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Tout est une question de perspective 

Pour l'Ordre, le projet de loi 42 est marquant : pour la première fois, la notion de compétence des gens prenant en charge les plaintes pour harcèlement en milieu de travail est inscrite dans la loi.
30 avril 2024
Manon Poirier, CRHA

Le gouvernement québécois a adopté, en mars 2024, le projet de loi 42 qui vise à prévenir et à combattre le harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel en milieu de travail. Un projet de loi qui vient notamment modifier la Loi sur les normes du travail et prescrire le contenu de la politique en matière de prévention et de traitement des plaintes en harcèlement. Cette politique doit être en place au sein de toute organisation sous compétence québécoise, quelle que soit sa taille, et ce, depuis le 1er janvier 2019.

Pour l'Ordre, ce projet de loi est marquant : pour la première fois, la notion de compétence des gens prenant en charge les plaintes pour harcèlement en milieu de travail est inscrite dans la loi. Bien sûr, ce n'était pas ce que nous avions demandé dans nos travaux en amont du projet de loi, dans notre mémoire et nos représentations en commission parlementaire. Nous allions beaucoup plus loin, propulsés par la conviction qu'un cadre législatif plus strict dans le cas du harcèlement est la voie pour changer la donne dans nos milieux de travail. Toutefois, un pas a été fait! Un petit pas loin de l'idéal certes, un pas qui peut sembler petit puisqu’il ne tient qu'en quelques mots dans un texte de loi, mais il s'agit néanmoins d'un gain significatif pour la protection du public. Et c'est ce qu'il faut célébrer aujourd'hui.

C'est grâce au travail des CRHA et CRIA qui, depuis des décennies, gèrent la question du harcèlement au sein des organisations, par de la formation, de la prévention, de la médiation et des enquêtes, que l'Ordre est un acteur crédible sur le sujet et qu'il a pu influencer positivement les décisionnaires.

C'est aussi, bien sûr, des années de travail de sensibilisation, de recherche et de représentation de la part de mon équipe sur le sujet; permettez-moi de prendre cette tribune pour les féliciter pour leur persévérance et leur conviction. 

Dans la vie, on a toujours le choix, et c'est le cas ici : on peut choisir le découragement devant tout ce qui manque encore pour véritablement faire cesser le harcèlement et améliorer de façon drastique la prise en charge par les organisations, ou l’on peut réaliser le chemin parcouru et profiter du fait qu'il est possible d'influencer les politiques publiques, petit pas par petit pas. 

L'Ordre sera très rapidement en action pour guider les CRHA et CRIA dans ces changements, ainsi que pour soutenir l'ensemble des organisations québécoises qui, désormais, devront notamment considérer la formation des personnes qui prendront charge des plaintes pour harcèlement.

Ensuite, on reprendra notre courage et notre détermination en continuant de sensibiliser les gens aux conséquences du harcèlement et à la pertinence de nos propositions, toujours au nom de la protection du public et de milieux de travail sains, humains et performants.


Author
Manon Poirier, CRHA Directrice générale Ordre des conseillers en ressources humaines agréés

Comptant plus de 25 ans d’expérience dans le domaine des ressources humaines, Manon Poirier, CRHA occupe, depuis 2016, le poste de directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, organisation dont la mission est de protéger le public et d’encadrer la profession des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) et des conseillers en relations industrielles agréés (CRIA).

Femme engagée, elle a la réputation de contribuer à faire émerger le meilleur des organisations et des équipes avec lesquelles elle travaille. Avant de se joindre à l’Ordre, Manon Poirier a occupé le poste de vice-présidente, Ressources humaines aux YMCA du Québec.

Manon Poirier est diplômée en droit de l’Université de Montréal. Titulaire d’une maîtrise en sciences de l’administration de l’Université Laval et d’un diplôme d’études supérieures en gestion de HEC Montréal, elle siège à de nombreux comités où son expertise du monde du travail est largement mise à profit. Très active au sein de la communauté, elle a également été membre du conseil d’administration de TDH pour les enfants et de La Relance Jeunes et Familles.


Source : Revue RH, volume 27, numéro 2 ─ AVRIL MAI JUIN 2024