ressources / ressources-etudiants

Le droit à l’erreur comme moteur de votre entreprise

Faire des erreurs contribue à notre apprentissage et à notre épanouissement professionnel. En entreprise, c’est un droit qu’il faut encourager. L’auteur partage ici ses expériences en la matière en tant que gestionnaire.
21 avril 2022

Faire des erreurs, c’est essayer, risquer, apprendre et devenir une meilleure personne. Il faut non seulement le permettre, mais l’encourager! Et en tant qu’entreprise, avoir la volonté d’implanter cette culture du droit à l’erreur. Aujourd’hui, je compte partager avec vous mes observations et expériences en la matière.

Pour l’organisation

Le monde change rapidement, porté par des technologies qui évoluent très, très vite. Considérant cela, il serait utopiste d’essayer d’innover sans se permettre d’échouer. Le droit à l’erreur devient alors une force qui peut s’avérer stratégique pour l’organisation, et qui va main dans la main avec une culture d’innovation et de performance. L’esprit entrepreneurial, la culture « start-up agile » si prisée aujourd’hui des entreprises, s’articule autour d’une certaine acceptation de l’échec. Et plus la marge d’erreur acceptée par l’organisation est grande, plus l’employé se sentira en confiance pour donner libre cours à sa créativité. Affranchir les employés de leur peur de l’erreur leur confère une plus grande liberté d’expression, ce qui profitera à la capacité d’innovation de toute l’organisation. 

Pour l’employé

La notion de bien-être au travail est centrale aux stratégies des ressources humaines. Elle contribue tant à l’attraction des employés qu’à leur fidélisation. Or, le bien-être est directement affecté par le niveau de stress vécu au sein d’une entreprise. Bénéficier d’une marge d’erreur et sentir que cela fait partie de la culture crée un sentiment de sécurité et de bien-être dans l’esprit des travailleuses et travailleurs.

L’acceptation du droit à l’erreur renforce aussi le sentiment d’appartenance. N’étant plus paralysés par la crainte d’échouer, les membres de l’organisation sont plus disposés à proposer des projets audacieux qui sortent des sentiers battus. Un projet qui prend forme, une idée retenue, une action mise en place devient une façon de valoriser la contribution individuelle ou collective à l’organisation. L’individu éprouve alors un sentiment d’accomplissement et apprécie cette chance qu’il a de se réaliser personnellement dans son travail. La ligne de démarcation est mince entre travail et vie personnelle, c’est pourquoi nous devons aimer ce que nous faisons et y prendre du plaisir tous les jours. 

À un moment, j’ai recruté une personne pour mon équipe. Après avoir passé quelques mois au sein de notre organisation, elle m’a confié qu’elle se sentait revivre professionnellement. Il y avait plusieurs années déjà qu’elle avait fait une croix sur sa créativité et sa volonté de mettre en place des nouvelles façons de faire, et qu’elle s'était résignée à terminer sa carrière en exécutant simplement ce que le patron exigeait. Mais le hic, c’est qu’on a tous besoin de s'épanouir professionnellement. C’est tellement important. 

Le droit de se tromper contribue aussi au développement personnel du fait que nous tirons des leçons de nos erreurs. Dans une culture du droit à l’erreur, l’employé qui prend une mauvaise décision se sent en confiance. Il parle de son erreur et ne cherche pas à la cacher. Le collectif l’aide alors à trouver des solutions, sachant que la prochaine fois, c’est peut-être l’un d’entre eux qui se trompera. Le droit à l'erreur déclenche ainsi un mouvement d’entraide, de collaboration, de partage et d’apprentissage qui développe la cohésion des équipes et tend vers l’organisation apprenante. 

Mon expérience

Assumer sa culture

En 2018, l’entreprise pour laquelle je travaillais comptait 180 employés, avait une culture forte et des ambitions grandes comme la terre! Lors de ma première semaine en poste, un gestionnaire est venu me consulter concernant une situation. Du haut de mes 15 ans d’expérience, je lui ai expliqué quoi faire. Ce n’est que plus tard, suite à une plainte, que j’ai appris que le gestionnaire en question n’avait pas mis en pratique ma recommandation. 

J’étais bouleversé. Je ne comprenais pas pourquoi on permettait à tout un chacun de prendre une décision même s’il était évident que ce n’était pas la bonne. On m'a répondu : « Ça fait partie de notre culture, certaines personnes n’apprennent qu’en essayant. » 

Dans les mois suivants, j’ai travaillé sur moi-même pour déconstruire ma façon de voir les choses. Je suis passé d’un rôle décisionnel d’expert-conseil à celui de consultant. Aujourd’hui, après plus de 4 ans dans l’organisation, je peux dire que je ne me passerais plus du « droit à l’erreur ». J’ai appris qu’il faut accepter que les gens fassent des erreurs, même celles qui auraient pu être évitées. C’est l’apprentissage, et c’est ce qu’on en fait qui est important.  

En tant que gestionnaire

Le premier pas que j’ai fait pour encourager le droit à l’erreur a été de reconnaître mes propres erreurs face à mon équipe. Selon moi, c’est un gage de sincérité et d’authenticité qui permet en outre de donner l’exemple. J’aime la relation d’égal et égal que cela crée. Je ne me sens pas jugé par mon équipe, bien au contraire, nous avons une relation de confiance et de proximité. On se challenge mutuellement, et cela me fait énormément grandir non seulement comme gestionnaire, mais aussi comme personne. Je prends une posture de ressource au service de l’équipe. Naturellement, la pyramide s’est inversée et maintenant nous sommes tous au service du projet ressources humaines de l’organisation.

J’utilise les erreurs pour travailler collectivement sur des solutions. Le droit à l’erreur me permet de tester plein de choses, et je me sens en confiance avec mon équipe pour le faire. 

Mais il ne faut pas oublier la notion de responsabilité! Nous avons mis en place des mécanismes responsabilisants tel l’advice process, qui recommande de demander l’avis des gens impactés avant de prendre une décision. Cela permet d’aller chercher l’information nécessaire auprès des bonnes personnes pour prendre les bonnes décisions de façon responsable. 

Accordez-vous le droit de faire des erreurs. Car après tout, qui ne risque rien n’a rien!