Être parent, plusieurs le désirent pendant des années. La parentalité amène bien des moments de bonheur, et aussi, disons-le, des instants où la patience est de mise et les remises en question sont fréquentes.
A contrario, personne n'a jamais eu le désir de devenir proche aidant pour un parent vieillissant. Ça arrive très souvent par surprise. La proche aidance amène une proximité et une connexion humaine significative, mais elle fait vivre bien des moments difficiles, d'inquiétudes, et apporte son lot de recherche de ressources et de frustrations.
Le Québec appuie bien les parents, avec des congés parentaux généreux et un réseau de garderies accessibles. La plupart des organisations offrent aussi une certaine latitude aux parents qui doivent composer avec les aléas des rhumes à la garderie et des rencontres scolaires. Du côté de la proche aidance, le Québec a adopté quelques mesures législatives qui tendent à reconnaître davantage ce rôle exigeant. Les milieux de travail avancent plus lentement sur cet enjeu il me semble, avec quelques politiques souvent calquées sur le minimum dicté par la loi.
Au-delà des lois et des politiques organisationnelles, c’est l’acceptabilité sociale qui doit continuer d’évoluer. Si vous dites à vos collègues que vous devez quitter plus tôt pour amener votre enfant chez un médecin, la réaction que vous aurez souvent c'est « oh, pauvre ti-loup, j'espère qu'il sera correct! ». Si vous informez vos collègues que vous devez vous absenter quelques heures pour accompagner votre père chez le médecin, il est probable que vous ayez peu d'encouragement et qu’on se demande pourquoi votre père ne peut pas y aller seul, ou pourquoi le rendez-vous tombe pendant vos heures de travail. C'est comme moins cute!
Le combo ultime, c'est quand tout y est : travailler à temps plein, avoir des enfants et s'occuper de ses parents vieillissants. Ça fait beaucoup pour ces personnes à la mi-vie qu’on dit, fort à propos, être de la génération sandwich!
Comme CRHA ou CRIA, il est important d'être sensibilisé à ces réalités qui sont de plus en plus fréquentes. Si des politiques existent dans votre organisation, c’est très bien. Je crois qu’il faut également s’assurer de tout mettre en œuvre pour légitimer les gens à tirer avantage de ces politiques. En effet, je vais faire le pari que beaucoup sont plus timides à en faire la demande quand ça concerne le soutien à leurs parents en perte d’autonomie que lorsqu’il s’agit de leurs enfants. Cette validation leur permettra de demeurer performants tout en soutenant adéquatement leurs proches, et en essayant de préserver, un tant soit peu, leur propre équilibre de vie.