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Plainte de harcèlement d’une stagiaire rejetée

Une étudiante en soins infirmiers n'a pas été retirée d'un stage pour avoir réclamé un milieu exempt de harcèlement, mais bien parce que son attitude envers les autres étudiants et les enseignants entraînait des conflits et mettait à risque la qualité des soins aux patients; la plainte (art. 20 de la Loi visant à assurer la protection des stagiaires en milieu de travail) est rejetée.
23 juillet 2025

Intitulé

Bouchard c. Collège d'enseignement général et professionnel de Ste-Foy, 2025 QCTAT 1201

Juridiction

Tribunal administratif du travail, Division des relations du travail (T.A.T.), Québec

Type d'action

Plainte en vertu de l'article 20 de la Loi visant à assurer la protection des stagiaires en milieu de travail — rejetée.

Décision de

Myriam Bédard, juge administrative

Date

20 mars 2025


Décision

La plaignante était inscrite au programme technique en soins infirmiers du Cégep de Sainte-Foy — elle reproche au Cégep d'avoir mis fin à son stage en médecine parce qu'elle a réclamé un milieu exempt de harcèlement à son égard — lors de son stage précédent en chirurgie, la plaignante s'était disputée avec l'étudiante à laquelle elle était jumelée — elle prétend que celle-ci a entraîné d'autres camarades de classe dans le conflit, et ce, sans que l'enseignante qu'elle a informée de la situation intervienne — la plaignante a écrit au directeur adjoint aux études pour l'informer que son stage ne se déroulait pas très bien et pour dénoncer le conflit avec l'étudiante — elle a reçu une évaluation généralement positive dans le cadre de son stage en chirurgie, mais elle a compris qu'elle devait améliorer son attitude — le troisième jour de son stage en médecine, elle a reproché à la même étudiante de manquer d'hygiène — après avoir présenté les difficultés vécues avec la plaignante lors d'une réunion, les 2 enseignantes responsables de stage ont consulté le directeur adjoint — il a alors été décidé que la plaignante serait retirée de son stage en médecine — cette dernière a demandé au directeur adjoint quels étaient ses recours à l'encontre du harcèlement subi et si elle pouvait changer de groupe et terminer son stage — quelques jours plus tard, le Cégep lui a transmis une lettre l'informant de son retrait définitif du stage — le Tribunal conclut que la plaignante bénéficie de la présomption légale applicable par l'effet de l'article 30 de la loi — les motifs ayant poussé le Cégep à retirer la plaignante de son stage étaient essentiellement liés à son attitude — cette dernière refusait de recevoir les critiques et les commentaires qui lui auraient permis de progresser et multipliait les excuses — elle ne parvenait pas à s'intégrer à son groupe, notamment en raison des critiques constantes, et parfois virulentes, qu'elle adressait aux autres, lesquels lui paraissaient comme des empêchements à sa progression professionnelle — elle réclamait la cessation du harcèlement qu'elle alléguait subir tout en rejetant la responsabilité sur les autres étudiants et les enseignants — ce type de comportement belliqueux et imprévisible qui entraîne des conflits est problématique en milieu hospitalier et met à risque la qualité des soins fournis aux patients — le Cégep doit s'assurer de la sécurité des patients qui interagissent avec les stagiaires dont ils ont la responsabilité — dans les circonstances du présent dossier, le Cégep ne pouvait assurer ce caractère sécuritaire — il s'agissait d'une cause réelle et sérieuse pour mettre fin au stage de la plaignante — le Cégep a repoussé la présomption.