Miriam Blondin

Les organisations peuvent avoir beaucoup d’influence sur la santé mentale et le mieuxêtre de leurs employés en instaurant, notamment, des politiques favorisant la conciliation entre le travail et la vie personnelle.
Dans le cadre de mon mémoire de maîtrise, je me suis intéressée aux effets de l’utilisation des technologies de la communication sur le conflit entre le travail et la vie personnelle. Malgré le fait que ces technologies facilitent les communications professionnelles, ces dernières peuvent également amener les employés à ressentir une pression pour répondre aux messages reçus hors des heures de travail, affectant ainsi leur vie personnelle. La régulation de l’utilisation de ces technologies est donc un enjeu non négligeable à considérer afin d’améliorer la santé mentale des employés, puisqu’il est important de les laisser se détacher psychologiquement de leur travail.
Sanaa Tmimi, CRIA

Un enjeu pour l’État, les entreprises et les employés
La santé et le mieux-être sont un enjeu pour trois acteurs : l’État, les entreprises et les employés. C’est un enjeu pour l’État car la santé représente 45 % du budget du gouvernement du Québec, et ce chiffre va en augmentant. C’est un enjeu pour les entreprises car les problèmes de santé représentent 17 % de la masse salariale en coûts liés à l’absentéisme et à l’invalidité. Pour les employés, le travail représente 50 % de leur vie éveillée. Sans oublier que, pour la relève, la santé est une valeur très importante lorsqu’on parle de travail (Watson Wyatt Worldwide, 2000).
La pointe cachée de l’iceberg : les coûts indirects et le présentéisme
Le présentéisme est, par opposition à l’absentéisme, le fait d’être présent. Ainsi, un employé peut travailler et être présent sur son lieu de travail, sans pour autant avoir une santé physique ou mentale lui permettant d’être pleinement productif. Le présentéisme est en lien avec la non-santé en entreprise. La non-santé génère deux sortes de coûts : directs et indirects. Les coûts directs sont la pointe visible de l’iceberg (l’absentéisme, les cotisations en santé et sécurité au travail (CNESST)).
La partie immergée de l’iceberg comprend les coûts indirects (perte de productivité, coûts d’embauche et de formation des employés de remplacement) et le présentéisme, qui sont souvent oubliés. À ce titre, plusieurs études d’actuaires ont démontré que les coûts indirects représentent une à dix fois les coûts directs, dépendamment du type d’emploi et du niveau de spécialisation. En ce qui concerne les coûts en lien avec le présentéisme, ils peuvent représenter deux à trois fois ceux de l’absentéisme (Brody et al., 1990).
Les problèmes les plus fréquents en milieu de travail
Ces dernières années, des études ont démontré que les maladies chroniques, les lésions musculo- squelettiques et les problèmes de santé psychologique sont les problèmes de santé les plus recensés en milieu de travail (Santé Canada, 2011). Il reste que certains facteurs de risque liés à ces trois types de problèmes sont personnels, tandis que d’autres sont en lien avec l’environnement de travail. Ainsi, la santé reste une responsabilité partagée entre les employés (par leurs choix et comportements) et les entreprises (en utilisant les leviers mis à leur disposition pour avoir un impact positif sur l’état de santé des employés).
Références bibliographiques
- VERGARA, Daniel (2012). Les troubles musculosquelettiques liés au travail. Agence de la santé et des services sociaux de Montréal.
- BOUTIN, Lucie et Monique Duhamel (2013). Entreprise en santé. Investir dans la santé de vos employés, un choix qui rapporte! [Manuel de formation]. Gouvernement du Québec.
- BRODY, Bernard, Yves Létourneau et André Poirier (1990, septembre). Les coûts indirects des accidents de travail [Rapport R-044]. Institut de recherche en santé et en sécurité du travail.
- Watson Wyatt Worldwide (2000). Staying at Work 2000/2001. The Dollars and Sense of Effective Disability Management [Catalogue no W-377].