Comme partout dans le monde industrialisé, les relations du travail au Québec sont caractérisées par une tendance lourde vers la pacification. Globalement moins fréquents, les conflits industriels qui ont lieu impliquent moins de travailleurs, durent plus longtemps et les lock-out prennent plus d’ampleur alors que les employeurs cherchent à consolider des gains dans un contexte défavorable au pouvoir syndical.
La pandémie de COVID-19 a vu diminuer la fréquence des conflits de travail, qui étaient auparavant en augmentation. En ce sens, elle a marqué une sorte de pause. Mais en sortant de la pandémie, on observe une reprise de l’augmentation des conflits de travail, ce qui suggère par ailleurs une reprise du conflit industriel.
C’est le cas en France, au Royaume-Uni, en Australie et, dans une moindre mesure, aux États-Unis. Est-ce qu’une hausse comparable a également lieu au Québec? Les conditions sont propices : à une pénurie de main-d’œuvre (aggravée par le retrait de nombreux travailleurs du marché du travail) et à un taux d’inflation obstinément élevé s’ajoutent la frustration des travailleurs face à une surcharge de travail, un manque de flexibilité quant à la conciliation travail-famille et la question pérenne des salaires qui stagnent.
Cette conférence jette un regard d’abord théorique sur les déterminants des conflits industriels pour ensuite traiter des données empiriques au Québec et à l’étranger. Nous aborderons les principaux enjeux qui animent les conflits actuels et ceux qui nous attendent dans un avenir proche.