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Tania Saba, CRHA, Distinction Fellow : une chercheuse audacieuse, une carrière éclatante

Professeur titulaire à l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal, le parcours de Tania Saba est jalonné de nombreux de projets de recherche, de livres et d’ouvrages collectifs.
13 avril 2021

Tania Saba, CRHA, Distinction Fellow est membre de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés depuis 2003. Professeur titulaire à l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal, son parcours est jalonné de nombreux de projets de recherche menés à titre de chercheuse ou co-chercheuse, de livres et d’ouvrages collectifs. 

Tania Saba est tombée, comme elle le dit, dans le champ disciplinaire des relations industrielles tout à fait par hasard. Libanaise d’origine, à son arrivée au Canada, elle voulait se spécialiser en droit du travail. Elle a finalement opté pour la voie des ressources humaines. Ce qu’elle ne regrette aucunement. Pour elle, l’impact social et économique des relations industrielles est une grande source d’inspiration et de motivation.

Tania Saba a une carrière universitaire éclatante. Parallèlement à sa carrière professorale, elle a occupé d’importantes fonctions de gestion : première femme à la direction de l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, vice-doyenne et puis doyenne de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal.

Tout au long de sa carrière, elle mentionne que sa source de motivation provient des sujets pour lesquels elle a fait de la recherche. « J’ai toujours mis de l’avant des sujets pour lesquels on ne fait pas assez de recherche tels que le vieillissement de la main-d’œuvre, la gestion internationale des ressources humaines, toute la question autour des valeurs intergénérationnelles et de la diversité. Allez plus loin dans la réflexion et la recherche est très stimulant. » 

Une carrière en adéquation avec ses valeurs

Tania Saba a trouvé dans le monde universitaire une carrière qui correspond à ses valeurs. Elle mentionne notamment l’importance du climat de travail. « Les divergences peuvent s’y exprimer. Les débats peuvent s’y faire sans acrimonie tout en demeurant des collègues respectueux et amis. » L’enrichissement intellectuel est une valeur importante. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas d’accord sur des idées intellectuelles qu’on n’est pas capable de se parler ou de débattre. La rigueur intellectuelle est aussi primordiale. « L’espace universitaire ne pardonne pas beaucoup; on ne peut pas dire ou faire n’importe quoi. » 

Tania Saba a aussi été gestionnaire. « Une université, c’est une organisation parfois complexe. C’est un milieu qui travaille dans une grande collégialité et c’est parfois délicat pour le gestionnaire. Stimuler des efforts et de l’engagement est un défi qui doit se concrétiser notamment par la collégialité et la négociation. » Elle dit de cette expérience que cela lui a permis de vérifier si ce qu’elle enseigne fonctionne. Affirmatif!

Sur l’évolution de la profession

Depuis 1991, Tania Saba a vu évoluer la profession. Des tâches normatives à une position stratégique, elle se désole cependant qu’on est encore à se poser la question sur le rôle stratégique des RH. Les enjeux les plus critiques dans les organisations sont liés à la gestion des personnes. Il est évident pour Tania Saba que le professionnel en RH doit adopter une posture de leader pour toutes les questions qui touchent notamment l’analytique, les transformations et la diversité. Ce sont des enjeux d’avenir. « Souvent, on s’enfarge dans un rôle opérationnel, car on est envahi par l’administration et l'on oublie qu’on a un rôle qui peut être beaucoup plus proactif. La direction de l’entreprise doit certes donner la place aux RH, mais le professionnel doit montrer qu’il peut aider l’organisation à faire face à ses défis tout en étant à l’écoute des employés. » À son avis, la profession se résume en trois mots : anticipation, innovation et entreprendre. « Il y a beaucoup de changement : on est forcé à innover, à voir les choses autrement. Il faut capter les données et les éléments de diagnostic, en faire l’analyse puis passer à l’action. »

Sur l’année pandémique, Tania Saba mentionne que cela a été un laboratoire vivant pour le travail. L’apprentissage est grand en matière de télétravail, d’utilisation des technologies et de transformations. « Il faut sortir de cette crise en tirant des apprentissages, qu’est-ce qui est à conserver, qu’est-ce qui est à reprendre. Il faut en faire vraiment une réflexion. » 

Optimiste de nature, Tania Saba le demeure pour tout ce qui est lié à la diversité et l’inclusion. « C’est un sujet important dont on a même parlé durant la dernière année alors que la COVID-19 occupait toute la place. » Pour elle, c’est un signe. « Le principal obstacle à la diversité et l’inclusion, nous l’avons vu avec une étude que l’on a fait avec l’OCDE, c’est qu’on ne sait pas quoi faire, on ne sait pas par où commencer dans les organisations. » Pour Tania Saba, comme notre économie est constituée en grandes parties de PME, ce ne sont pas des environnements où l’on peut avoir des experts qui peuvent aider à implanter des mesures. Elle estime qu’il faut avoir des structures de services partagés. « Le problème avec la diversité c’est qu’on a de bonnes intentions, mais on les implante de travers. » Elle mentionne que la diversité ce n’est pas d’avoir des quotas, mais de réaliser que le potentiel humain existe partout. Selon son point de vue, il faut regarder au-delà des parcours traditionnels. La législation pourrait également être plus proactive et les mesures gouvernementales plus claires. 

Elle souligne, à juste titre, sa fierté d’avoir fondé la Chaire BMO en diversité et gouvernance de l’Université de Montréal. L’objectif de cette chaire est de stimuler la réflexion autour des enjeux de diversité et de gouvernance dans les organisations.

Elle est encore fascinée par l’intérêt des étudiants, notamment leur capacité, leur profondeur et leur engagement en relations industrielles. « Tout cela se manifeste à travers les travaux, les présentations et la pertinence des débats. Je pense que c’est à nous, comme universitaires, de veiller à ce que nos cours soient à la hauteur de toutes les transformations du marché du travail. Le défi est encore plus grand de rester à l’avant-garde. »

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Bruno Dupuis, éditeur adjoint, Revue RH, Ordre des conseillers en ressources humaines agréés

Source : Revue RH, volume 24, numéro 2 ─ MARS AVRIL 2021