À une époque où tout va vite, nombre de travailleurs sont tentés de « sacrifier » l’heure du lunch aux besoins professionnels.
Mais, rares sont ceux qui peuvent enfiler sept, huit, neuf ou dix heures de travail successives sans éprouver de la fatigue. À long terme, cette habitude risque même d’épuiser à petit feu. Pour la plupart des gens, la pause du lunch, située en milieu de journée, rythme la journée de travail en divisant le temps en avant-midi et en après-midi. Elle correspond à un temps autre, un temps actif ou un temps mort, selon la nature des activités ou sa personnalité. Qu’on profite de la pause du midi pour relâcher l’attention ou pour optimiser ses activités, la façon d’occuper cette période mérite qu’on s’y attarde.
De bonnes raisons de faire une pause
Pourquoi lâcher prise à l’heure du dîner? Des spécialistes de la santé vont jusqu’à qualifier cette période de « vitale ». Bien utilisée, elle permet aux travailleurs de diminuer la pression, source de stress, d’éviter les accidents liés à la somnolence au travail, de briser la monotonie des actes répétitifs, de reprendre son souffle grâce à un moment de liberté. Quels que soient les avantages de ce temps d’arrêt au milieu de la journée, l’art et la manière d’en profiter favoriseraient la productivité de tous. À l’inverse, tout ce qui contribue à prolonger l’activité intellectuelle ou l’attention au travail, comme une discussion de travail, un repas d’affaires ou une réunion de travail, annulerait les bienfaits de cette pause.
Des idées de pauses-dîners
Comment profiter au maximum de ce temps libre? Il existe plusieurs types de pauses adaptés aux goûts de chacun…
La pause sportive
Pour se défouler, garder la forme physique, faire le vide dans sa tête ou prendre du recul, les activités sportives sont tout indiquées. Elles peuvent avoir lieu dans la salle de gym de l’entreprise, dans un club sportif à proximité ou dans la rue (courir ou marcher). Les sportifs apprécient une salle de douche disponible après l’effort.
La pause détente
Pour relaxer et relâcher la pression, la pause zen se déploie en de multiples activités : yoga, exercices de respiration et d’assouplissement, musique, lecture, promenade, méditation, etc. Certaines entreprises engagent des professeurs de yoga ou des spécialistes du massage, de la sophrologie, etc.
La pause créative ou récréative
Pour explorer un art, cultiver son jardin secret, jouer ensemble ou se ressourcer, une pause créative (ou récréative) s’impose. Certains employés en profitent pour jouer (jeux en ligne, billard, etc.), perfectionner un art (écriture, dessin, musique, etc.), participer à un atelier de cuisine, de chorale, de danse, etc. Laisser libre cours à ses pulsions créatrices est un bon moyen de lâcher prise le midi.
La pause utile
Pour gagner du temps ou rattraper un retard, ajouter des cordes à son arc ou régler des affaires personnelles, la pause se fait utile. Pour certains, elle consiste à répondre à des courriels laissés en suspens, à planifier une activité ou un voyage, à organiser leur agenda, à faire un achat, à aller à la banque, etc. D’autres préfèrent disposer de ce temps pour améliorer une compétence (comme l’apprentissage d’une langue), se former et se tenir informé sur des sujets d’intérêt général ou d’actualité avec l’invitation d’un conférencier.
La pause relationnelle
Pour passer du temps avec des amis, cultiver ses relations ou étendre son réseau, la pause relationnelle est l’occasion d’entretenir ou d’enrichir des liens sociaux et professionnels. Des employés invitent leurs amis à déjeuner pour bavarder d’autre chose que du travail. Une façon de concilier l’utile à l’agréable est de rencontrer des confrères d’une autre entreprise ou des clients potentiels autour d’une bonne table.
Faut-il créer un espace de repos au travail?
Dans certains milieux de travail, comme les hôpitaux américains, la sieste est devenue réglementaire pour la détente du corps et de l’esprit. Des pièces isolées et insonorisées sont mises à la disposition des employés. En Chine, la sieste est un droit inscrit dans la constitution. Au Japon, certaines entreprises imposent même ce repos obligatoire pour augmenter l’efficacité au travail. Pour les entreprises qui ne peuvent fournir un salon de sieste, une PME de Kobe a commercialisé un coussin gonflable à placer sur son bureau. La sieste fait même partie de la culture de certains pays latins, comme l’Espagne où un réseau national de cafés-salons rend possible un petit somme en pleine journée de travail. Et que penser du premier centre de sieste créé en 2007, dans un quartier d’affaires de Lyon, en France? Ce centre propose une séance de vingt minutes de sieste dans un espace de détente ainsi qu’une petite collation, en insistant sur les vertus de la sieste : décompresser, récupérer et se régénérer pour améliorer les performances intellectuelles et la capacité créative.
Faire preuve de civilité
Lorsque l’heure du lunch est consacrée à dîner ensemble, autant en profiter pour en faire un moment agréable. Contrairement à l’adage, les paroles ne s’envolent pas toujours… Indiscrétions, confidences excessives, familiarité déplacée ou propos ambigus peuvent écorcher la réputation d’une personne. S’il est agréable de décompresser en bonne compagnie, il est préférable de ne pas se laisser aller jusqu’à une totale décontraction au risque de compromettre son image ou de mettre à mal ses relations professionnelles.
Et qui n’a jamais été agacé par ceux qui monopolisent l’attention tout au long de la pause-dîner, limitent l’objet de leur conversation à un seul sujet personnel, se plaignent ou polémiquent continuellement, rapportent
quotidiennement les pires faits divers, répandent leurs préjugés sur un groupe, multiplient les remarques ironiques? Privilégier l’humour sans retenue favorise la bonne humeur collective.
Lunch en groupe ou en solo?
Prendre le temps de discuter à midi est souvent l’occasion de socialiser avec ses collègues, de cultiver ou d’enrichir ses relations avec des collaborateurs. Pourtant, certaines personnes font lunch à part le midi. Un choix volontaire ou une réalité subie? Quelques-unes justifient ce choix parce qu’elles sont « débordées » ou parce qu’elles ont un désir de solitude. D’autres mangent dans leur coin parce qu’elles craignent de s’imposer aux collègues sans invitation explicite de se joindre au groupe. Selon des spécialistes, le fait de rester à l’écart peut parfois exprimer une tendance au repli sur soi. Mais elle peut aussi être exacerbée par la culture de l’entreprise si, comme le souligne Patrice Lacombe, « les échanges fonctionnels et rentables sont privilégiés au détriment de la communication relationnelle ». C’est aussi le cas si « les salariés se sentent en insécurité et s’isolent pour se protéger », si le nouvel employé a du mal à trouver sa place dans le groupe et à exister dans l’équipe (« Au bureau, je reste toujours à l’écart », Psychologies, 2010). Un petit coup de pouce pour intégrer chacun à sa table et un petit effort pour sortir de sa bulle sont parfois nécessaires pour profiter ensemble de cette pause et la transformer en un moment convivial.
Myriam Jézéquel, journaliste indépendante
Source : Effectif, volume 14, numéro 1, janvier/février/mars 2011.
Sources
- Richard Giguère , docteur en chiropratique, entrevue accordée au Journal de Montréal, 3 décembre 2010
- Japon: repos obligatoire
- Fabrice Lacombe, coach et formateur, « Au bureau, je reste toujours à l’écart », Psychologies, n° 300, oct. 2010, p. 122.