur cérémonie de finissants.
Dans son premier album intitulé Rites de passage, l’auteur-compositeur-interprète Émile Bilodeau, raconte les tourments d'un jeune cégépien au début de la vingtaine en quête de lui-même, alors qu’il s’engage dans un nouveau passage de sa vie :
« Et demain, c'est ma fête et j'espère bien que peut-être Quelqu'un m'offrira une fenêtre, que je pourrai mettre sur ma tête La vie va me donner un an mais je parie que Pikachu serait pas content De savoir que j'm'en vais devenir un homme et que je devrai me séparer de toutes mes cartes Pokémon. Ah shit »
Dans une carrière professionnelle, il y a aussi de ces moments cruciaux qui méritent qu’on s’en souvienne. Toutefois, ces moments de transition ne se déroulent pas toujours très bien, alors qu’il faut accepter que nos « vieux habits » ne nous fassent plus, qu’il faille en quelque sorte laisser aller ce que nous avons été.
Les transitions de postes peuvent dérailler
Généralement, il existe quatre étapes principales de transition dans une carrière professionnelle :
- Contributeur individuel (début de carrière)
- Leader de personnes (responsable d’une équipe)
- Leader de gestionnaires, d’un service ou d’une unité d’affaires
- Leader stratégique (cadre supérieur)
Or, selon Career Builders, 58 % des employés performants et talentueux sont promus à des postes pour lesquels ils n’ont pas toujours été suffisamment préparés.[2]On croit généralement à tort qu’ils seront capables de se débrouiller, peu importe si c’est leur premier rôle en gestion ou une promotion dans un rôle plus important.[3] À cet égard, l’éducation et l’intelligence sont loin d’être des garanties de succès. Près de 50 % des transitions de leadership sont considérées comme des échecs ou des déceptions.[4] Selon la même étude, 68 % des gestionnaires – peu importe leur domaine d’activités - ont trébuché sur des problèmes liés à la politique, la culture et aux relations interpersonnelles.
Peut-on éviter le gaspillage de talents?
L’émotion exaltante d’un nouveau rôle ou d’une promotion ne dure que peu de temps. Lentement, mais sûrement, la réalité - pas toujours facile - commence à s’installer avec son avalanche de doutes et de stress. 75 % des répondants dans une étude réalisée par The Muse ont rapporté que leur nouveau poste s’est avéré très différent de ce qu’ils avaient cru qu’il serait.[5]
Le savoir, les connaissances et les performances antérieures ne sont pas aussi utiles qu’on veut bien le croire. Il y a beaucoup d’autres choses à connaître lors d’une transition professionnelle : le savoir-être, le savoir-faire, la culture, les codes professionnels, les tabous, etc.[6]. Un mentor peut alors être le compagnon idéal pour initier une personne à ces dimensions capitales de son devenir. Cependant, les passages difficiles peuvent aussi être des périodes d’apprentissage très fertiles si l'on a le soutien d’un mentor pour nous guider et nous rassurer. Le mentor est comme un passeur qui aide la personne mentorée à naviguer à travers les obstacles rencontrés pendant une transition vers une « nouvelle rive » comme le fait le « passeur » de Herman Hesse dans le livre Siddhârta.
Le mentorat : pour assurer une meilleure transition
Dans la saga La guerre des étoiles, Luke Skywalker, qui aspire à devenir un Jedi, a d’abord eu Obi-Wan Kenobi comme mentor. Mais, lorsqu’il souhaite passer à un niveau supérieur de Jedi, c’est Yoda qui devient alors son mentor.
Une transition est une réorientation psychologique graduelle alors qu’on essaie de s’adapter à un changement et il faut trouver le bon mentor qui peut nous accompagner durant ce passage. Ce qui importe n’est pas ce que la personne veut accomplir, mais ce qu’elle veut devenir. Même les nouveaux PDG sondés disent avoir bénéficié de l’accompagnement d’un mentor. Une étude à ce sujet révèle que 84 % d’entre eux ont déclaré qu’un mentor leur avait permis d'éviter des erreurs coûteuses et de maîtriser leurs fonctions plus rapidement.[7]
Le mentor ou la mentore n’a pas pour rôle de dire quoi faire, mais il ou elle peut aider la personne à trouver de nouveaux repères afin qu’elle puisse mieux s’orienter dans son nouveau rôle.