Cette obligation de performance, parfois jointe à l’inquiétude pour l’avenir, à des conditions de travail dégradées, peut créer énormément de stress sur les employés, ce qui a une incidence significative sur leur rendement. Elle mène souvent les travailleurs tout droit à l’épuisement, à la détresse, à la dépression. C’est ainsi que, dans certaines entreprises où l’absentéisme est devenu un enjeu majeur, le coût des problèmes de santé est très élevé.
Toutes les études le démontrent : le bien-être – et la satisfaction – des employés est un facteur d’efficacité pour l’entreprise. Mais comment s’y prendre pour créer un environnement sain pour les travailleurs? Que faire pour qu’ils aiment venir travailler, pour qu’ils soient heureux au sein de l’organisation?
Selon moi, l’investissement dans le mieux-être et la santé des salariés ne peut que générer des économies pour l’employeur. En effet, des employés qui se sentent bien dans leur milieu de travail ne rechignent pas à venir y travailler. Résultat quasi infaillible? Ils sont moins stressés. Donc, baisse du taux d’accidents, diminution de l’absentéisme, et ainsi de suite.
Créer une culture de santéLes employeurs sont de plus en plus conscients que la performance de leur organisation repose sur un facteur capital : la santé des employés. Préoccupation relativement récente, la santé au travail devrait maintenant imprégner les mentalités et les comportements des différents acteurs. La mise en place d’une telle culture passe, j’en suis convaincu, par une démarche participative entre les dirigeants, les salariés et les professionnels de la gestion des ressources humaines.
Mais comment faire? Pour les employeurs, il s’agit d’abord d’inscrire la santé et la présence au travail parmi les enjeux stratégiques de l’entreprise. Ils doivent ensuite promouvoir des valeurs altruistes comme la confiance, le respect des personnes, la tolérance; ils doivent aussi donner leur appui inconditionnel à de bonnes pratiques telles que la communication, le soutien du supérieur, une meilleure organisation du travail et la reconnaissance des employés ainsi qu’à des solutions concrètes pour améliorer la santé des personnes. Les effets sur la productivité, la créativité et la loyauté des employés couleront de source, influençant ainsi la performance de l’entreprise.
De leur côté, les salariés doivent évidemment contribuer à l’établissement d’une culture de santé par leur propre souci de leur bien-être physique et mental. Faire de l’exercice, bien se nourrir et arrêter de fumer, se livrer à des activités de détente, bien gérer son temps, voilà divers moyens de demeurer en forme et bien dans sa tête…
Notre rôle?Pour notre part, en tant que professionnels de la gestion des ressources humaines, il nous revient de mettre de l’avant des initiatives qui vont de la prévention à la promotion de la santé au travail. Notre responsabilité consiste à veiller au mieux-être des travailleurs par l’entremise de politiques, de programmes (conciliation travail/vie personnelle, flexibilité d’horaire), de solutions concrètes pour améliorer la santé des personnes (cafétéria santé, accès à une salle de gym ou à des cours de yoga, etc.). En plus de promouvoir un environnement sain et non toxique, nous pouvons aussi favoriser jusqu’à un certain point le partage de l’autorité et faciliter le travail au lieu de le contrôler. C’est ça aussi, encourager le bien-être au travail!
Il s’agit également d’informer les employés sur un mode de vie sain, de reconnaître leurs efforts, d’indiquer les moyens à leur disposition, de faire connaître les procédures. La communication joue donc un rôle essentiel. Nous devons être proactifs à cet égard : faire parler les travailleurs sur leurs attentes, leurs mécontentements, leur satisfaction, par voie de sondage notamment, nous permettra de connaître leur avis sur le bien-être en milieu de travail et, ultimement, de diminuer le nombre d’accidents ainsi que les réclamations pour incapacité.
Bref, instaurer une culture de santé, c’est une stratégie gagnant-gagnant : des employés en forme et une organisation performante et efficace. C’est aussi un des éléments qui fait la réputation de l’entreprise comme employeur. Une organisation réputée pour son environnement sain et stimulant attire les candidats de talent en plus de fidéliser et de mobiliser son personnel.
Alain Desgagné, CRIA, président du conseil d’administration
Source : Effectif, Volume 11, numéro 4, septembre/octobre 2008