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Des accommodements qui constituent une contrainte excessive

Les accommodements requis afin que le travailleur puisse conserver un emploi au service des travaux publics chez l'employeur constituent une contrainte excessive; il n'existe que 10 postes de «col bleu» au sein de la petite municipalité et il n'est pas possible de garantir un emploi à temps plein consacré exclusivement à la conduite de camions, car les travailleurs doivent être polyvalents.
29 juillet 2024

Intitulé

Rousseau et Municipalité de Grenville-sur-la-Rouge, 2024 QCTAT 1665

Juridiction

Tribunal administratif du travail, Division de la santé et de la sécurité du travail (T.A.T.), Laurentides

Type d'action

Contestation par le travailleur d'une décision relative à l'emploi convenable. Contestation rejetée.

Décision de

Martine Desroches, juge administrative

Date

9 mai 2024


Le travailleur, un journalier, a subi une lésion professionnelle ayant entraîné une atteinte permanente et des limitations fonctionnelles. La CNESST a déterminé qu'il n'existait aucun emploi convenable disponible chez l'employeur et qu'aucun accommodement ne permettrait de rendre convenable un emploi chez ce dernier. Le travailleur prétend que l'employeur est en mesure de lui offrir l'emploi convenable de chauffeur de camion classe 3 pour lequel une formation a été autorisée par la CNESST.

Décision

Les démarches de la CNESST n'ont pas été que théoriques; une réelle évaluation des différents postes et une analyse de réintégration ont été réalisées. La mise en place du processus de formation qui devait bonifier la capacité et la polyvalence du travailleur n'a pas permis d'atteindre cet objectif, et la CNESST a finalement dû déterminer un emploi convenable ailleurs sur le marché du travail. La jurisprudence a établi que l'obligation d'accommodement est une obligation variable en fonction du contexte particulier du milieu de travail et des besoins particuliers du travailleur handicapé. En l'espèce, bien que l'employeur ait collaboré activement à la recherche d'une solution, la réintégration du travailleur au service des travaux publics de la Municipalité n'est pas possible. L'employeur a fait la preuve d'une contrainte excessive. Il n'existe que 10 postes de «col bleu» au sein de la Municipalité et les travailleurs doivent être polyvalents, car ils peuvent être assignés à différentes tâches selon les besoins quotidiens. Il n'est pas possible de garantir un emploi à temps plein consacré exclusivement à la conduite de camions, d'autant moins que le travailleur a une capacité de conduire restreinte à certains types de camions, ce que les évaluations ergonomiques requises par la CNESST ont validé. Aucun autre emploi au sein de la Municipalité ne peut être qualifié de convenable, compte tenu des compétences professionnelles du travailleur.