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Louis Garneau Sports : la culture de la passion

Chez Louis Garneau Sports, on retrouve, bien ancrée dans la culture organisationnelle, la passion de son fondateur, ancien champion cycliste au grand cœur. Comment transmettre ses valeurs dans son entreprise et à ses employés? Réponses.

26 avril 2016
Emmanuelle Gril

On peut dire que Louis Garneau Sports est parti de pres­que rien… En fait, tout a commencé dans le garage du père de Louis, à Sainte-Foy. C’est là qu’en 1983, avec son épouse Monique Arsenault, le champion international a entrepris la confection de ses premiers vêtements cyclistes.

De fil en aiguille, les affaires prennent une telle expansion qu’il faut déménager dans une usine à Sainte-Foy, ce qui donne le coup d’envoi officiel de l’entreprise, en 1984. Puis, passée de cinq employés à seize, l’entreprise déménage encore. En 1985, elle emploie 118 personnes et distribue ses produits aux quatre coins du Canada. Aujourd’hui, Louis Garneau Sports occupe plus de 500  employés, dont 225 au Québec, a ouvert des usines dans plusieurs pays et vend ses produits – vélos, casques, vêtements de sport, etc. – partout dans le monde. L’entreprise commandite aussi des équipes cyclistes professionnelles et soutient plusieurs coureurs, en plus de s’impliquer dans des causes qui tiennent à cœur au président-fondateur, comme Les Petits Frères, le Grand défi Pierre Lavoie, la Fondation du cancer du sein du Québec, Centraide et Coast to Coast Against Cancer.

Des valeurs fortes

Être de passion et généreux de nature, Louis Garneau a su insuffler ses valeurs dans son entreprise. Ainsi, les employés sont encouragés à enfourcher leur vélo, à faire de l’activité physique et à adopter de saines habitudes de vie.

Louis Garneau Sports a toujours su garder une grande proximité avec ses employés, encourageant la fraternité, les échanges et la communication, indique la directrice des ressources humaines, Élisabeth Petit, CRIA. « L’entreprise s’est donné comme mission de faire vivre des émotions à ses clients, ce qui ressort d’ailleurs clairement de notre dernière campagne publicitaire Vis ton rêve. Nous vendons du plaisir et nous voulons véhiculer les mêmes valeurs dans nos murs. Pour nous, plaisir et satisfaction au travail relèvent du même esprit. »

3 conseils pour mobiliser ses employés

  1. Avoir l’appui de la haute direction.
  2. Faire preuve d’authenticité.
  3. Ne pas essayer de faire comme les autres, trouver ses propres solutions.

Dans l’ADN de Louis Garneau Sports, on retrouve aussi respect, esprit de famille et travail d’équipe. « C’est la même chose en cyclisme : ce n’est pas un sport individuel, les courses se font en peloton, illustre Mme Petit. Nous avons transposé cette notion au sein même de nos activités, où chacun a un rôle à jouer et doit soutenir ses coéquipiers. »

L’innovation fait aussi partie des valeurs fortes de Louis Garneau Sports qui, pour rester constamment à la fine pointe, a besoin de gens créatifs qui réfléchissent à l’amélioration continue des processus. « Tous nos employés sont incités à faire preuve d’innovation. Ce n’est pas facile à mettre en œuvre dans chaque secteur; la couture par exemple est un domaine qui est difficile à renouveler, mais on s’y efforce », souligne Élisabeth Petit.

« Nous avons résumé ces valeurs avec un acronyme : P.R.I.E.R., autrement dit Plaisir Respect Innovation Équipe Relève », indique la directrice des ressources humaines, qui précise en riant que cela n’a toutefois rien à voir avec la religion.

Enfin, développer la relève à l’interne pour assurer la pérennité de l’entreprise est aussi au cœur des préoccupations de Louis Garneau Sports. C’est ainsi que l’organisation familiale est en processus de relève par les enfants, Édouard, William et Victoria Garneau.

Bien-être et activité physique

Très impliqué dans sa communauté, Louis Garneau Sports incite ses travailleurs à en faire autant. « Nous participons à des événements ou nous en organisons, et nous favorisons le bénévolat et les donations de nos employés, explique Élisabeth Petit. Par exemple, ils font des ventes de hotdogs, des activités de cardiovélo en équipe pour recueillir des fonds pour de bonnes causes. Chaque année, nous nous investissons aussi dans la promotion du Granfondo Garneau-Québécor, un événement visant à encourager l’activité physique tout en amassant de l’argent pour Les Petits Frères, un organisme qui soutient les personnes âgées seules. » Mme Petit précise d’ailleurs que, dans la culture organisationnelle, il y a une forte adéquation entre le sport et l’engagement communautaire.

Le sport se trouve non seulement au centre des activités de l’entreprise, mais il la guide également dans sa gestion des ressources humaines. Le programme santé et mieux-être est très développé, avec un gym entièrement équipé et des cours de toutes sortes (zumba, Pilates, cardiovélo, etc.) sur les lieux de travail ainsi que des ateliers et des formations (sommeil, physiothérapie, mécanique du vélo, etc.).

« Nous offrons aussi des rabais aux employés pour diverses activités sportives en plus de favoriser les activités reliées au vélo : sorties pendant l’heure du dîner et en fin de semaine, accès aux ventes VIP pour se procurer nos produits à très bons prix, inscription payée à des clubs de compétition cyclistes. Nous offrons également des vélos hybrides dans le cadre du programme de reconnaissance pour années de service. »

Le lancement de la campagne publicitaire Vis ton rêve a aussi incité le service des ressources humaines à lancer à l’interne le projet Rêveurs recherchés. Les employés sont invités à inscrire un rêve sportif sur une carte et à l’afficher sur un mur prévu à cette fin. « Ce rêve peut être de participer à une course à vélo, de faire une sortie sportive par semaine avec ses enfants, de se mettre au jogging, de faire un marathon, etc. On va les aider à atteindre cet objectif d’ici la fin de l’année et il y aura aussi un tirage pour récompenser les participants. »

Lors des sorties à vélo du midi, déclinées en groupes de différents niveaux, rien n’est laissé au hasard. L’entreprise offre aux cyclistes un rabais sur les maillots et, lors de certaines sorties, des véhicules de sécurité encadrent les employés. Le président se joint d’ailleurs souvent à ces randonnées cyclistes, ce qui le rend plus accessible.

En hiver, raquette et ski de fond sont aussi au programme. Les employés sont également invités à tester de nouveaux produits comme le fatbike (vélo à neige) en se rendant sur la propriété de Louis Garneau, dont une partie est une terre à bois qui comprend de nombreux sentiers. Et si le vélo sur route leur manque, plus de 25 cardiovélos sont mis à leur disposition matin, midi, soir, le tout en musique, avec des cours qui peuvent être donnés par Louis Garneau lui-même. « Toutes ces activités incitent les gens à s’y mettre, en plus de créer un sentiment d’appartenance très fort, fait valoir Mme Petit. Et ça fonctionne! Pour ma part, je pratiquais déjà le jogging, mais j’ai commencé le spinning et le vélo de route. »

Les résultats en termes de santé au travail sont probants. Ainsi, on note moins d’absence au travail, une amélioration de l’équilibre travail-vie personnelle et de la santé mentale en général. « Les gens nous font beaucoup de commentaires positifs et disent que cela les aide à évacuer le stress », affirme la directrice des ressources humaines.

Selon elle, le fait que ces valeurs émanent du fondateur, qu’il ait su s’entourer d’une équipe de direction qui les partage et qui est très engagée en ce sens, favorise leur enracinement dans la culture organisationnelle. Et elle conclut : « Le défi est de communiquer ces valeurs constamment et de rappeler à nos employés les services auxquels ils ont accès, car on peut avoir tendance à l’oublier. Au-delà du salaire, cela fait partie de l’ensemble de la rémunération globale. »

Louis Garneau Sports en chiffres

  • Fondation : 1983
  • Nombre d’employés : 225 au Québec, 500 dans le monde
  • Usines de production : 4
    (Saint-Augustin-de-Desmaures, Mexique, Chine, Vermont)
  • Service RH : 6 personnes réparties dans 3 bureaux
  • Taux de roulement : moins de 6 %

Emmanuelle Gril

Source : Revue RH, volume 19, numéro 2, avril/mai 2016