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Une expérience employé modernisée

S’il y a certaines tendances dans le domaine, il n’y a toutefois pas de recette magique. Chaque organisation doit se demander ce qu’elle peut améliorer pour être réellement un bon employeur.
15 septembre 2022
Anne-Marie Tremblay

Dans le domaine de l’immobilier, le critère le plus important se résume en trois mots « localisation, localisation, localisation ». Du côté de l’expérience employé, c’est plutôt « flexibilité, flexibilité, flexibilité ». Une tendance à ne pas négliger pour attirer et conserver la main-d’œuvre dans un contexte de guerre de talents.

C’est cette image qu’utilise Joëlle Charpentier, CRHA, présidente de Charpentier DO, pour illustrer le courant actuel en matière d’expérience employé. Selon ce concept, inspiré de l’expérience client, il faut s’assurer que le personnel se sent bien, de leur premier à leur dernier jour de travail, résume-t-elle. « Alors qu’on vit dans un monde diversifié, les gens sont très connectés sur leurs besoins, qui varient d’une personne à l’autre, note-t-elle. Si bien que la plus récente tendance, c’est d’adopter une approche personnalisée. »

Ce qui ne signifie pas qu’il faut proposer une expérience unique à chaque employé, nuance Joëlle Charpentier. « Mais dans toutes les sphères du possible, on peut offrir différents scénarios, différentes options. » Peut-on gérer des horaires flexibles, créer une plateforme de formation avec des parcours adaptables, permettre le télétravail ou redessiner les espaces de bureau en fonction des besoins des équipes?  

La consultante donne aussi l’exemple de l’intégration des nouvelles recrues, qui pourrait être modulable selon le profil du travailleur. « Certaines personnes ont besoin d’être dans l’action alors que d’autres préfèrent avoir un portrait complet de la situation avant de se lancer. On pourrait demander au premier de participer à un petit projet avec de la rétroaction et à l’autre de commencer par jouer le rôle d’observateur. »

Réflexion en profondeur

S’il y a certaines tendances dans le domaine, il n’y a pas de recette magique. Chaque organisation doit se demander ce qu’elle peut améliorer pour être réellement un bon employeur. « On parle de ce concept depuis plusieurs années, mais on a encore beaucoup de profondeur à se donner, observe la CRHA. Je suggère aux PME de retourner au cœur de leurs actions, de réfléchir à la raison d’être de leur organisation. Le comité de direction doit avoir des discussions de fond, s’interroger sur ce que l’organisation veut laisser comme empreinte, sur la portée sociale qu’on désire avoir. Cela permet non seulement d’attirer et de retenir les employés pour les bonnes raisons, mais aussi d’être cohérent au jour le jour. »

En effet, l’expérience employé repose certes sur les processus d’accueil et d’intégration des travailleurs, mais pas seulement, atteste France Dufresne, CRIA, leader de marché pour le Canada, expérience employé, chez WTW. À travers différentes études, cette firme d’envergure mondiale a défini les ingrédients clés pour une expérience employé réussie, soit la reconnaissance et la rémunération, le fait de proposer un travail intéressant, les liens entre les membres de l’équipe ainsi que la raison d’être de l’entreprise, explique-t-elle.

C’est à la lumière de ces critères qu’elle suggère de réfléchir au quotidien de ses troupes pour le bonifier. « Autrement dit, il faut déterminer ce qui nous distingue, souligne France Dufresne. Par exemple, pourquoi un mécanicien choisirait-il de travailler dans un garage plutôt qu’un autre? » Cela peut être aussi simple que d’offrir un environnement de travail plus propre, d’éliminer les « punch » ou encore de partager certaines tâches plus ingrates entre plusieurs travailleurs. « Souvent, les employés ont des idées très intéressantes pour améliorer leur vie au travail, et ce n’est pas nécessairement cher », ajoute-t-elle.

À la portée de tous

De simples gestes suffisent souvent pour enrichir le quotidien des travailleurs. Joëlle Charpentier se rappelle une entreprise spécialisée en montage de lignes de Jonquière. « Chaque matin, les employés sont invités à remplir une charte des émotions. Au début, ils n’étaient pas vraiment à l’aise. Grâce à cet outil, ils ont appris à nommer leurs émotions et prennent soin les uns des autres. » Si l’un des monteurs n’a pas dormi de la nuit ou file un mauvais coton, un autre prendra sa place en haut de la nacelle.

Une approche à la portée des PME, qui sont souvent plus agiles pour amorcer des changements et se montrent très inventives, constate Joëlle Charpentier. Sans compter qu’elles ne peuvent pas se reposer sur leur notoriété pour gagner la guerre des talents. « Au fond, il faut se demander comment je veux que les employés se sentent dans mon organisation, résume-t-elle. Est-ce que je veux qu’ils se sentent épanouis, respectés, soutenus, en confiance? Ensuite, il faut avoir la volonté d’intégrer cette fameuse flexibilité, de poser des gestes pour que les employés vivent réellement une belle expérience chez nous. »

Anne-Marie Tremblay est journaliste à l’agence 37e AVENUE.