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Marché du travail - 2025 : place aux travailleurs non traditionnels

Il y a une vingtaine d’années, Internet révolutionnait les façons de travailler et les habitudes de vie. Aujourd’hui, c’est au tour de la robotisation, de l’automatisation et de l’intelligence artificielle de bouleverser notre quotidien. Ces technologies innovantes créent de nouveaux métiers, de nouvelles méthodes de travail et de nouveaux rapports de force entre entreprise et employés. 

1 septembre 2017
Valérie Cordier-Chemarin

Les gagnants ne sont plus ceux qui avancent lentement avec stabilité et constance, révèle une étude de Randstad sur l’avenir des emplois. Désormais, ce sont les joueurs rapides, souples et surtout agiles qui se démarquent. » Le monde du travail dit « traditionnel » est en pleine mutation et réserve bien des nouveautés. Comment travaillerons-nous demain? »

Attention, zone de turbulences!

Les innovations technologiques modifient la nature du travail. Les entreprises doivent s’adapter à de nouveaux outils, recruter des experts, former les employés, adapter les processus de production… Tous ces changements devraient notamment profiter aux travailleurs non traditionnels. Selon l’étude « Effectifs 2025 : L’avenir du monde du travail », réalisée par Randstad Canada, une entreprise spécialisée en placement de personnel, en recrutement et en solutions RH, les employés dits « agiles » ont un avenir prometteur devant eux. Consultants, travailleurs autonomes, contractuels ou pigistes composent aujourd’hui 20 à 30 % des effectifs des entreprises. Une part qui ne fera que croître puisque près de la moitié des organisations interrogées sont « engagées à se bâtir un effectif variable au cours des cinq prochaines années ».

« Cette flexibilité du statut d’emploi permet une meilleure utilisation de la main-d’œuvre, selon Dominic Lévesque, CRIA, président de la division Professionnels chez Randstad. Pour répondre à un besoin inattendu où il sera nécessaire de surproduire pendant un certain temps, l’entreprise sollicitera plus de gens pour soutenir cette croissance. À la fin du projet, elle pourra rééquilibrer les forces de travail. »

Faire appel à des travailleurs non traditionnels permet aux entreprises de combler des besoins urgents, sans alourdir la masse salariale. « Les personnes agiles sont plus coûteuses pour une entreprise, explique Sébastien Savard, CRHA, associé fondateur de l’agence de recrutement Sourcinc. Les travailleurs non traditionnels doivent pallier les périodes creuses et donc facturent en général plus que ce que coûterait l’embauche d’un salarié. Malgré cela, l’entreprise y trouve son compte puisqu’elle peut répondre à un besoin à court terme, sans avoir à assumer de charges salariales ni verser d’indemnités de départs. »

Des compétences à la carte

Les entreprises voient également la possibilité d’accéder à certains types de talents plus pointus. Ne pouvant se permettre d’embaucher un spécialiste de façon permanente, ce système de recrutement flexible leur permet de se payer les services d’un professionnel le temps d’un projet. Autres atouts, selon l’étude de Randstad : l’accès plus rapide aux travailleurs, l’accélération des processus d’embauche ainsi que la durée des mandats et la capacité de ces personnes à s’adapter à un nouvel environnement et au poste.

D’ici 2025, le marché du travail aura changé de visage et les entreprises feront face à une pénurie de certains talents, toujours selon l’enquête. La mobilité des travailleurs sera l’une des réponses à ce problème. « La technologie a rendu le monde de plus en plus petit, indique-t-on dans le rapport d’étude. La mondialisation poussera les entreprises qui veulent croître et demeurer dans la course à se bâtir un bassin d’employés agiles qui leur permettra d’attirer les talents de partout dans le monde. »

Cinq principaux attributs des travailleurs agiles

  1. Compétences / connaissances
  2. Disponibilité à la demande
  3. Durée du mandat et horaires flexibles
  4. Capacité de s’adapter rapidement au poste
  5. Expérience diversifiée

Un partenariat gagnant pour l’employé aussi

Qu’on se rassure, nos deux experts sont d’accord sur le fait que le travail permanent ne disparaîtra pas. Il s’agit simplement d’une nouvelle forme de travail qui peut en satisfaire plus d’un. « L’emploi non traditionnel permettra aux gens d’avoir des expériences différentes, d’élargir leur réseau, d’acquérir des compétences et de travailler sur des projets divers, précise Dominic Lévesque. Les milléniaux, par exemple, aiment beaucoup cette façon de travailler. »

Dans des secteurs comme les TI, l’agilité est monnaie courante, et nombreux sont ceux qui y trouvent le bonheur. « Certains de mes clients ont refusé des contrats permanents à plus de 120 000 $ par année, car ils préfèrent l’indépendance que leur procure le travail agile, révèle Sébastien Savard. Dans ce domaine, les professionnels n’ont pas vraiment de stress, car la demande est forte. En moins de deux semaines, ils peuvent se trouver un nouveau contrat. »

Ingénierie, soutien administratif, vente et développement des affaires sont aussi des domaines plus propices au travail non traditionnel, selon l’étude de Randstad.

Une bonne équipe de recrutement permettra à une entreprise d’être et de rester concurrentielle.

Des équipes de recrutement adaptées

Pour Dominic Lévesque, les ressources humaines doivent aussi se réinventer. « Les recruteurs, qui étaient auparavant au bas de la chaîne alimentaire du métier des RH, sont maintenant au sommet, dit-il. Aujourd’hui, et ce sera encore plus vrai demain, une bonne équipe de recrutement permettra à une entreprise d’être et de rester concurrentielle. »

Ces professionnels de l’embauche devront développer de nouvelles aptitudes quant à l’arrivée des employés mobiles. « Avant, explique Dominic Lévesque, le rôle du recruteur était d’aller chercher les talents. Aujourd’hui, on doit plutôt savoir comment les aborder et créer des liens avec eux. »

Avec la numérisation et la concurrence toujours plus redoutable, les entreprises n’ont pas d’autre choix que de se doter d’un nouveau mandat : prédire l’avenir. Désormais, il faut anticiper les besoins des clients et y répondre le plus rapidement possible. Dans ce monde où tout s’accélère, les travailleurs non traditionnels offriront un plus vaste champ de compétences afin de réagir aux fluctuations. En bref, les agiles ont un bel avenir devant eux !


Valérie Cordier-Chemarin 37e Avenue

Source : Revue RH, volume 20, numéro 3, septembre/octobre 2017