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Immunité des représentants syndicaux

Dans un contexte où l'employeur avait piégé le plaignant en le convoquant à une rencontre disciplinaire afin de sanctionner ses activités syndicales, la réaction vive qu'a eue celui-ci est protégée par l'immunité relative dont disposent les représentants syndicaux.
30 janvier 2024

Parties

Carrier c. Ministère de la Sécurité publique

Juridiction

Tribunal administratif du travail, Division des relations du travail (T.A.T.), Gaspésie--Îles-de-la-Madeleine, Bas-Saint-Laurent et Côte-Nord

Type d'action

Plainte en vertu de l'article 15 du Code du travail pour pratique interdite — accueillie.

Décision de

Daniel Blouin, juge administratif

Date

24 octobre 2023


Décision

Le plaignant, qui occupait le poste d'agent des services correctionnels, soutient avoir été suspendu en raison de ses activités à titre de président du syndicat — l'employeur lui reproche plutôt d'avoir fait usage d'un langage et d'un comportement inappropriés à l'égard d'un gestionnaire lors d'une rencontre disciplinaire — le plaignant bénéficie de la présomption légale — par ailleurs, si ce dernier a été convoqué à la rencontre en sa qualité de salarié, il est manifeste que l'employeur a emprunté la voie disciplinaire pour réprimer la façon dont il s'était acquitté de ses fonctions syndicales — l'employeur a eu recours au mauvais véhicule procédural pour faire valoir ses récriminations — si un employeur juge nécessaire d'intervenir relativement à la conduite d'un représentant syndical, il doit s'adresser au syndicat et non le punir à titre de salarié — dans ce contexte, le plaignant bénéficiait de l'immunité des représentants syndicaux — comme il s'agit d'une immunité relative, il convient de déterminer si sa conduite en dépassait les limites — les propos considérés comme de l'incivilité, de l'impolitesse ou de l'irrespect cessent d'être couverts par l'immunité des représentants syndicaux lorsqu'ils deviennent excessifs, intimidants, menaçants ou clairement vexatoires — en l'espèce, la réaction du plaignant était vive, mais elle s'expliquait par les circonstances dans lesquelles celui-ci était placé — il a réagi émotivement parce qu'il s'est senti piégé — il savait pertinemment que la démarche de l'employeur était un leurre visant à miner son travail de représentant syndical — or, un représentant syndical doit bénéficier de l'immunité afin d'être à l'abri de ce type de manoeuvre — l'employeur n'a pas réussi à repousser la présomption — la suspension est annulée.