Au cours des dernières années, le monde du travail a connu des changements majeurs. Il continuera à en connaître au cours des prochaines années. Pensons à la pénurie de main-d’œuvre, au télétravail et au vieillissement de la population. Plusieurs spécialistes pointent aussi la décroissance de la population en âge de travailler au Québec ainsi que son vieillissement important.
La transition vers la quatrième révolution industrielle a vu une accélération avec la pandémie. Les résultats de recherche « suggèrent que 50 pour cent de la main-d’œuvre devra acquérir de nouvelles compétences au cours des cinq prochaines années en raison de la double rupture occasionnée par la pandémie et l’automatisation technologique croissante. »[1]
Un constat inquiétant en matière de santé psychologique
Une situation qui s’accompagne d’une augmentation des situations de détresse psychologique. D’après les résultats d’une toute récente enquête, 49 % des employés de PME au Canada vivraient avec au moins une difficulté de santé mentale ou de dépendance auto rapportée.[2]
Parmi les constats de l’enquête, l’un d’eux révèle que les signaux sont au rouge, surtout pour les jeunes travailleuses et travailleurs, et que la pénurie de main-d’œuvre est un facteur aggravant.
Chez les 18 à 24 ans, ils sont plus nombreux à ressentir des symptômes d’insomnie (24,3 %), d’anxiété (26,5 %) et de dépression (25,9 %).
Le Conference Board du Canada publie une nouvelle étude[3] sur la relation entre l’assiduité au travail et la santé mentale. Les problèmes de santé mentale coûtent annuellement 50 G$ à l’économie canadienne. Les résultats suggèrent que malgré la fin de la crise sanitaire, les difficultés de santé mentale persistent.
Symptômes des 18-24 ans :
- 24,3 % d’insomnie
- 26,5 % d’anxiété
- 25,9 % de dépression
Nouvelles obligations législatives en matière de risques psychosociaux
C’est pour toutes ces raisons que le déploiement de mesures destinées à soutenir la santé psychologique des travailleuses et des travailleurs est primordial.
La Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail (LMRSST) est venue récemment préciser les obligations des milieux de travail, particulièrement avec l’ajout de la notion de la protection de l’intégrité psychique des travailleuses et des travailleurs.
Parmi les risques psychosociaux[4], on trouve les facteurs liés à la nature ou à l’organisation du travail ou les facteurs sociaux comme :
- la violence physique ou psychologique
- le harcèlement psychologique ou sexuel
- l’exposition à des événements traumatiques
Les facteurs de risques à surveiller
Certains facteurs de risques psychosociaux, séparément ou en combinaison, peuvent influencer la santé physique et psychologique. Ces facteurs doivent être considérés de façon globale, comme agissant les uns avec les autres. Les milieux de travail doivent demeurer vigilants face à ces facteurs :
-
Autonomie décisionnelle[5]
L’autonomie décisionnelle réfère à la possibilité pour la travailleuse ou le travailleur de prendre des décisions au sujet de son travail. Elle encourage l’initiative, l’utilisation de la créativité et le développement des habiletés.
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Charge de travail[6]
Une charge de travail élevée est un facteur de risque qui peut être présent dans tous les milieux de travail. Un déséquilibre dans la charge de travail peut amener des conséquences néfastes pour les travailleuses et travailleurs.
-
Justice organisationnelle[7]
La justice organisationnelle concerne l’évaluation par les travailleuses et travailleurs du caractère juste des politiques, des procédures et des décisions qui les concernent dans leur milieu de travail. Elle fait aussi référence à l’équité dans les relations, les procédures et la distribution des ressources au travail.
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Reconnaissance au travail[8]
La reconnaissance au travail peut venir des collègues et des gestionnaires. C’est un important outil de mobilisation pour les employeurs. Elle permet de reconnaître de manière juste et équitable les efforts et les réalisations du personnel.
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Soutien au travail[9]
Le soutien au travail, c’est l’esprit d’équipe, la cohésion de groupe et la collaboration de la part des collègues et des gestionnaires dans la réalisation des tâches.
Il importe que les employeurs, travailleuses et travailleurs participent à la démarche de prévention : recenser, corriger et contrôler les risques psychosociaux. Par exemple, en mettant en place une politique de prévention et des mesures de soutien dans leur milieu de travail (programmes d’aide aux employés ou ateliers d’autogestion).
Un environnement de travail stimulant offrant de la reconnaissance et un meilleur soutien, de meilleures relations interpersonnelles et une bonne organisation du travail sont de bons moyens pour améliorer la santé psychologique des travailleuses et travailleurs.
Ces derniers doivent faire partie de la démarche de prévention pour protéger leur santé psychologique en milieu de travail. Il faut les consulter afin de mieux les soutenir et prendre en compte leurs besoins.
La protection et la promotion de la santé psychologique sont prioritaires pour les organisations. Les travailleuses et travailleurs sont la ressource la plus précieuse des entreprises. Il faut en prendre soin.
- 7 Ted Rogers School of Management’s Diversity Institute, De la nécessité naît l’invention : compétences pour l’innovation dans un monde postpandémique, publié en juin 2021 (en ligne) https://www.ryerson.ca/diversity/reports/the-mother-of-invention
- Relief | Nouvelles Santé mentale : l'après-pandémie et la nouvelle organisation du travail posent encore des défis pour les PME et leurs employés
- Une nouvelle étude montre que les employés sont toujours confrontés à la stigmatisation de la santé mentale - The Conference Board of Canada.
- Risques psychosociaux liés au travail
- Autonomie décisionnelle
- Charge de travail
- Justice organisationnelle
- Reconnaissance au travail
- Soutien au travail